Libye : Les Américains négocient avec Kadhafi

Libye : Les Américains négocient avec Kadhafi

L’idée d’une sortie politique en Libye fait bien son chemin, en dépit de la détermination de l’Otan à poursuivre son pilonnage de Tripoli, et la reconnaissance quasi unanime des pays intervenants dans l’opération militaire, du Conseil national transitoire comme unique représentant du peuple libye.

Des diplomates américains (Jeffrey Feltman, secrétaire d’Etat adjoint chargé du Moyen-Orient, et Gene Cretz, l’ambassadeur américain en titre en Libye, mais qui n’est plus présent dans ce pays) ont récemment rencontré, en Tunisie, des représentants du régime de Mouammar Kadhafi, les exhortant à céder le pouvoir.

«Il ne s’agissait pas d’une négociation, mais de faire passer un message», confie une source américaine à la CNN, en précisant qu’ «il n’y a pas de nouvelle rencontre prévue, car le message a été livré». Ce responsable n’a pas dit qui représentait Kadhafi à cette réunion, indiquant seulement qu’elle avait eu lieu hors de Libye. «Le message était simple et sans ambiguïté, c’était le même que celui que nous délivrons en public : Kadhafi doit quitter le pouvoir pour qu’un nouveau processus politique puisse se mettre en place, reflétant la volonté et les aspirations du peuple libyen», poursuit la même source.

De son côté, le porte-parole du gouvernement libyen, Moussa Ibrahim, a précisé que ces entretiens sont «une première étape» et que «nous nous attendons à des étapes supplémentaires». Il a également souligné que le gouvernement libyen est «prêt à discuter des idées pour aller de l’avant» et mettre fin à ce conflit et «réhabiliter les relations qui ont été lésées entre la Libye et les Etats-Unis et d’autres pays de l’OTAN».

La Russie, qui refuse de considérer le CNT comme le seul interlocuteur libyen, poursuit ses efforts en vue d’une solution politique, qu’elle prône d’ailleurs depuis le début des hostilités, en sa qualité de pays médiateur. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov devait rencontrer, hier, son homologue libyen Abdelatif Obeidi à Moscou pour des discussions portant sur la situation dans le pays. Sergueï Lavrov va rencontrer Abdelati Obeidi «à la demande de la partie libyenne», a précisé le ministère russe des Affaires étrangères, cité par l’agence officielle Itar-Tass. Les deux ministres doivent également aborder le rôle de médiation de l’Union Africaine.

Sur le même ton, Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a plaidé lundi pour le dialogue entre le gouvernement libyen et l’opposition afin de trouver une solution politique à la crise en Libye. M. Ban a souligné que les Nations unies poursuivraient le dialogue politique avec Tripoli et l’opposition libyenne, dans une interview accordée à la radio finlandaise.

M. Ban a déclaré qu’il maintenait le contact avec les deux parties au conflit à travers son représentant spécial pour la Libye, précisant qu’il avait eu plusieurs conversations téléphoniques avec le Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoud. Le chef de l’ONU, en visite en Finlande à l’invitation de la présidente Tarja Halonen, a appelé par ailleurs la communauté internationale à trouver un consensus pour une solution à la crise libyenne.

Sur le terrain, le conflit bat son plein. Lundi, le gouvernement libyen a démenti la prise par les rebelles du port pétrolier de Brega (est) et affirmé avoir repoussé leur offensive en leur infligeant de lourdes pertes. «Brega est complètement sous le contrôle de nos forces armées aidées par nos glorieuses tribus et les volontaires», a dit à la presse à Tripoli, le porte-parole du gouvernement après que les rebelles eurent affirmé s’être emparés de Brega.