La Libye somme les pays voisins de livrer à Tripoli tous les partisans de l’ex-dictateur libyen ayant trouvé refuge dans ces États, rapportent aujourd’hui, dimanche 26 février, les médias arabes. La famille Kadhafi a trouvé refuge à Alger depuis aout 2011.
Le chef du Conseil national de transition (CNT) Moustafa Abdeljalil hausse le ton : « Si ces pays ne coopèrent pas avec nous sur cette question, leurs relations avec la Libye pourraient arriver à un point dangereux », a-t-il menacé, sans préciser les pays dont il s’agissait.
Le chef du CNT, le gouvernement de transition et le peuple libyen exigent que ces pays respectent leurs bonnes relations avec la Libye et ne s’ingèrent pas dans les affaires intérieures du pays. « Nous avons déjà adressé nos exigences (à ces États), mais ils refusent de prendre des mesures pour extrader les partisans de Kadhafi vers la Libye et les empêcher d’agir contre la Libye », a ajouté M. Abdeljalil, en ajoutant que Tripoli pourrait rompre les relations diplomatiques avec les pays qui refuseront de coopérer.
Plusieurs proches et partisans de l’ancien dictateur libyen Mouammar Kadhafi ont fui le pays depuis la prise de Tripoli et la traque du dictateur par les insurgés armés. Fin août 2011, la veuve du guide déchu, sa fille unique Aïcha et ses deux fils Mohamed et Hannibal se sont réfugiés en Algérie, qui a accepté de les accueillir « pour raisons humanitaires ». L’autre fils de Kadhafi, Saadi, a pour sa part trouvé refuge au Niger.
Alger qui a apporté son soutien au dictateur Mouammar Kadhafi jusqu’à la dernière minute de son règne, sous prétexte que la chute du dictateur allait profiter à l’organisation terroriste d’El Qaïda et n’a reconnu que du bout des lèvres la Révolution libyenne est directement visée par les menaces du président du Conseil national de transition, Moustafa Abdeljalil.
La visite du chef du CNT à Alger annoncée à plusieurs reprises par le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, n’a jamais eu lieu. C’est à Doha (Qatar), en novembre 2011, qu’il a rencontré, à deux reprises, Abdelaziz Bouteflika sous les bons offices de l’émir du Qatar. On se souvient des propos insultants tenus par Mourad Medleci sur les dirigeants libyens les qualifiant de « Ces gens-là (qui) ne sont pas capables de diriger la Libye » ou encore celle, plus blessante, de Abdelaziz Belkhadem qui a invité les membres du CNT « à faire leurs ablutions avant de parler de l’Algérie. »
Est-ce pour cela que Moustapha Abdeljalil n’a pas daigné gratifier le pouvoir algérien du succès de la Révolution. Le revers essuyé par la diplomatie algérienne s’est même aggravé puisque Doha, où a lieu la rencontre avec Bouteflika, a via la puissante Al Jazeera, pour arbitrer une hypothétique réconciliation algéro-libyenne .
Avant la rencontre de Doha, le mois d’août 2011, alors même que Kadhafi restait introuvable plus d’une semaine après la prise de Tripoli, une partie de sa famille est arrivée à Alger. L’épouse de Mouammar Kadhafi, Safia, sa fille Aïcha, ses fils Hannibal et Mohamed, accompagnés de leurs enfants sont entrés et ont trouve refuge en Algérie pour « raison humanitaire », la version officielle d’Alger. Depuis, la fille du dictateur libyen, Aïcha, n’a cessé d’appeler d’Alger le peuple libyen à venger la mort de son père.
Ainsi, la menace formulée par Moustapha Abdel Jalil à l’égard des pays qui abritent encore les sympathisants du régime Kadhafi accentue les revers politiques et diplomatiques essuyés par l’Algérie pendant et après les Révolutions arabes. Et ce n’est sans doute pas la récente découverte d’armes lourdes libyennes sur le sol algérien qui va légitimer la politique de l’autruche d’El Mouradia.
R.N.