Libye,Les incertitudes de l’après-Kadhafi

Libye,Les incertitudes de l’après-Kadhafi
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L’après-Gueddafi, confus, géré approximativement, sans consensus fondamental, tant au plan interne que diplomatique international, se transforme, irrémédiablement, inexorablement, chaque jour davantage en après-Libye.

Benghazi, cité ardente, la plus rebelle contre Tripoli la gueddafienne, opère une véritable descente punitive contre cette dernière. Les Kadhafi Eddem, la tribu majoritaire en Tripolitaine et dans le désert, sociologiquement la plus importante de l’immense territoire appelé Libye, sont sommés de rendre les armes, de se faire petits ou de… rendre gorge. Mohamed Kadhafi, fils aîné de l’auteur du Livre Vert, a semblé, pour un temps, pouvoir contenir la colère des siens en attendant une issue négociée pour le démantèlement du régime de son père. Pourtant, El Kadhafi Mohamed a lâché prise. Pris en tenailles entre les siens et les exigences immodérées, si peu réalistes, du Conseil national de transition, il ne peut pas négocier sérieusement. Les ultras de tous bords prennent, aujourd’hui, le dessus sur toutes les factions rivales en Libye. La composite coalition internationale qui a mobilisé contre Gueddafi (Royaume-Uni, France, USA plus les bienveillances russe, turque et chinoise) a du mal à organiser une transition acceptable. Cependant, c’est à l’Otan, alliance militaire, faut-il le relever, qu’est attribuée la mission de gestion en Libye. Toute la gestion et toute la Libye. C’est une première qui n’a jamais prévalu en ces termes. Ni en Afghanistan et pas même en ex- Yougoslavie. La grosse affaire otanesque, pourtant. A partir de Bruxelles, siège de l’essentiel des structures de l’Alliance, Rasmussen, secrétaire général, ou les chefs militaires du traité de Washington multiplient les déclarations, les oukazes, les orientations, les indications par rapport à l’ère pro-Kadhafi. L’Otan est la seule structure qui a une feuille de route concernant la Libye. Que contient-elle ? Nul ne le sait, vraiment.

Le patron exécutif de l’Otan, Rasmussen, a dévoilé une partie du plan, mais seulement une partie. Les propos «libyesques» du SG de l’Otan n’incitent pas à l’optimisme, il n’a pas évoqué la démocratie, les droits humains, la bonne gouvernance, l’alternance ou les élections libres ou transparentes. Il a seulement, et seulement, parlé d’ère nouvelle. Ce vocable peut vouloir dire tout et son contraire. Du renforcement du pouvoir central à l’éclatement du pays. Le scénario de la coupe en règle de l’ex-pays de Kadhafi est de plus en plus mis en avant. Les gorges profondes bruxelloises approchées par nos soins ont même lâché : «L’Otan prépare un casting à ce niveau.»

La mainmise de l’Otan sur la Libye après la lourde chute du guide est confirmée, si besoin est, par la réunion d’Istanbul (demain) et consacré à l’évolution de la situation en Libye. Istanbul c’est plus l’Otan que l’Union européenne, davantage USA que Vieux Continent. Le Royaume-Uni, l’Italie et la France donnent l’impression, pour le moment, d’accepter l’Alliance. L’Alliance atlantique. Que sera-t-elle devenue la Libye après la réunion dans l’ex-porte sublime, fleuron de la grandeur ottomane ? Hier, au siège de l’Otan, personne n’a pipé mot. Attendons.

LG Algérie

A. M.