Malgré tous les appels de la communauté internationale, la violence continue à Tripoli où le nouvel envoyé spécial des Nations unies, l’Espagnol Bernardino Leon, devrait se rendre le 1er septembre pour entamer des négociations pour un cessez-le-feu avec les milices qui ont réparti le pays en sept régions… militaires.
Objet des derniers combats aux roquettes Grad et à l’artillerie lourde — « les pires depuis le début des affrontements » —, le 13 juillet dernier, entre les milices rivales de Zenten (nationalistes) et Misrata (islamistes) : le contrôle de la zone entourant l’aéroport dans un premier temps, la domination de la Libye de l’après-Kadhafi dans un second temps. La Mission de l’Onu, qui a condamné le bombardement des quartiers résidentiels et qui se dit « très inquiète de la détérioration de la situation », tire la sonnette d’alarme. Et pour cause, outre les onze avions de ligne libyens qui ont disparu du tarmac, Tripoli a connu, hier, avant l’aube, les « bombardements » de deux « avions non identifiés ». Le gouvernement, qui dit « tout ignorer de l’identité des deux avions », qui ont bombardé, selon lui, des positions de miliciens en conflit dans la banlieue de la capitale, a chargé l’état-major et les renseignements militaires d’enquêter sur cette attaque.
Il demande pour la énième fois à ces parties de « cesser de se battre, d’accepter le dialogue et de se retirer de Tripoli et des autres villes libyennes ». Une certitude, ces « raids » montrent que des avions peuvent survoler Tripoli et repartir sans être inquiétés. Avec les groupes armés, ils « représentent, selon Olivier Guitta, un consultant en sécurité internationale basé à Londres, à court et moyen terme, une menace, bien plus sérieuse que celle de l’Etat islamique en Syrie et en Irak ». Croyant bien faire pour contrer les milices, le Parlement élu le 25 juin a demandé une intervention étrangère. Tollé général. Le député Aboubakar Baïra, qui s’est autoproclamé porte-parole des représentants du peuple, est monté samedi dernier au créneau pour « réexpliquer » la démarche du Parlement. « Les députés n’ont à aucun moment demandé une intervention militaire étrangère en Libye. Leur vote porte sur une assistance des Nations unies pour l’aider à protéger la population civile, victime de bombardements et de privations de toutes sortes. »
Premières fractures entre islamistes A Benghazi, les divergences entre les islamistes refont surface. Notamment, depuis samedi, quand les proches de la confrérie des Frères musulmans ont annoncé la constitution d’une choura (conseil consultatif) et leur volonté de « trouver des solutions aux problèmes » de la capitale de l’est du pays et « soutenir les forces de sécurité et la justice (…) à bannir les violences et l’extrémisme et à adopter la démocratie, le principe de l’Etat civil et l’alternance pacifique à la tête des institutions ». Les extrémistes, dont ceux d’Ansar Charia, un groupe classé comme « organisation terroriste » par Washington, ont réagi immédiatement. S’exprimant sour la « Choura des révolutionnaires de Benghazi » qu’ils ont créée le 20 juin dernier, ils affirment « ne pas reconnaître » la nouvelle entité. « Les complots comparables à ceux des débuts de la révolution ne passeront pas », préviennent-ils. « C’est le début de la dispute entre les tenants de l’islam politique et les djihadistes qui contrôlent actuellement 80% de la ville de Benghazi », estime l’analyste politique Saâd Najm. Loin de ces analystes, certains interpellent les auteurs de la guerre décidée contre Kadhafi. Ils leur rappellent que le but de celle-ci est l’établissement d’un Etat de droit à la place d’un régime dictatorial qui se fait attendre.
Djamel Boukrine