Libye : La bataille de tripoli

Libye : La bataille de tripoli

La bataille de Tripoli a-t-elle déjà commencé ? La capitale libyenne, secouée par de fortes explosions et des tirs nourris, a vécu sa première nuit agitée sous la dense fumée des pneus brûlés et aux sons des haut-parleurs des mosquées appelant au soulèvement.

De «petits affrontements», vite maîtrisés, ont eu lieu dans certains quartiers de la banlieue Est, à Tajoura, Souk El Djemaâ et Ben achour, selon le porte parole du gouvernement, Moussa Ibrahim. «La situation est désormais sous contrôle», a-t-il affirmé dans des déclarations diffusées par la télévision officielle diffusant des images de la place verte peuplée de manifestants exhibant le drapeau vert et des photos de Kadhafi.

Dans le camp de la rébellion, les sirènes de la victoire ont été entonnées pour fêter la prise de Tajoura jamais confirmée de source indépendante. Des scènes de liesse populaires ont été observées à Benghazi, à Sebrata (50 km à l’Ouest de Tripoli) et devant l’ambassade libyenne à Tunis. De nouveaux écrans de fumée pour voiler la réalité de l’impasse libyenne, comme cela a été le cas des conquêtes éphémères ? Le verrou de Brega n’a pas sauté. Malgré l’annonce de son contrôle total par la rébellion, l’offensive a été repoussée à coups d’artillerie. Dans le front de l’Ouest, les «progrès» de Zaouïa et de Zliten s’enlisent. «Il y a eu de violents affrontements à la porte est de Zaouïa. Nous avons subi quelques pertes», a déclaré, samedi, un porte-parole des rebelles. La guerre médiatique bat son plein dans cette sale guerre néo-coloniale à armes inégales. Face à la toute-puissance technologique de l’Otan, maîtresse des cieux, Kadhafi qui a appelé ses partisans à marcher «par millions» pour «libérer les villes détruites» ne veut pas lâcher prise. Il entend résister jusqu’au bout.

Son fils Seif El Islam, qui a exprimé sa volonté de ne pas abandonner la bataille, a néanmoins plaidé la nécessité d’un dialogue. «Si vous voulez la paix, nous sommes prêts», a-t-il déclaré. La marche triomphale sur Tripoli, soutenue par l’Otan et des armes abondamment larguées sur Djebel Nefoussa ou convoyées à Misrata et le long des frontières tunisiennes, ne sera pas de tout repos. Postés à une vingtaine de kilomètres de la capitale, le long de la forêt de Gdayem, les insurgés se disent prêts à l’assaut final pour signer le scénario catastrophe formulé par le chef de la rébellion, Mustapha Abdeljalil. «Nous avons des contacts avec le premier cercle du colonel Kadhafi, tout montre que la fin est très proche», a-t-il déclaré.

Ahmed Jibril, porte-parole de la rébellion, vantant les mérites de l’«opération sirène» destinée à faire capituler Kadhafi, se déclare favorable au départ de Kadhafi à l’étranger ou dans une autre ville du pays. «Au cas où il exprime son souhait de quitter la Libye, nous accueillerons positivement cette proposition et nous l’accepterons», a-t-il ajouté. Cette «tragédie (qui) touche à sa fin», selon les termes du chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, fait saliver une coalition tout heureuse des «perspectives» de reconstruction et de l’avènement de la nouvelle Libye déployant les richesses de son sol et de son sous-sol.

Une chance pour l’Italie en crise d’endettement, l’ancienne puissance coloniale et l’un des plus importants partenaires commerciaux de la Libye de Kadhafi, d’inaugurer sous de bons auspices l’ère riche de promesses dans les domaines pétrolier, de la santé et de la construction pour ses entreprises en difficulté. A son «point crucial», selon le Foreign Office, la crise libyenne égrène le partage du butin colonial qui ne laisse personne indifférent. La ruée aux contrats s’avère féroce.