Libye: La feuille de route de l’Union africaine « toujours valable »

Libye: La feuille de route de l’Union africaine « toujours valable »
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Le président de la commission de l’Union africaine (UA), Jean Ping, a déclaré que la feuille de route de l’UA pour trouver une solution au conflit en Libye était « toujours valable » et qu’elle est « incontournable ».

« Notre feuille de route est toujours valable (…) et je ne vois pas les raisons qui amèneraient à essayer de marginaliser l’Afrique qui est seule à avoir une feuille de route incontournable », a souligné M. Ping dans une interview parue dans le dernier numéro de « Les Afriques ».



« La Libye n’est ni en Europe, ni en Amérique, ni en Asie, ni même au Moyen-Orient mais tout simplement en Afrique », a-t-il ajouté. Il a également rappelé dans cet hebdomadaire paraissant en trois éditions simultanément à Casablanca, Dakar et Yaoundé que la feuille de route de l’UA « a été décidée le 10 mars, sept jours avant la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies qui a adopté la résolution 1973, deux jours avant celle de la Ligue arabe et un jour avant l’Union européenne ». « Elle toujours valide, et elle est la seule qui existe », a-t-il souligné. Après avoir énuméré quelques propositions de la feuille de route à savoir un cessez-le-feu vérifiable, une transition inclusive et consensuelle et un vote qui répondrait aux aspirations légitimes du peuple libyen, le président de la commission de l’UA s’est demandé « Qui d’autre a une feuille de route ? ».

« Comment voulez-vous que les Africains restent les bras ballants à regarder une situation qui se passe chez eux avec toutes les graves implications pour la sous-région du Sahel ? Croyez-vous que l’Amérique, l’Europe ou l’Asie l’accepteraient si cela se passait chez eux? « , s’est-il interrogé. A la question de savoir s’il y avait espoir de voir la solution de l’UA s’appliquer, il a affirmé qu’il « il n’y en pas d’autre » car « la pression militaire, la pression économique, la pression diplomatique, ce n’est pas une feuille de route ». « C’est la même option qui se poursuit en s’accentuant », a-t-il relevé, en soulignant que « si El-Gueddafi est tué dans les bombardements, on dira qu’il a été touché par hasard.

Ne serait-ce pas plutôt le retour à l’assassinat politique qui était chose courante auparavant quand les présidents étaient assassinés chez eux, en Amérique latine, en Afrique ? « . Et de souligner que « l’assassinat politique a été abandonné pour de multiples raisons. Si on y revient, c’est, pour nous, un retour, 50 ans en arrière, à l’époque de l’assassinat de Patrice Lumumba ». S’agissant de la condition préalable au cessez-le-feu exigée par la coalition, à savoir le départ du colonel EL-Gueddafi, M. Ping a déclaré : « Nous disons venez au cessez-le-feu avec toutes les conditions que vous voulez ». « Le cessez-le-feu nécessite une négociation et dans cette négociation, il y a beaucoup de choses, pas que le départ d’El Gueddafi, à mettre en place avant la signature », a-t-il expliqué, en rappelant cependant que « la résolution 1973 ne parle pas de changement de régime mais de protection humanitaire des populations civiles de Benghazi ».

Le président de la commission de l’UA a indiqué qu’il avait expliqué lors de ses déplacements et ses entretiens avec les responsables occidentaux les conséquences de ce qui s’y passe en Libye et leurs répercussions sur le sol africain, en Mauritanie, au Niger, au Mali, au Tchad, au Soudan et jusqu’en Somalie. « Les armes qui sont distribuées, soit par Tripoli, soit par Benghazi se retrouveront tôt ou tard dans le désert, des armes parfois sophistiquées entre les mains d’Al Qaida, de terroristes, de coupeurs de route, de trafiquants de drogue, de trafiquants en tout en genre », a-t-il averti.