Alors que les spéculations vont bon train à propos du pays qui devrait incessamment accueillir le leader libyen déchu, introuvable jusqu’à maintenant, c’est Interpol qui se met de la partie en émettant une notice rouge contre Kadhafi sur instruction du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-Ocampo.
Interpol a annoncé, hier, avoir émis une «notice rouge» contre l’ex-homme fort de Libye, Mouammar Kadhafi. Des mandats d’arrêt ont également été émis contre l’un des fils de Mouammar Kadhafi, Saïf Al-Islam, et contre le chef des services secrets libyens, son beau-frère, Abdullah Al-Senoussi.
Cette notice «va restreindre significativement les possibilités pour ces trois hommes de franchir les frontières et sera un outil important pour aider à leur localisation et leur capture», a estimé dans un communiqué Ronald K. Noble, le secrétaire général de l’organisation policière internationale basée à Lyon.
Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-Ocampo avait demandé, jeudi, à Interpol de délivrer une «notice rouge» contre Mouammar Kadhafi, son fils Seif Al-Islam et son beau-frère Abdallah Al-Senoussi, qui font l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI.
«Le procureur de la Cour pénale internationale Luis Moreno-Ocampo demande à Interpol d’émettre une notice rouge pour arrêter Mouammar Kadhafi pour des crimes contre l’humanité présumés, à savoir meurtre et persécution», a indiqué le bureau du procureur dans un communiqué.
«L’arrestation de Kadhafi est une question de temps», souligne M. Moreno-Ocampo, cité dans le communiqué. Les «notices rouges» d’Interpol visent à l’arrestation provisoire de personnes recherchées en vue de leur extradition ou de leur reddition à un tribunal international sur la base d’un mandat d’arrêt ou d’une décision de
justice, rappelle le bureau du procureur de la CPI dans son communiqué. Traqué de toutes parts, Mouammar Kadhafi a démenti, jeudi dans un message sonore, s’être enfui au Niger.
Le passage lundi d’un important convoi de véhicules civils et militaires venant de Libye à Agadez, au nord du Niger, avait alimenté les spéculations sur sa fuite, avant une série de démentis. Nombreuses sont les rumeurs à avoir circulé sur son compte : il aurait trouvé refuge à Syrte, où il est né ; ou bien à Bani Walid, au sud-est de Tripoliv; ou encore dans le Sud, près de la frontière avec le Niger ou l’Algérie.
Mohammed Zawawi, porte-parole d’un groupe de forces du CNT, pense que Mouammar Kadhafi est dans la région frontalière entre la Libye et le Niger, mais qu’il est impossible qu’il s’y abrite encore longtemps. «l ne peut pas rester en Libye.
Il est fini», a-t-il affirmé à l’AFP. «Ce qu’il va faire maintenant, c’est passer dans l’un des pays africains prêts à l’accueillir.» Pour Fathi Baja, le chargé des affaires politiques du CNT, Kadhafi «est très près des frontières avec l’Algérie ou le Niger», et il est aux abois. «Kadhafi cherche un endroit où se cacher, n’importe où où il pourrait aller avec sa famille», a-t-il assuré à des journalistes. La question d’un accueil de Kadhafi, recherché par la Cour pénale internationale (CPI),
met plusieurs pays africains dans l’embarras, même ses alliés. Le Niger a indiqué ne pas s’être encore penché sur la question d’un éventuel asile, tandis que le Burkina Faso a affirmé exclure cette option pour ne pas «se mouiller et se créer des problèmes».
L’ex-dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, en fuite, «évitera» de franchir la frontière tchadienne, en raison de la présence militaire française dans le pays, a estimé un haut responsable du ministère des Affaires étrangères à l’AFP jeudi. Interrogé sur la position du Tchad si M. Kadhafi demandait l’asile, ce haut responsable, qui a souhaité rester anonyme, a estimé :
«Ce qui est sûr, c’est que Kadhafi lui-même évitera le Tchad à cause de la présence de l’armée française au Tchad, donc ce n’est pas évident qu’il vienne au Tchad» qui a, rappelons-le, reconnu le CNT.
De son côté l’Afrique du Sud, citée dans les rumeurs faisant état de passage d’armes chinoises pour la Libye via son territoire, a tenu à réitérer jeudi son attachement à la «feuille de route» élaborée par l’Union africaine (UA) en juillet dernier pour mettre fin au conflit en Libye, a-t-on indiqué de source officielle.
Selon un communiqué du Conseil des ministres, le gouvernement sud-africain «a reconfirmé son attachement à la feuille de route de l’UA, qui est la meilleure option pour trouver une solution au conflit en Libye».
Cette feuille de route «devrait conduire à (la formation) d’un gouvernement» intérimaire comprenant toutes les parties», affirme le Conseil des ministres dans ce communiqué. L’Afrique du Sud refuse toujours de reconnaître le Conseil national de transition (CNT), l’organe de la rébellion libyenne.
L’OTAN poursuivra sa mission «tant qu’il y aura une menace de Kadhafi»
Pour ce qui est de l’engagement de l’OTAN dans le conflit libyen, c’est la poursuite des frappes tant qu’il y a menace de Kadhafi.
Les opérations de l’OTAN en Libye «se poursuivront tant que subsistera une menace et pas une minute de plus», a déclaré M. Rasmussen lors d’une conférence de presse à l’issue d’une rencontre avec le ministre des Affaires étrangères portugais Paulo Portas. «Nous ne savons rien sur la localisation de Kadhafi», a affirmé un peu plus tard le responsable de l’OTAN à l’issue d’une rencontre avec le ministre de la Défense José Aguiar Branco. «Kadhafi n’est pas la cible de notre opération.
Nous sommes là-bas et resterons pour protéger des civils», a-t-il fait valoir, précisant que l’OTAN prendra une décision «une fois que le Conseil national de transition sera en mesure d’assurer la sécurité des civils». Par ailleurs, «nous prendrons, également, en compte d’autres décisions qui seront éventuellement prises par le Conseil de sécurité des Nations Unies», a-t-il dit.
Les déclarations de M. Rasmussen interviennent alors que Kadhafi a une nouvelle fois appelé à «intensifier les attaques», dans un message audio-diffusé par une télévision arabe basée à Damas, dans lequel il a démenti s’être enfui au Niger. Sur le terrain, l’on apprend que des soldats fidèles au dirigeant libyen ont lancé, hier, une contre-attaque dans la Vallée rouge, à une soixantaine de kilomètres à l’est de la ville de Syrte.
Les combattants pro-Kadhafi ont attaqué par des tirs à la roquette et aux obus de mortier, ainsi qu’au sol, à pied dans les dunes, à la fois la route principale et le désert alentour.
La Vallée rouge, prise hier par les forces du nouveau régime, constituait l’une des principales lignes de défense des partisans du colonel Kadhafi avant leur fief de Syrte. Le Conseil national de transition (CNT), issu de la rébellion, avait annoncé jeudi la prise de la Vallée rouge, en préparation d’éventuels assauts contre des bastions pro-Kadhafi, en particulier celui de Syrte, qui ont jusqu’à aujourd’hui pour déposer les armes.
Kadhafi a vendu 20% des réserves en or de la Libye avant sa fuite
L’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a vendu plus de 20 % des réserves en or du pays au cours des derniers jours du régime, a annoncé, jeudi, le gouverneur de la Banque centrale libyenne, Qassem Azzoz. D’après lui, environ 29 tonnes, soit 1,7 milliard de dinars (980 millions d’euros), ont été «liquidées pour payer les salaires et disposer de liquidités, en particulier à Tripoli».
Selon des responsables de la Banque centrale, l’or est vraisemblablement sorti du pays notamment vers la Tunisie voisine. Même si le solde des avoirs libyens reste positif avec un montant total détenu par la Banque centrale s’élevant désormais à 115 milliards de dollars, dont 90 sont à l’étranger, plusieurs milliards n’apparaissent pas dans les comptes, selon Qassem Azzoz. «Aucun avoir de la Banque centrale n’a été volé, que ce soit l’or ou autre chose. Seule une partie de la réserve d’or a été liquidée, a-t-il dit.
Le régime de Kadhafi avait la réputation de détenir des montants importants hors du système bancaire, dont on n’a pas de trace, et ils peuvent avoir été concernés par des mouvements.» Le gouverneur de la Banque centrale libyenne a assuré qu’il allait traquer les avoirs libyens «pays par pays, banque par banque, compte par compte», en reprenant la formule de Mouammar Kadhafi, qui a promis de pourchasser ses opposants «rue par rue, impasse par impasse et maison par maison».
S. M. /Agences