Libye : Medvedev et Zuma réussiront-ils à dénouer la crise ?

Libye : Medvedev et Zuma réussiront-ils à dénouer la crise ?

Barack Obama, David Cameron et Nicolas Sarkozy demandent à Dmitri Medvedev, qui s’est abstenu le 17 mars dernier de faire usage de son droit de veto lors du vote de la résolution 1973, de les aider à résoudre le conflit libyen. Comment ?

En convainquant Mouammar Kadhafi de quitter «volontairement» le pouvoir s’il veut une vie sauve. Curieusement, une demande similaire a été adressée par Tripoli à Moscou. Al-Baghdadi al-Mahmoudi, le Premier ministre libyen, demande à Sergueï Lavrov, son homologue russe de «tenter une médiation» pour un cessez-le-feu sous contrôle des Nations unies.

Les Américains, les Anglais et les Français, qui sont entrés ce week-end dans une «nouvelle phase» en Libye pour «finir le travail» entamé le 19 mars dernier, auraient-ils fini par conclure après «quatre mois d’effusion de sang» que les frappes aériennes sont peut-être nécessaires, mais insuffisantes pour déloger le leader libyen et qu’en l’absence d’une solution rapide, cette crise pourrait déboucher sur une «somalisation» de la région du Sahel où l’Aqmi consolide ses positions et une déstabilisation de l’Afrique du Nord ? Aussitôt dit, aussitôt fait.

Le président russe a annoncé, hier, l’envoi de son haut représentant pour l’Afrique Mikhaïl Margelov comme «médiateur». Première étape : Benghazi. Travaillera-t-il de concert avec le président sud-africain Jacob Zuma, l’envoyé du panel de haut niveau de l’UA ? Kadhafi qui serait prêt pour un cessez-le-feu, – il a proposé jeudi à l’ONU et à l’Union africaine de fixer une date et une heure précises et de prendre les dispositions nécessaires – écarte globalement et dans le détail tout départ, encore moins un exil, même si Sarkozy menace de lui réduire les destinations s’il tarde ! Se sachant dans le collimateur de la Cour pénale, il sait que personne ne pourra lui offrir l’immunité.

«S’il part, les Libyens partiront avec lui», affirme Baghdadi al-Mahmoudi qui semble avoir saisi que les pays occidentaux veulent négocier in fine un cessez-le-feu. Ban Ki-moon n’a-t-il pas réitéré jeudi son appel pour un «vrai cessez-le-feu» et des «négociations sérieuses» sur une transition politique ? Réunie lors d’un mini-sommet extraordinaire en Ethiopie, l’Union africaine a demandé à l’Otan de cesser ses bombardements. «Cela fait partie des exigences pour que des solutions politiques deviennent possibles», explique le commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA, Ramtane Lamamra. Amr Moussa ne croit pas, lui aussi, à un départ volontaire de Kadhafi. Il plaide pour un «authentique cessez-le-feu» sous supervision internationale, d’abord, et des pourparlers «sans conditions» entre Tripoli et Benghazi, ensuite. Les trois dirigeants mettent à profit leurs rencontres en marge du G8 qui s’est tenu à Deauville (nord-ouest de la France), pour appeler le leader libyen à cesser «l’usage de la force» et annoncer leur soutien à «une solution politique reflétant la volonté du peuple». «Kadhafi n’a pas d’avenir dans une Libye démocratique et doit partir», peut-on lire dans la déclaration finale du Sommet où on réalise que les chefs d’Etat du G8 «prennent acte» des actions qu’ils ont entreprises pour «faire appliquer les résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité» et du «travail d’investigation de la Cour pénale internationale» qui a émis le 16 mai, trois mandats d’arrêt visant Kadhafi, son fils Saïf al Islam et Abdoullah al Senoussi, le chef des services de renseignements libyens, pour «crimes contre l’humanité». Comme attendu, le G8, qui a cassé sa tirelire pour voler au secours des Egyptiens et des Tunisiens qui ont chassé leurs présidents respectifs, s’engage à soutenir une transition politique qui réaffirmera la volonté des Libyens et leur attachement à leurs «unité, intégrité, souveraineté et indépendance». Cette détermination des Occidentaux d’en découdre avec Kadhafi pourrait s’élargir aux présidents syrien et yéménite. Les deux doivent cesser «immédiatement» l’usage de la force et l’intimidation contre leur peuple et répondre «à la demande légitime de liberté d’expression, des droits universels» de leurs concitoyens.