Les rebelles de Libye ont salué hier la mort du chef du réseau Al-Qaïda Oussama Ben Laden estimant que ce serait un « grand cadeau » si les Etats-Unis tuaient aussi le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
« Une grande partie du terrorisme international a pris fin » avec la mort de Ben Laden tué lors d’une opération menée par des forces spéciales américaines au Pakistan, a déclaré Ahmed Omar Bani, porte-parole militaire du Conseil national de transition, organe politique des rebelles dans la ville de Benghazi. « Ce serait un grand cadeau si les Etats-Unis tuaient Kadhafi », a-t-il ajouté. Hier à Tripoli, criant vengeance et sur fond de rafales de coups de feu, un millier de personnes se sont rassemblées pour les funérailles d’un des fils de Mouammar Kadhafi tué avec trois de ses petits-enfants samedi dans une frappe de l’Otan.
« Le peuple veut Mouammar, le guide », scandaient les manifestants qui accompagnaient le corps de Seif al-Arab Kadhafi (29 ans) arrivé au cimetière des Martyrs d’Al-Hani à bord d’une ambulance noire dans un cercueil recouvert d’une étoffe verte et d’une couronne de fleurs. « A bas, à bas Sarkozy », scandait la foule à l’encontre du président français Nicolas Sarkozy dont le pays avec la Grande-Bretagne avait été à l’origine de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU ayant autorisé l’intervention internationale en Libye lancée le 19 mars contre le régime Kadhafi.
Seif al-Islam et Hannibal, deux autres fils du dirigeant libyen, se sont recueillis devant le cercueil. Hannibal a perdu une fille de deux ans dans le raid de samedi. Dans la nuit de samedi à dimanche, Moussa Ibrahim, le porte-parole du gouvernement, a annoncé que la maison de Seif al-Arab Kadhafi, un des six fils du colonel Kadhafi, avait été « attaquée avec de puissants moyens » qui ont tué le jeune homme et trois petits-enfants du dirigeant libyen. Il a dénoncé « une opération visant à assassiner directement le dirigeant de ce pays » ajoutant que « le Guide (Mouammar Kadhafi) et sa femme étaient dans la maison », mais n’ont pas été blessés. L’Otan a confirmé des frappes aériennes, mais démenti avoir visé la famille Kadhafi.
Le régime libyen menait hier une offensive d’ampleur sur Misrata, ville rebelle assiégée depuis deux mois. Quatre ou cinq chars des forces pro-Kadhafi ont tenté hier matin d’entrer dans Misrata, et les rebelles ont assuré avoir arrêté leur progression. Les chars arrivés par les faubourgs ouest de la ville, dont Al-Ghiran, « ont été stoppés par nos hommes », a assuré un chef de groupe rebelle à l’AFP, sans qu’il soit possible de vérifier l’information de source indépendante. Ces derniers jours, les combats se concentraient essentiellement dans cette zone située près de l’aéroport où des pro-Kadhafi se trouvent toujours. Le port de Misrata, essentiel pour l’approvisionnement en armes et en aide humanitaire de la ville, et lourdement bombardé dimanche par les forces gouvernementales, était calme en début d’aprèsmidi, selon des sources rebelles.
Dix personnes ont été tuées à Misrata et des dizaines blessées par les bombardements depuis dimanche soir, selon des sources médicales. Le régime libyen avait offert vendredi une amnistie aux rebelles de Misrata s’ils déposaient les armes, précisant que l’offre était valable jusqu’à mardi. Des bateaux humanitaires, notamment un navire de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) au large de Misrata depuis samedi, attendent toujours le feu vert de l’Otan pour accoster. Des mines ont été posées par les forces loyalistes dans les eaux au large du port et paralysaient toujours le trafic lundi, selon des sources rebelles.