Libye La bataille des milices

Libye La bataille des milices

Plus de 47 personnes tuées et 120 blessées en une semaine de combats entre milices rivales pour le contrôle de l’aéroport de Tripoli, fermé depuis le 13 juillet. Tel est le bilan de la dérive porteuse de risque de guerre civile dans un contexte de déliquescence totale des institutions impuissantes à mettre fin au règne des « seigneurs de la guerre » qui se partagent des zones d’influence.

« L’aéroport a été attaqué ce matin (lundi) aux obus de mortier, aux roquettes et aux canons de char. C’est l’attaque la plus violente » depuis le début de l’offensive, a déclaré un responsable de la sécurité de l’aéroport, Al-Jilani Al-Dahech. Outre les pertes matérielles (2 avions, un Airbus A330 et un bombardier CRJ900), les victimes civiles, résidant au quartier limitrophe de Qsar Ben Ghachir, en paient le prix fort. Entre Misrata (200 km à l’est de Tripoli), en alliance avec les milices islamistes, et les brigades de Zenten (170 km au sud-ouest de Tripoli), installées de fait depuis 2011 dans l’aéroport et des sites militaires et civils au sud de la capitale, le langage des armes est de mise.



Dans cette opération baptisée « L’aube de la Libye », les Misratis, qui contestent la prédominance des Zentanis, jusque-là maîtres des lieux, entendent inverser le rapport de force et affaiblir leur plus grand rival à la veille de la proclamation des résultats des législatives du 25 juin. Le déclin islamiste, qui explique en partie le recours aux armes pour tenter de gagner en influence militairement ce que la défaite électorale imminente a cristallisé en perte de position dans la nouvelle configuration politique, structure le choc des milices représentatives des deux courants dominants, la mouvance islamiste défendue par Misrata et le camp libéral appuyé par le bras armé de Zenten.

A l’image de tout un pays en décomposition, le destin chaotique suscite l’appel désespéré du ministre libyen des Affaires étrangères, Mohamed Abdelaziz, sollicitant, jeudi dernier, l’aide de l’ONU pour former les forces de sécurité libyennes aptes à protéger les infrastructures essentielles, notamment les aéroports et les installations pétrolières. « Si la Libye devenait un État en déliquescence, aux mains de groupes radicaux et de seigneurs de la guerre, les conséquences seraient profondes et peut-être irréversibles », a-t-il déclaré au Conseil de sécurité. Face à un « conflit prolongé », la délégation de l’Union européenne, tout en exhortant les belligérants à la « retenue » et au dialogue, met en garde contre « les attaques contre les aéroports civils (qui) constituent une violation du droit international ». La Libye des milices fait peur.

Larbi Chaabouni