L’instauration d’une zone d’exclusion aérienne en Libye est du ressort du Conseil de sécurité, estime le ministre des Affaires étrangères algérien.
Mourad Medelci a souligné lors de la réunion extraordinaire du Conseil ministériel de la Ligue, que cette mesure «ne peut et ne saurait être prise en dehors du cadre du Conseil de sécurité et conformément aux mécanismes et mesures de la Charte des Nations unies».
Le Conseil de sécurité, a-t-il rappelé, avait affirmé dans sa résolution 1970 du 26 février 2011, qu’il «mesurait sa responsabilité principale en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales».
Dans une interview publiée dans le quotidien français ‘Le Monde’, le chef de la diplomatie algérienne a souligné que l’Algérie s’opposait en outre à toute intervention étrangère mais qu’elle n’avait pas évidemment la décision dans ce domaine.
«Nous sommes contre l’ingérence étrangère mais nous ne sommes pas seuls et je peux comprendre que les messages de la communauté internationale deviennent de plus en plus fermes», a-t-il dit. «Si la situation devait durer, on sait très bien qu’à un moment ou à un autre, le Conseil de sécurité prendrait des décisions», a-t-il poursuivi, suggérant de laisser au Conseil «l’appréciation de la situation». Outre l’Algérie, la Syrie avait, elle aussi, exprimé des réserves concernant la zone d’exclusion aérienne. Damas craint qu’une décision en faveur d’une telle zone en Libye n’ouvre la voie à une intervention militaire étrangère. Pour la Ligue arabe qui a appelé, hier, samedi, le Conseil de sécurité de l’ONU à autoriser la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne en Libye, le régime de Mouammar Kadhafi avait «perdu sa légitimité» du fait des «violations dangereuses» commises contre son peuple. Réunis au Caire, les ministres des Affaires étrangères et représentants des membres de la Ligue arabe ont également jugé nécessaire de coopérer avec le Conseil national de transition (CNT) créé par l’opposition libyenne, et d’assurer la protection du peuple libyen.
Les ministres arabes ont «décidé de coopérer et de communiquer avec le Conseil national de transition libyen et d’assurer un soutien immédiat et continu au peuple libyen face aux dangereuses violations et aux crimes des autorités libyennes, lui faisant perdre leur légitimité».
Ils ont appelé «le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités face à la détérioration de la situation en Libye et à prendre les mesures nécessaires pour l’instauration immédiate d’une zone d’exclusion aérienne visant le trafic aérien militaire libyen», dans un communiqué au terme de leur rencontre. Pour le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, cette «coopération» équivaut à une reconnaissance du CNT.
Juste avant cette réunion de crise, le CNT avait demandé à la Ligue de le reconnaître en tant que représentant de la Libye et de donner son accord à une zone d’exclusion aérienne. Dans une interview à l’hebdomadaire allemand ‘Der Spiegel’, Amr Moussa avait plaidé pour une telle mesure et souhaité que la Ligue «joue un rôle» dans la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne.