Décidés à vendre chèrement leur peau, quelques centaines de combattants sèment la mort parmi les rebelles à Syrte. On est loin de l’euphorie où la fin des combats semblait une question d’heures
Aujourd’hui, au cœur de Syrte, la première ligne de défense des kadhafistes a été pilonnée sans relâche, comme depuis deux jours. Mais les ultimes défenseurs du Guide, jouant un va-tout insensé, ne cèdent rien. Retranchés dans l’ouest de la cité, dans un quartier qui ne fait pas plus de quelques kilomètres carrés, ils ne donnent même pas l’impression de se laisser gagner par la panique.
Face à eux, à une centaine de mètres tout au plus, les thuwars, les combattants rebelles, se plaquent au sol, grimpent dans les étages pour tenter de trouver un angle de tir.
Les snipers sont la peste de cette bataille. Le scénario est chaque fois le même. Ils profitent de la nuit pour s’infiltrer au cœur des quartiers que l’on croyait sûrs. Les mortiers kadhafistes entrent ensuite en action, semant la mort. Comme souvent en Libye, les bilans restent flous mais lourds, à Syrte comme ailleurs. Depuis l’assaut final lancé le 7 octobre, les révolutionnaires disent avoir essuyé pas moins d’une cinquantaine de morts et 500 blessés.
Il semble loin le temps de l’euphorie où la fin des combats semblait une question d’heures. Mardi, les thuwars ont pris le centre de Syrte en tout juste quatre heures. Sur l’avenue du Caire surnommée «Dollar street», la rue huppée du centre-ville, les colonnes de pick-up sales aux carrosseries percées avaient des airs de vainqueurs. Le portrait de Mouammar Kadhafi, qui trônait encore au carrefour, semblait les regarder sans comprendre..
Dans la médina, au centre de la vielle ville, la moisson d’armes est plus impressionnante encore. Plus lente aussi. Les rebelles pataugent dans des rues inondées, de l’eau jusqu’aux genoux. Les canalisations ont été crevées par les obus de mortier.
À Syrte, dans cette bataille qui n’en finit pas, la haine a effacé tous les autres sentiments. «Nous n’avons pas le choix», philosophe Abdul Rauf. Jeudi, ce médecin à découvert les corps de 42 fusillés. «Nous pensons que ce sont des pro-Kadhafi qui ont été abattus car ils refusaient de se battre. Ils tuent leurs propres hommes car ils sont décidés à lutter jusqu’à la mort.»
Des partisans de Kadhafi surgissent en armes àTripoli. Des fusillades ont opposé vendredi à Tripoli des partisans de Mouammar Kadhafi et les forces du pouvoir intérimaire libyen, ce qui pourrait traduire une volonté de la part de l’ancien « guide » déchu de lancer une insurrection armée dans son pays.
Près de deux mois après s’être emparé de la capitale libyenne, le Conseil national de transition (CNT) peine par ailleurs à faire tomber les deux derniers bastions de l’ancien régime à Syrte et Bani Walid.
Les combats survenus vendredi à Tripoli semblent avoir été limités géographiquement et seuls quelques dizaines de combattants kadhafistes y auraient participé.
Ils sont toutefois les premiers signes d’une résistance armée au CNT dans la capitale libyenne depuis que la ville est tombée aux mains des anciens rebelles le 23 août, après 42 années de pouvoir de Mouammar Kadhafi.
Par : R.I