Les forces loyales au général à la retraite Khalifa Haftar et aux forces régulières, appuyées par des civils armés, ont réussi, à l’issue de 24 heures de combat qui ont fait près de 40 morts, à chasser les groupes armés d’Ansar Asharia et Fajr Libya de plusieurs quartiers du sud-est de Benghazi, la deuxième ville du pays.
Selon le colonel Ahmed al-Mesmari, les forces armées ont repris le contrôle de camps militaires tombés aux mains des groupes terroristes en juillet dernier, mené des raids aériens sur les quartiers d’al-Lithi, al-Sabiri et al-Gawarcha, fief des islamistes, dans l’ouest de la ville, et pris d’assaut plusieurs maisons d’islamistes. Selon ce porte-parole, une unité des forces spéciales a réussi une « avancée depuis le sud-est de la ville où est situé l’aéroport » et repris le contrôle de son quartier général sur la route de l’aéroport, dans la région de Bouatni. Selon certains médias locaux, des combats de rue opposent islamistes et forces pro-gouvernementales depuis mercredi dernier. Le bilan des affrontements s’élève à 254 morts, depuis le lancement à la mi-octobre d’une nouvelle offensive des forces du général Haftar. Selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés, les violences ont déplacé au moins 287.000 personnes depuis juillet et 100.000 autres ont été contraintes de fuir le pays.
A l’ouest, des combats opposent depuis le 11 octobre les milices pro-gouvernementales de Zentan et leurs alliés de Werchefana (170 km au sud-ouest de Tripoli) à celles de Fajr Libya. Amnesty International, qui dit se baser sur des images satellites et des témoignages, parle de « violations généralisées de droits de l’Homme, y compris de crimes de guerre ». « Les combattants ont fait preuve d’un mépris total pour la vie des civils », déplore Hassiba Hadj Sahraoui, a directrice adjointe d’Amnesty International pour le Moyen-Orient.
Soutien à la démarche de l’ONU et de l’Algérie
Réunis vendredi dernier à Paris, les envoyés spéciaux pour la Libye (Allemagne, Espagne, Etats-Unis, France, Italie, Malte, Royaume-Uni, Turquie, Union africaine, Union européenne et Ligue arabe) ont exprimé leur soutien total à la médiation conduite par Bernardino León, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, pour la poursuite d’un dialogue qui permette le fonctionnement normal de la Chambre des représentants élue en juin dernier, la formation d’un gouvernement inclusif et représentatif et le retrait des milices des villes et des aéroports. « Il n’y pas de solution militaire à la crise que traverse actuellement la Libye », ont-ils martelé, avant de rejeter toute ingérence extérieure et de condamner les violences perpétrées depuis l’appel au cessez-le-feu de Ghadamès. Tout en saluant la volonté du représentant spécial d’organiser, à brève échéance, un nouveau cycle de discussions, ils ont demandé instamment aux parties de lever tous les obstacles à de telles discussions si elles ne veulent pas être sanctionnées dans le cadre de la résolution 2174 du Conseil de sécurité. Lors de cette réunion, Nacer Qudua, l’émissaire de la Ligue arabe, a souligné l’importance de l’approche de l’Algérie dans le cadre du mécanisme des pays voisins pour aider les Libyens à rétablir la sécurité et la stabilité dans leur pays et à ouvrir un dialogue inclusif devant aboutir à un consensus sur un régime reflétant leur volonté à surmonter la crise. Abdallah al Thinni, le Premier ministre libyen, reconnu par la communauté internationale, a laissé entendre qu’il était prêt à des pourparlers de paix avec le camp qui contrôle Tripoli et qui conteste sa légitimité. « Nous ouvrons la porte du dialogue avec nos frères à condition qu’il y ait des concessions de la part de toutes les parties », a-t-il déclaré lors d’un point de presse qu’il a animé mercredi dernier au Soudan. « Le pays est proche d’un point de non-retour », a lancé, il y a deux semaines, à Ghadamès, le diplomate onusien.
Djamel Boukrine