Il a témoigné, hier soir, la voix posée. La veille, le consul honoraire de Benghazi, dans l’Est libyen, et son épouse étaient sous le feu d’agresseurs déterminés.
Depuis des années, le docteur Jean Dufriche est médecin au Benghazi Medical Centre. «Je revenais d’une réunion de travail vers 23 heures, quand des tirs sont partis d’une voiture, blanche je crois, sur notre pare-brise, puis de côté», raconte-t-il. Il remarque un chauffeur et deux tireurs «qui ont tiré entre onze et quinze balles». Les tirs font «beaucoup de bruit». Sa femme comprend immédiatement. «Elle plonge tout de suite à l’arrière de notre voiture», se souvient-il. Musulmane, elle récite la prière des morts. «ça m’a donné une espèce de réflexe vital qui, peut-être, nous a sauvés», enchaîne le médecin. «On s’en est sortis, j’ai freiné très fort et je me suis débrouillé ensuite pour quitter très vite l’autoroute.» «Certaines balles ont traversé notre véhicule de part en part», d’autres sont restées fichées dans la carrosserie, poursuit-il, «parce qu’ils tiraient avec des revolvers et non des kalachnikovs, sinon nous ne serions pas là». Mais aucune ne les a atteints. Se sent-il miraculé ? «Un petit peu oui», répond-il dans un sourire, «la voiture est en piteux état».