Malgré les avancées des anti-Kadhafi sur le terrain, l’incertitude demeure sur le plan politique.
L’annonce d’un nouveau gouvernement de transition a été reportée sine die dimanche dernier faute d’accord sur sa composition. Reconnu par l’ONU comme représentant du peuple libyen, le CNT avait annoncé début septembre qu’il comptait diriger le pays jusqu’à l’élection d’une Assemblée constituante, avant des élections générales un an plus tard.
Mais les nouvelles autorités doivent d’abord contrôler l’ensemble du territoire. Elles font encore face à une importante résistance à Bani Walid et Syrte, où les troupes fidèles à Kadhafi ont remporté d’importantes victoires, selon le porte-parole de l’ancien régime, Moussa Ibrahim.
A Bani Walid, à 170 km au sud-est de la capitale, de violents combats opposaient, hier, lundi, les forces du CNT aux partisans de Kadhafi, a indiqué Abdallah Kenchil, un responsable local des nouvelles autorités. «Les révolutionnaires sont entrés ce matin à Bani Walid et livrent une rude bataille», a-t-il déclaré, assurant que la libération de cette vaste oasis au relief accidenté serait terminée «dans les deux prochains jours». Mais sur le terrain, les combattants faisaient clairement état de leur malaise. «Certains sont énervés. Il y a une semaine, on disait qu’on allait libérer Bani Walid en quelques heures, mais c’est un front difficile avec une forte résistance et le pire c’est l’absence de coordination et d’organisation entre révolutionnaires», rapporte l’AFP sur la base de témoignages.
Selon Kenchil, des négociations sont en cours pour permettre aux civils, près de
50 000 selon lui, de quitter la ville.
Il a également répété que Seif al-Islam, un des fils du colonel Kadhafi, avait été vu à Bani Walid et que l’ancien «Guide» lui-même pourrait également s’y trouver. Mais le sort de Mouammar Kadhafi et de ses fils a déjà donné lieu à de nombreuses rumeurs. A Syrte, à 360 km à l’est de Tripoli, les pro-CNT cherchaient surtout à consolider leurs positions et à dégager les principales artères pour laisser partir les civils.
D’après un porte-parole militaire du CNT, les combats se concentraient autour du complexe de Ouagadougou, où le colonel Kadhafi tenait des sommets panafricains, qui semble devenu la nouvelle base de la célèbre 32e Brigade. Les combattants estiment que cette unité d’élite commandée par Khamis Kadhafi, un fils du dirigeant déchu dont les pro-CNT ont déjà annoncé la mort à plusieurs reprises, a été reprise par son frère Mouatassim, médecin et militaire de carrière.
Pour sa part, l’Otan a annoncé avoir mené dimanche dernier des raids sur Syrte et sur Waddan, l’une des trois villes de l’oasis de Djofra à 200 km au sud de Syrte qui, selon des commandants pro-CNT, recèle de nombreuses caches d’armes.
Cependant, selon un responsable des forces du nouveau régime dans la région, Mohamed Wardougou, les pro-CNT seraient entrés à Sebha d’où «300 mercenaires» de Kadhafi se seraient enfuis.
Ce responsable a annoncé aussi la capture du général Belgacem Al-Abaaj, ancien chef des renseignements du régime de Kadhafi dans la région.
R. I. / Agences