Libye-Sahel: Les fortes inquiétudes de Saïd Djinnit

Libye-Sahel: Les fortes inquiétudes de Saïd Djinnit
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L’Algérien, Saïd Djinnit, a réitéré depuis New York ses inquiétudes quant aux conséquences sécuritaires de la crise libyenne «qui aggravent l’instabilité chronique de la sousrégion, en particulier dans les pays du Sahel».

Saïd Djinnit qui intervenait s’exprimait lors d’une séance d’information au Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation en Afrique de l’Ouest a indiqué que lors de ses rencontres avec les présidents du Mali et du Niger, ces derniers ont souligné que leur pays respectif, déjà confronté à la sécheresse cyclique, l’insécurité alimentaire, le chômage des jeunes et l’insécurité dans les régions septentrionales, se voit imposer des problèmes engendrés par la crise libyenne, ce qui requiert une plus grande aide de la part de l’ONU.

C’est dans ce contexte que le Secrétaire général a envoyé dans la région une mission d’évaluation interagence en décembre dernier.

Devant le Conseil de sécurité, le représentant spécial du SG de l’ONU a rappelé les diverses menaces sécuritaires qui pèsent en Afrique de l’Ouest, parmi lesquelles les activités du groupe Boko Haram au Nigéria, la piraterie dans le golfe de Guinée, les conséquences de la crise libyenne, le trafic de drogues et l’instabilité liée aux élections. Saïd Djinnit a souligné que, certes, la sous-région n’a pas connu de récurrence de conflit ouvert et que les tensions liées aux crises institutionnelles ou politiques internes aux Etats ont diminué tant en nombre qu’en intensité.

De plus, a-t-il poursuivi, «certains pays de la sous-région ont organisé des élections jugées crédibles par la communauté internationale». Il a, cependant, appelé à rester vigilant car a-t-il dit, comme l’ont montré les évènements en Guinée- Bissau, «les pays de la sousrégion ne sont pas à l’abri d’incidents susceptibles de remettre en cause les progrès réalisés dans la consolidation de la paix, de la démocratie et de la stabilité », a-t-il dit.

Il a aussi craint la montée en puissance des activités du groupe Boko Haram au Nigéria. Pour Saïd Djinnit, la conduite à bonne fin des processus en cours de dialogue politique et de réconciliation nationale dans les pays de la sous-région, notamment au Togo, en Guinée et en Côte d’Ivoire, est déterminante dans la pérennisation des avancées réalisées par l’Afrique de l’Ouest.

Par ailleurs, il s’est félicité du lancement du processus de dialogue entre les principaux acteurs politiques en Guinée, en décembre dernier, après que le gouvernement ait accepté de suspendre provisoirement les activités de la Commission électorale indépendante, tel que demandé par l’opposition. «Si les pays de l’Afrique de l’Ouest ont été épargnés par les conflits et les crises violents ces derniers mois, ils ont dû faire face en revanche à la recrudescence des menaces transfrontalières», a souligné Saïd Djinnit.

Il a d’abord cité l’accroissement notable des actes de piraterie dans le golfe de Guinée qui exige de faciliter la coopération régionale à travers l’implication de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), celle des États de l’Afrique Centrale (Ceeac), la Commission du golfe de Guinée, l’ONU et la communauté internationale. Djinnit a également souligné les conséquences du trafic de drogues et de la criminalité organisée sur la stabilité sousrégionale et les institutions étatiques.

Il a appelé à une plus grande mobilisation politique et à une coopération sincère entre les pays de production, les pays de transit et les pays de destination. «L’instabilité liée aux élections constitue un autre défi majeur pour les pays de la sousrégion », a poursuivi Saïd Djinnit, en invitant à accorder une attention particulière aux processus électoraux et à leurs ramifications politiques pour la période 2012-2013.

Outre les élections législatives en Guinée, il a mentionné les scrutins présidentiels prévus au Ghana, en Guinée-Bissau, au Mali, au Sénégal et en Sierra Leone. Il s’est réjoui à cet égard de l’appropriation des recommandations de la Déclaration sur les élections et la stabilité en Afrique de l’Ouest, adoptée à l’issue de la Conférence régionale de Praia organisée par le Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest (Unowa) en mai 2011.

Il a aussi fait référence à la Déclaration de Bamako et à son cadre stratégique, adopté en décembre dernier lors de la Conférence régionale sur l’impunité, la justice et les droits de l’homme. Au vu du succès de ces deux dernières conférences, le Bureau des Nations unies entend organiser, chaque fois que de besoin, en collaboration avec la Cedeao, le système des Nations unies et d’autres partenaires, des conférences régionales sur des thématiques transversales, afin de tirer profit des expériences et des bonnes pratiques dans les États de l’Afrique de l’Ouest.

De son côté, le président de la Commission de l’UA, Jean Ping, qui ambitionne un second mandat à la tète de l’organisation panafricaine, a déclaré qu’il faut tourner la page et regarder vers l’avenir pour bâtir des relations sur de nouvelles bases avec les nouveaux dirigeants libyens.»

Ce que j’ai dit aux autorités c’est d’abord que le passé c’est le passé, quoi qu’il ait pu se passer. Il faut tourner la page et regarder vers l’avenir», a dit Ping, qui effectuait sa première visite en Libye depuis la chute du régime de Maâmmar kadhafi Ping est venu «discuter avec les autorités de l’avenir de la nouvelle Libye». «Le régime précédent avait ses méthodes, ses moyens, sa propre vision des relations avec les autres.

Le nouveau régime, me semble-t-il, souhaite avoir des relations normales et ordinaires avec ses frères africains». Il a noté que «les relations de la Libye avec les pays (africains) voisins évoluaient très vite dans le bon sens. Nous avons contribué à normaliser ces relations», a-t-il dit. M. Ping a ajouté que le Premier ministre libyen Abdel Rahim al-Kib, avec qui il s’est entretenu lundi, participerait au sommet de l’UA prévu à la fin du mois à Addis-Abeba.

Mokhtar Bendib