Libye : l’Onu accuse les forces du général Haftar de chercher à saper la possibilité d’un accord

Libye : l’Onu accuse les forces du général Haftar de chercher à saper la possibilité d’un accord

Les laborieuses discussions entre les parties en conflit en Libye, ceux de Tobrouk et ceux de Tripoli, semblaient aller dans le bon sens. Un certain optimisme prévalait chez les responsables de l’ONU sur une éventuelle annonce d’un accord définitif à présenter aux parties libyennes concernées pour approbation même si on ne niait pas l’existence d’obstacles dans la marche du dialogue.

C’est dans ce contexte positif que le général Khalifa Haftar a décidé d’appuyer sur la gâchette en lançant des attaques aériennes à Benghazi, ce week-end. Avec pour effet immédiat de faire retomber l’optimisme.

L’ONU, en général très prudente dans ses appréciations, n’a pas hésité a accusé les forces armées relevant du gouvernement libyen (installé à Tobrouk) de saboter les négociations en cours en lançant cette offensive à Benghazi qui a fait au moins six morts et dix blessés.

Sabotage

La Mission d’appui des Nations Unies en Libye (UNSMIL) a condamné « fermement l’escalade militaire à Benghazi le samedi 19 septembre 2015 » et a en soulignant que le timing des frappes aériennes menées par les forces du gouvernement reconnu par la communauté internationale « vise clairement à saper les efforts en cours pour mettre fin au conflit. »

Rappelant que Benghazi a souffert le martyre pendant trop long, avec de nombreux civils tués ou blessés et plus de 100.000 personnes déplacés, l’UNSMIL a souligné que les raids aériens menés par les forces du gouvernement ne « vont qu’ajouter aux souffrances de la population ». Une escalade qui prive les libyens de célébrer les fêtes de l’Aïd al-Adha dans le « la paix et la tranquillité ».

L’UNSMIL souligne aussi que l’évolution de la situation a montré que la « solution militaire n’était pas une option viable en Libye ». A Benghazi ou ailleurs, les recours aux armes ne fait qu’apporter plus de « destruction et souffrance » au peuple libyen.

L’UNSMIL accuse les forces dirigées par le général Khalifa Haftar de chercher « à saper » et à « faire dérailler les efforts en cours pour mettre fin au conflit à un moment où les négociations sont entrées dans une étape finale et plus critique. »

L’UNSMIL a appelé à la « cessation immédiate des hostilités à Benghazi et dans l’ensemble de la Libye » et a exiger des « parties en conflit à s’abstenir de toute escalade » et de faire preuve de « retenue » pour donner au dialogue en cours à Skhirat une « chance d’aboutir à la conclusion dans les prochaines heures »

Les pays de l’Union européenne, les Etats-Unis, la Turquie et le Maroc ont également condamné le regain des hostilités et les frappes aériennes contre la population civile de Benghazi.

L’Algérie condamne « avec force »

L’Algérie a condamné dimanche « avec force » le regain des violences en Libye et appelé les frères libyens à la retenue pour préserver la cohésion et l’unité du peuple libyen, indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

« L’Algérie condamne avec force le regain des violences en Libye, notamment les derniers raids sur la ville de Benghazi » indique le communiqué.

Cette « escalade militaire » ordonnée par le général Haftar, « en plus de semer la terreur parmi la population civile, ne fait que diminuer les chances de parvenir à une solution pacifique et menace d’entraver les efforts consentis par les Nations unies et les pays du voisinage pour le règlement de la crise dans ce pays voisin afin d’entamer le processus d’édification de l’Etat de droit et de ses institutions ».

« L’Algérie, qui appelle tous les frères libyens à faire preuve de sagesse et de retenue et à éviter tout acte pouvant porter atteinte à la cohésion du peuple libyen, réaffirme son soutien à ce pays frère et son appui au processus de négociations sous la supervision des Nations unies ainsi que son soutien à tous les efforts internationaux visant à parvenir, dans les plus brefs délais, à une solution politique qui garantirait l’union de la Libye et de sa souveraineté », conclut le communiqué.

Une trentaine de morts à Koufra, dans le sud-est de la Libye

Le journal Libyan Herald a indiqué par ailleurs qu’une trentaine de personnes ont été tués, dimanche 20 septembre, à Koufra, dans le sud-est de la Libye dans des combats entre des bandes armées.

Le porte-parole du Conseil de la ville, Mohammad Khalil, a indiqué que des hommes armés venus à bord d’une vingtaine de véhiculés ont tenté de prendre la ville à partir du nord. Les populations locales ont détruit une partie des véhicules des assaillants qui seraient des Toubous.

Une station d’essence a été endommagée au cours de ces combats meurtriers. La ville de Koufra connait une montée des violences ces derniers mois, l’aéroport a été fermé tandis que les routes sont devenues peu sures.