L’opération militaire aérienne contre la Libye a commencé mais la porte de la diplomatie reste ouverte, a déclaré hier le président français Nicolas Sarkozy, au terme du sommet en urgence réuni à l’initiative de la France sur la Libye.
Parmi les 22 dirigeants qui ont pris part à ce sommet, figurent notamment la chancelière allemande Angela Merckel, dont le pays s’est abstenu de voter la résolution de l’Onu, l’Espagnol José Luis Zapatero, le Premier ministre du Qatar, les chefs de diplomatie d’Irak, de Jordanie, d’Emirats arabes unis et le secrétaire général de l’Onu Ban Ki-Moon.
Aucun dirigeant africain n’a pris part à cette réunion. Le président de la Commission de l’Union africaine (UA) Jean Ping qui y était attendu, a été retenu à Nouakchott pour une réunion avec les cinq chefs d’Etat africains chargés d’une médiation pour une issue pacifique à la crise libyenne.
L’UA a rejeté toute forme d’intervention militaire étrangère contre la Libye.
Dans une courte déclaration, le président français a fait part de l’accord intervenu lors du sommet de Paris regroupant des pays européens, arabes et nord-américains pour examiner la mise en application de la résolution du conseil de sécurité des Nations unies adoptée jeudi soir.
« Les participants sont convenus de mettre en œuvre tous les moyens nécessaires, en particulier militaires, pour faire respecter les décisions du conseil de sécurité des Nations Unies », a-t-il dit.
« D’ores et déjà, nos avions empêchent les attaques aériennes sur la ville de Benghazi. D’ores et déjà, d’autres avions français sont prêts à intervenir en Libye », a-t-il poursuivi.
Selon les participants au sommet de Paris, le dirigeant libyen « n’aurait pas respecté l’ultimatum » lancé jeudi soir par la France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et des pays arabes, qui ont exigé un cessez-le-feu immédiat.
« L’avenir de la Libye appartient aux Libyens. Nous ne voulons pas décider à leur place », a dit le président français.
Le Qatar et plusieurs pays européens dont la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark et la Norvège, ont confirmé leur volonté de participer aux opérations militaires contre la Libye.
Hors Europe, le Canada a annoncé l’envoi de sept avions de chasse pour cette opération.
L’aviation française dispose d’environ 40 avions Rafale dont certains ont été positionnés sur la base de Solenza, en Corse, où devraient être concentrés l’essentiel des appareils mobilisés pour cette intervention contre la Libye.
Les forces françaises sont également dotées d’une centaine d’avions de chasse et peuvent aussi mobiliser des appareils Mirage.
La position des Etats-Unis qui soutiennent cette opération n’est pour l’instant pas clairement définie.
L’Otan continue de son côté à se préparer aux différentes missions qu’elle pourrait avoir à assumer dans le cadre de cette intervention militaire.
Elle étudie notamment les conditions de son engagement dans trois missions possibles : porter assistance à une opération à caractère humanitaire (évacuation de réfugiés), faire respecter l’embargo sur les armes ou imposer une zone d’interdiction aérienne.
La France refuse catégoriquement que l’alliance intervienne dans les raids.
Plusieurs pays européens ont fait part de leur disponibilité à des missions militaires communes sous conditions qu’elles soient sous le chapeau de l’alliance atlantique.
Il est possible aussi que l’Otan soit sollicitée pour les opérations prévues par la résolution 1973 de l’Onu mais ceci nécessite du temps et de gros moyens pour être mise en œuvre ce qui ne conviendrait pas à la France qui a décidé de mettre très rapidement ses menaces d’intervention à exécution.
Cette intervention consiste notamment à clouer au sol l’aviation libyenne, détruire ses systèmes de défense anti-aérienne, couper les communications du gouvernement libyen et entraver leurs déplacements, selon des sources diplomatiques.
Le ministre libyen des Affaires étrangères Moussa Koussa a pourtant annoncé vendredi que la Libye met fin à toutes les opérations militaires en application de la résolution votée la veille par le Conseil de sécurité, et que son pays, étant membre à part entière des Nations unies, était « contraint d’accepter » cette résolution.
Le Colonel El Gueddafi a déclaré pour sa part que la résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat, était injustifiée et constituait un « colonialisme flagrant ».
Il a demandé à la Chine, l’Allemagne, Malte et la Turquie, d’envoyer des observateurs pour constater son application.
L’Algérie prend acte de la résolution 1973 du Conseil de sécurité
L’Algérie, qui suit avec une profonde préoccupation la crise en Libye, « prend acte » de l’adoption, par le Conseil de sécurité des Nations unies, de la résolution 1973 (2011) et « partage pleinement l’objectif de cessation immédiate des violences fratricides » dans ce pays, a indiqué hier, un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
« Partie prenante aux efforts de la Ligue des Etats arabes et de l’Union africaine, l’Algérie apportera sa contribution à tout effort de règlement visant à favoriser une réponse aux aspirations du peuple libyen frère dans le cadre du respect de sa souveraineté et de son unité et de la préservation de l’intégrité territoriale de son pays », souligne-t-on de même source.
« L’Algérie réaffirme, à cet égard, qu’il revient au peuple libyen de décider par la voie du dialogue national de son devenir » et « se tient, dans ces moments difficiles, aux côtés du peuple libyen frère et continuera à lui témoigner sa solidarité », ajoute le communiqué.