Ce nouveau gouvernement comprendra des représentants des différentes régions libyennes», a annoncé, lors d’une conférence de presse, Mahmoud Jibril, qui fait office de «Premier ministre» du CNT.
«Des rebelles combattent encore sur les fronts», a-t-il cependant rappelé, en référence en particulier à Bani Walid (170 km au sud-est de Tripoli) et à Syrte (360 km à l’est de la capitale), où se retranchent encore des fidèles de l’ancien régime. Selon lui, le prochain gouvernement sera chargé d’appliquer les décisions du CNT, et un autre gouvernement sera formé après la libération totale de la Libye. Mahmoud Jibril s’est félicité de la «libération de Tripoli sans effusion de sang».
«On s’attendait à un bain de sang mais cela a été évité grâce à la maturité des révolutionnaires qui ont su sécuriser la capitale», a-t-il dit. Sur le terrain, les rebelles faisaient face à une forte résistance, près de Bani Walid, des troupes restées fidèles au leader déchu Mouammar Kadhafi.
Près de 48 heures après la fin de l’ultimatum fixé aux pro-Kadhafi pour déposer les armes, les forces du CNT, issu de la rébellion, n’ont encore lancé aucune offensive d’envergure, mais des combats ont eu lieu, hier, à Bani Walid (170 km au sud-est de Tripoli). Au poste médical de Ouichtata, un village proche, une journaliste de l’AFP a vu trois morts. Un chirurgien dans un hôpital de campagne proche a affirmé avoir reçu 10 morts et 20 blessés.
Toutefois la grande offensive se fait toujours attendre. «Nous sommes toujours en stand-by, nous attendons les ordres», souligne le commandant Atiya Ali Tarhouni. «Bani Walid est plein d’armes, chaque maison en a. Il y a des tireurs embusqués partout qui nous empêchent d’avancer», a raconté un combattant. Il y a aussi des faits de «trahison», «des gens prétendant être avec les révolutionnaires mais en fait ils sont avec Kadhafi». Ces accusations de «trahison» se sont répandues comme une traînée de poudre parmi les combattants, créant des tensions surtout après que certains eurent découvert qu’un des blessés avait été touché par une balle tirée dans son dos. Hier, une radio pro-Kadhafi de Bani Walid a appelé les habitants à la résistance, diffusant en boucle le même message : «Ils viennent pour nous tuer. Ils veulent répandre la corruption et la destruction. Allez-y aujourd’hui, aujourd’hui, aujourd’hui. Maintenant que vous êtes armés, il n’y a pas d’excuses. C’est l’heure du jihad.» Sur le front ouest de Syrte, à 370 km à l’est de Tripoli, des centaines de combattants bien armés venus avec 200 pick-up de Misrata, plus à l’ouest, ont commencé à marcher vers cette région natale de Mouammar Kadhafi, selon un journaliste de l’AFP.
Sur le front est de Syrte, les combattants pro-CNT étaient encore à une soixantaine de km de la ville et n’avançaient que par sauts de puce. Après l’échec de négociations en vue d’une reddition pacifique des bastions pro-Kadhafi comme Bani Walid, Syrte et Sebha (centre), le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, a donné samedi le feu vert aux combattants pour lancer leur offensive au moment qu’ils jugeront opportun.
R. I. / Agences
Saadi Kadhafi au Niger
Saadi Kadhafi, un des fils du colonel Mouammar Kadhafi, est arrivé, hier, au Niger. Ancien footballeur qui a aussi dirigé une unité d’élite de l’armée, Saadi, 38 ans, se trouvait dans un convoi intercepté hier par l’armée nigérienne dans le nord du pays, a annoncé le ministre nigérien de la Justice, Marou Amadou. «Au moment où je vous parle le convoi fait route vers Agadez (nord Niger). Il n’est pas exclu que le convoi arrive d’ici à demain (ce lundi) à Niamey, la capitale du pays», a-t-il ajouté. Des proches de Mouammar Kadhafi et d’anciens généraux ont déjà trouvé refuge au Niger, qui a cependant assuré qu’il respecterait ses engagements auprès de la justice internationale si des Libyens recherchés se trouvaient sur son sol. D’autres proches du dirigeant en fuite pourraient se trouver à Bani Walid, dans le désert à 170 km au sud-est de Tripoli, où les combattants pro-CNT ont