Libye,Les rebelles traquent toujours Kadhafi

Libye,Les rebelles traquent toujours Kadhafi
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Malgré la prise du QG de Kadhafi, les rebelles n’ont toujours pas mis la main sur le dirigeant libyen qui refuse toujours de céder. Ce dernier, provocateur, serait dans la capitale libyenne et s’est dit dans un enregistrement sonore prêt «à nettoyer Tripoli des rats».

Des combats nourris ont éclaté hier dans le secteur du QG de Mouammar Kadhafi tombé aux mains des rebelles, tout près de l’hôtel Rixos dont le contrôle a été repris par les forces pro-Kadhafi, où sont bloqués depuis 4 jours quelque 30 journalistes étrangers privés de nourritures et d’eau.

Les combats faisaient rage à la mi-journée dans le quartier de Bab al-Aziziya, qui abrite le QG, et dans le quartier voisin d’Abou Slim, fief des troupes fidèles au régime, selon un journaliste de l’AFP sur place. Des combattants ont toutefois indiqué procéder à une manœuvre pour tenter de prendre les pro-Kadhafi à revers, dans ce secteur proche de l’hôtel Rixos. De nombreuses rues du centre de Tripoli étaient désertes en raison de «dizaines» de snipers loyalistes disséminés dans la ville, selon la rébellion.

Des check-points ont été mis en place dans la capitale par la rébellion. Outre la prise d’Abou Slim, la sécurisation de la route d’accès à l’aéroport restait une priorité pour les rebelles. Deux puissantes explosions, vraisemblablement dues à un bombardement aérien, ont retenti dans Tripoli tôt le matin alors qu’un avion de l’Otan survolait la capitale libyenne.

LG Algérie

La traque pour tenter de mettre la main sur lui se poursuit. Les rebelles qui s’étaient emparés mardi de l’imposante caserne du colonel à Tripoli, dans le quartier de Bab al-Aziziah, affirment qu’ils offriront l’amnistie à quiconque arrêtera ou tuera Mouammar Kadhafi.

400 morts et 2000 blessés depuis samedi

Les combats ont fait plus de 400 morts et 2000 blessés depuis l’assaut de Tripoli lancé samedi par les rebelles, et près de 600 soldats partisans de Kadhafi y ont été capturés, a déclaré le chef du conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil.

A Benghazi, la «capitale» des insurgés, où la chute du QG a également été célébrée, il a par ailleurs assuré lors d’une conférence de presse que «le transfert (du CNT) à Tripoli est pour bientôt». Sur le front Est, les rebelles continuent de resserrer leur étau sur Syrte, ville d’origine de M. Kadhafi, en faisant un bond de 80 km vers Syrte et se sont emparés du port pétrolier de Ras Lanouf, à 130 kilomètres à l’est, alors que les pro-Kadafi continuent de combattre dans le secteur, selon le commandant des rebelles Fawzi Boukatif.

Le mystère reste toutefois complet autour de la localisation de Mouammar Kadhafi, qui a défié une nouvelle fois la rébellion dans un message sonore. «Je me suis promené incognito, sans que les gens me voient, et j’ai vu des jeunes prêts à défendre leur ville», a-t-il affirmé dans ce message diffusé hier par la chaîne de télévision Arrai, sans préciser de date.

Confronté depuis plus de six mois à une révolte qui s’est transformée en guerre civile, Kadhafi a de nouveau appelé «les habitants de Tripoli, les tribus, les jeunes, les vieux à nettoyer Tripoli des rats», en référence aux rebelles. Quelques heures auparavant, il avait argué s’être retiré de son QG pour des «raisons tactiques».

Pour les rebelles, il serait toujours à Tripoli. Mouammar Kadhafi se trouve encore dans la capitale libyenne et des affrontements ont lieu dans un quartier du sud où il pourrait avoir trouvé refuge, a déclaré à Reuters un représentant des rebelles joints par téléphone. «Nous pensons que Kadhafi est encore quelque part à Tripoli. Il est probablement dans le quartier d’Al Hadhba al Khadra. Il y a des combats à Al Hadhba al Khadra», a-t-il expliqué. Les rebelles veulent le prendre vivant et le juger « avec sa bande» en Libye.

Le Nicaragua prêt à accorder l’asile à Kadhafi

Le Nicaragua a dit qu’il serait prêt à accorder l’asile à M. Kadhafi, qui voit son régime s’effriter après 42 ans au pouvoir, a indiqué mardi soir un conseiller du président nicaraguayen Daniel Ortega. «Si quelqu’un devait demander l’asile, nous devrions donner une réponse positive car ce peuple (nicaraguayen) a reçu l’asile quand nous étions assassinés par la dictature somoziste», a déclaré Bayardo Arce, conseiller pour les affaires économiques de M. Ortega. Il n’a pas cité nommément le colonel Kadhafi,

mais répondait à des journalistes qui l’interrogeaient sur des spéculations sur un possible asile accordé au leader libyen, proche du président nicaraguayen. Le président français, Nicolas Sarkozy, et son homologue américain, Barack Obama, sont convenus de «poursuivre leur effort militaire» jusqu’à ce que «Kadhafi et son clan» déposent les armes. Les Etats-Unis ont aussi indiqué travailler à débloquer dans les prochains jours «entre 1 et 1,5 milliard de dollars» d’avoirs libyens gelés pour venir en aide aux rebelles.

Londres s’est aussi joint aux efforts diplomatiques visant à débloquer certains des actifs libyens gelés. Toujours réticent, le président russe Dmitri Medvedev a estimé qu’il y avait «deux pouvoirs» en Libye et jugé des négociations nécessaires. Mais il a dit que Moscou serait prêt à établir des relations avec les rebelles s’ils parvenaient à unifier le pays.

L’héritier du trône de l’ex-royaume de Libye «prêt à servir son peuple»

L’héritier du trône de l’ex-royaume de Libye, Mohammed al-Senoussi, en exil depuis 23 ans, s’est déclaré «prêt à servir» son pays si le peuple le désire, dans un entretien à l’hebdomadaire allemand Die Zeit à paraître aujourd’hui.

«C’est le peuple qui doit décider», a-t-il dit, réclamant un «Etat démocratique» dans cette interview rapportée partiellement au style indirect. «Nous devons maintenant poser les fondements pour un Etat démocratique», a-t-il indiqué. «Voir le drapeau de la liberté flotter sur Tripoli me rend incroyablement heureux et fier de mon peuple», a-t-il ajouté. Al-Senoussi a déclaré avoir mené, ces derniers jours,

des discussions avec des personnalités «officielles» en France et rencontré l’ambassadeur français et britannique à Tripoli. Et il a ajouté avoir reçu «beaucoup d’invitations en provenance de Libye». Selon Al-Senoussi, la Libye ne risque pas d’être un pays indirigeable.

«Non ! La Libye n’est pas l’Afghanistan ou l’Irak ou le Yemen. Le système des clans est totalement différent. Les clans ne veulent pas le pouvoir, ils veulent une vie raisonnable», a expliqué Al Senoussi. Pour leur part, et pour afficher leur volonté de travailler pour l’avenir de la Libye, les rebelles promettent déjà «des élections législatives et présidentielles dans huit mois».

Par Saïd Mekla