Seif al-Islam Kadhafi, l’un des fils du dirigeant libyen, a déclaré hier que sa famille avait scellé une alliance avec les rebelles islamistes du pays pour en finir avec l’opposition laïque qui réclame le départ de son père.
Seif al-Islam Kadhafi a longtemps clamé que l’opposition était menée par les islamistes, dans une interview accordée à Tripoli au New York Times, et que les rebelles laïques «vont tous s’enfuir ou être tués». Et de lancer que son pays allait alors «ressembler à l’Arabie saoudite ou à l’Iran.
Et alors ?». Il a assuré avoir négocié un pacte avec Ali Sallabi, l’un des chefs islamistes de l’est du pays aux mains des rebelles. Ce dernier a confirmé au quotidien avoir eu des conversations avec le fils Kadhafi, sans toutefois dire que les islamistes avaient rejoint le camp du dirigeant. Les forces rebelles comptent certains islamistes, mais insistent sur le fait qu’elles sont toutes unies dans leur volonté de voir le régime céder le pouvoir à un gouvernement démocratique. Dans son interview, Seif al-Islam prétend que les islamistes sont «les véritables forces sur le terrain» et que les pays occidentaux devront venir négocier avec eux. «Je sais que ce sont des terroristes. Ils sont sanguinaires. Ils ne sont pas bons. Mais vous devez les accepter», a-t-il lancé. Par cette interview, Seif al-Islam pourrait tenter d’exploiter les récentes divisions apparues dans le camp des rebelles depuis la mort du commandant militaire du Conseil national de transition (CNT), le général Abdel Fatah Younès, dans des circonstances opaques. En effet, des associations ayant joué un rôle majeur dans la révolte ont exigé, hier, mercredi, le limogeage de plusieurs ministres du Conseil national de transition (CNT), après cet assassinat. «Nous condamnons cet acte criminel et terroriste qui (…) a eu un impact négatif sur le moral des combattants sur les lignes de front», déclare dans un communiqué la «Coalition du 17 février» qui regroupe associations et organisations sociales impliquées dans le soulèvement populaire contre le régime de Mouammar Kadhafi à Benghazi, puis dans la mise en place des institutions rebelles du CNT. La coalition exige le «limogeage» d’Ali al-Essaoui, en charge des affaires internationales au CNT, qui a paraphé la demande d’arrestation, et du juge Joummah al-Jazoui al-Obeïdi, à l’origine de cette demande. Elle demande qu’une «enquête complète et indépendante» soit menée sur leur rôle dans «l’arrestation illégale et humiliante» du général Younès. Elle exige également le limogeage du ministre de la Défense, Jalal al-Digheily, et de son vice-ministre, Fauzi Aboukatif, qui «ont choisi de voyager en dehors du pays» après avoir été informés de l’arrestation de leur chef d’état-major. Cet assassinat a suscité d’intenses spéculations sur l’identité des meurtriers, de possibles dissensions au sein de la rébellion, l’influence croissante des islamistes, ou l’existence d’une possible «cinquième colonne» derrière les lignes rebelles.
R. I. / Agences
