Libye : le premier ministre enlevé par des ex-rebelles

Libye : le premier ministre enlevé par des ex-rebelles
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Le premier ministre libyen, Ali Zeidan, a été enlevé, jeudi 10 octobre à l’aube, par un groupe d’anciens rebelles qui lui reprochent d’avoir autorisé la capture par l’armée américaine d’un responsable d’Al-Qaida sur le sol libyen.

MULTIPLES REVENDICATIONS

Des hommes armés se sont emparés de M. Zeidan alors qu’il quittait l’hôtel Corinthia à Tripoli. La Chambre des révolutionnaires de Libye, une milice constituée d’ex-rebelles, a revendiqué le rapt. « Son arrestation survient après la déclaration de John Kerry concernant la capture d’Abou Anas Al-Libi, après qu’il a dit que le gouvernement libyen était informé de cette opération. »

Une autre brigade d’ex-rebelles, opérant en théorie sous les ordres des autorités libyennes, a annoncé l’avoir arrêté. M. Zeidan « a été arrêté suivant le code pénal libyen (…) sur ordre du parquet général », a indiqué, de son côté, La Cellule des opérations de Tripoli sur sa page Facebook.

L’opération militaire américaine qui a eu lieu samedi à Tripoli a suscité la colère de mouvements islamistes, certains accusant le gouvernement d’avoir été informé au préalable. Si le Congrès, la plus haute autorité politique du pays, a enjoint à Washington de lui remettre immédiatement cet homme, actuellement détenu sur un navire américaine, M. Zeidan, lui, a affirmé que l’affaire n’affecterait pas les relations entre son pays et les Etats-Unis.

DES MILICES INCONTRÔLABLES

Deux ans après le renversement et la mort de Mouammar Kadhafi, le rapt du premier ministre montre que le gouvernement issu de cette révolution peine encore à imposer son autorité aux nombreux groupes armés restés actifs sur l’ensemble du vaste territoire libyen.

Certes, toutes les milices ne travaillent pas contre le gouvernement. Au contraire, même. La plupart d’entre elles ont été cooptées par les autorités, qui requièrent leurs services, moyennant salaires, pour des tâches de police ou de défense, comme le contrôle des frontières.

La méthode de l’intégration en douceur a été préférée à celle de la démobilisation de force, dans le but d’éviter à la Libye les affres d’une guerre civile, que le pouvoir central n’était pas du tout sûr de pouvoir gagner. L’envers de cette politique, c’est qu’elle a laissé prospérer une poignée de groupes armés dont la logique – djihadiste, régionaliste ou mafieuse – est hostile à l’instauration d’un Etat fort.