Le régime des Al Kadhafi ne veut pas céder. Au préalable du départ de Kadhafi et de ses fils, renouvelé par l’opposition, la réponse n’a pas trop tardé à se faire connaître et a montré le fossé qui sépare les deux belligérants.
La sortie publique de Kadhafi, montrant le bout de nez de la forteresse d’El Azizia, affirme le rôle prépondérant qu’il entend conserver dans la conduite de la transition, au moment où se négocie l’après-Kadhafi dominé par le périple de l’émissaire libyen à La Valette, Athènes et, surtout Ankara. Dans ce bouillonnement intense, le repositionnement stratégique du dirigeant libyen, qui se dit prêt à engager des réformes et à lancer le processus électoral, vient opportunément rappeler sa position centrale dans l’échiquier politique.
« Le leader est la soupape de sécurité pour le pays et pour l’unité de la population et des tribus. Nous pensons qu’il est très important pour toute transition vers un modèle démocratique et transparent », a précisé le porte-parole du gouvernement, Moussa Ibrahim, qui dénie aux puissances occidentales le droit de décider « ce que le peuple libyen doit faire ». Alors qu’au « stade préliminaire », la Turquie appelle au «cessez-le-feu immédiat» et une «transformation politique» pour garantir un règlement du conflit, l’Union africaine, qui combat « toute influence étrangère » dans le continent, a fermement rejeté l’intervention étrangère en Libye, tout en plaidant l’exigence d’un cessez-le-feu pour favoriser la recherche d’une solution négociée entre les deux parties au conflit. Lors d’une conférence internationale sur le continent africain, organisée à Genève, le président en exercice de l’Union africaine, le chef de l’Etat équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, a souligné que « les problèmes en Libye doivent être résolus de façon interne et non au travers d’une intervention qui peut être apparentée à une intervention humanitaire. Nous l’avons vécu en Irak ». Dans la cour des médiateurs, la Russie et l’Allemagne ont des qualités à faire valoir.
«Je considère que nous et nos collègues allemands avons des positions proches et que nous pourrions jouer le rôle de médiateurs », a ainsi indiqué Veniamin Popov, directeur du Centre russe pour le partenariat des civilisations lors d’un duplex Moscou-Berlin « Opération militaire en Libye ». A son avis, « seule une discussion entre les parties en conflit peut préserver l’intégrité territoriale de la Libye ». Il s’agit, pour le secrétaire général de la société germano-arabe, Harald Bock, d’éviter à tout prix « la désintégration de la Libye ».
Dès lors, l’expert de l’antenne allemande du mouvement international de la Réconciliation, Clemens Ronnefeld, la Russie et l’Allemagne pourraient œuvrer à une telle perspective rassembleuse et « empêcher l’application des doubles standards, consistant à soutenir une dictature à Bahreïn et à réaliser une opération militaire en Libye ». Une duplicité qui en dit long sur le GMO du chaos arabe, en sang et à odeur de pétrole. Tobrouk se prédestine au rôle de pourvoyeur attitré avec l’aide du Qatar qui en assure la commercialisation.