Les combattants du nouveau pouvoir en Libye ont notablement progressé hier sur le front Est de Syrte, en direction de la ville natale du dirigeant déchu Mouammar Kadhafi, a-t-on appris de sources concordantes.
«A l’issue d’une journée de confrontation, nous avons progressé d’environ 8 kilomètres vers Syrte», a indiqué à l’AFP un commandant des autorités libyennes de transition, dont les combattants sont, désormais, à environ 80 km de la ville. De violents duels d’artillerie soutenus ont opposé toute la journée forces pro-Kadhafi et combattants du nouveau régime sur la ligne de front, a constaté un journaliste de l’AFP.
Les combattants pro-CNT ont également fait état de nombreuses frappes des avions de l’Otan sur les positions des pro- Kadhafi, alors que l’Alliance atlantique a concentré ses bombardements ces derniers jours autour de Syrte. Les échanges de tirs d’artillerie ont débuté dans la matinée et étaient audibles à environ cinq kilomètres en retrait des premières lignes, inaccessibles pour le moment à la presse, a-t-on constaté. Ils ont été déclenchés par une opération de reconnaissance menée à l’aube vers les lignes des forces loyales au dirigeant en fuite, a expliqué un autre commandant, Adel Semfez. Au cours de cette opération, menée par Selim Nabous, un chef militaire réputé parmi les combattants pro-CNT, un convoi pro- Kadhafi est tombé dans une embuscade et quatre véhicules ont été détruits tandis qu’un autre a été pris, selon M. Semfez. «Il s’agit d’une confrontation relativement ordinaire sur cette ligne de front», a assuré cette source, soulignant qu’il ne s’agissait pas du début de l’offensive annoncée sur Syrte, ville natale de Mouammar Kadhafi, toujours sous contrôle des forces fidèles à l’ancien régime.
Plusieurs sources au sein du nouveau pouvoir ont, cependant, affirmé que les éclaireurs de Selim Nabous avaient pu avancer jusqu’à Harawa, principale ligne de défense de l’ex-armée gouvernementale à une quarantaine de kilomètres à l’est de Syrte. Le Conseil national de transition (CNT), l’organe politique de l’ex-rébellion aujourd’hui au pouvoir à Tripoli, s’est donné jusqu’à samedi pour obtenir la reddition pacifique de la ville par la négociation. Des milliers de combattants pro-CNT ont depuis lors pris position le long de la ligne de front autour de la localité de Oum Khounfis dans l’attente de cette offensive. Aucune agitation inhabituelle n’était observée hier matin parmi ces hommes qui pourrait laisser croire au lancement d’une vaste opération dans la zone. Les escarmouches sont quotidiennes sur cette ligne de front, où un no man’s land d’environ sept à huit kilomètres séparait jusqu’à présent les belligérants.
Inquiétudes quant au sort des populations noires en Libye
Le Conseil représentatif des associations noires de France, Cran, demande, dans un communiqué rendu public hier, à être reçu dans les meilleurs délais par Sarkozy et par Juppé pour évoquer les «exactions racistes visant les populations noires», largement rapportées par la presse, alors «qu’un nouveau gouvernement libyen s’apprête à se mettre en place à Tripoli, avec le soutien de la France». Le Cran souhaite évoquer avec l’Elysée «les mesures pouvant être prises en direction des nouvelles autorités libyennes pour faire cesser ces exactions et réprimer leurs auteurs et demande, par ailleurs, qu’une enquête internationale soit ouverte sur les exactions contre les populations noires en Libye».
Khadidja Baba-Ahmed