Coup de tonnerre dans le ciel libyen malheureusement peu serein : l’annonce de la démission du Premier ministre du gouvernement en exil de Tobrouk, Abdallah al-Theni, a jeté un voile ombrageux sur les promesses de paix de Genève.
Alors que l’envoyé spécial de l’ONU en Libye, Bernardino Leon, se consacre corps et âme à parfaire un accord pour un gouvernement d’union nationale, la sortie tonitruante d’Abdallah Al-Theni a grandement surpris.
Lors d’un talk show télévisé sur la chaîne « Libya Channel », il a finalement cédé sous le feu roulant des critiques des téléspectateurs mettant en cause les défaillances de son gouvernement, jugé incapable de satisfaire les besoins de base, comme l’électricité et de mettre fin à l’insécurité.
Sous pression, le Premier ministre libyen a privilégié la « démission en direct » que le recours à la voie légale du parlement qui sera officiellement saisi dimanche prochain.
« Si ma démission est la solution, alors je l’annonce ici », a martelé le Premier ministre, rééditant le scénario du départ évoqué une première fois en mars avril 2014, un mois seulement après son accession à la tête du gouvernement en raison des attaques menées contre sa famille.
Serait-ce alors un coup de gueule sans lendemain ? Son porte-parole, Hatem al-Arabi, a voulu atténuer la portée d’une déclaration qui ne traduit aucunement une officialisation de la démission. « Il a dit dans l’émission qu’il démissionnerait si la rue le réclamait.
Une démission doit être remise par écrit à la Chambre des représentants qui peut l’accepter ou la rejeter », a-t-il martelé. La Libye, qui place tous ses espoirs de paix et de réconciliation dans le dialogue inclusif, n’a nullement besoin de nouvelles fractures qui viendraient se greffer à la bipolarité de toutes les divergences et le péril de Daech aux portes de Tripoli.
A l’heure de la quête résolue de la communauté internationale d’un consensus massif, la main tendue des détenteurs du gouvernement de fait de Tripoli et du gouvernement légal et légitime de Tobrouk doit nécessairement emprunter le chemin du dialogue réussi lors des ateliers d’Alger par la classe politique et les représentants de la société civile.
Cette exigence a été grandement exprimée lors de la première journée des pourparlers par l’envoyé spécial de l’Onu pour la Libye, Bernardino Leon. Un objectif central se dessine : l’avènement d’un gouvernement d’Union nationale avant la tenue de l’assemblée générale de l’Onu.
L’option a été confirmée par le président du parti du Front national libyen, Mohammad Ali Abdullah Addarrat, présent aux joutes de Genève. Des réunions séparées entre l’émissaire onusien et chaque faction ont été organisés pour rapprocher les points de vue et réunir « tout le monde autour de la même table ».
La participation aux pourparlers de Genève d’une délégation du Congrès général national (CGN) qui reste le seul partenaire de l’accord du 11 juillet constitue une avancée remarquable.
A l’ouverture des travaux, l’envoyé de l’Onu a émis le souhait que « tous les acteurs libyens feront preuve de sagesse », en accordant le « bénéfice du doute » au processus de négociations. Sur la base d’un « calendrier nécessairement court », la poursuite des consultations dans les trois semaines à venir vise notamment à conclure à la fin du mois d’août sur les annexes de l’accord du 11 juillet.
L’agenda onusien se décline en 4 points : le gouvernement d’union nationale en premier, les priorités de ce nouveau gouvernement en second, la composition, le fonctionnement, le budget des institutions de l’Etat libyen, en troisième place et, enfin, les arrangements de sécurité et les priorités pour les institutions économiques.
Larbi Chaabouni