Le leader libyen, Mouammar Kadhafi, a envoyé des émissaires au président sud-africain, Jacob Zuma, pour faire savoir qu’il ne comptait pas participer à des négociations sur un règlement pacifique de la crise dans son pays, a indiqué, mercredi, la ministre des Affaires étrangères à Pretoria.
«Il a dit qu’il ne voulait pas se mettre en travers d’un règlement, et donc il ne prendra pas part aux négociations sur l’avenir de la Libye ou sur son propre avenir », a déclaré la ministre, Maite Nkoana- Mashabane, lors d’une conférence de presse.
Jacob Zuma fait partie d’une équipe de négociateurs désignés par l’Union africaine (UA) pour faire adopter un plan de paix régional, visant à mettre fin au conflit libyen, un plan jusqu’à présent rejeté par les rebelles qui insistent sur le fait que le dirigeant Mouammar Kadhafi doit d’abord quitter le pouvoir.
Maite Nkoana-Mashabane a précisé que les négociateurs avaient l’intention de se retrouver dans quelques jours à Addis- Abeba pour recueillir les réponses des rebelles et du pouvoir au plan de paix proposé lors du sommet de l’UA, la semaine dernière, en Guinée équatoriale.
« Nous espérons que l’Union africaine se verra accorder suffisamment d’espace politique pour mener à bien son mandat et poursuivre sa feuille de route », a dit la ministre: « L’UA est incontournable pour une solution en Libye, et ne doit donc être ni tenue à l’écart ni affaiblie en aucune façon ».
Le plan de l’UA appelle les deux parties à engager des pourparlers et envisage le déploiement d’une force de paix multinationale organisée par l’ONU pour superviser un cessez-le-feu. « Nous ne chassons pas les présidents de leur pays », a encore dit Maite Nkoana- Mashabane. « Nous voulons un continent où les ex-présidents puissent vivre en toute tranquillité dans leur propre pays. Nous n’avons pas de calendrier pour son départ ».
LA RÉBELLION REÇUE LE 13 JUILLET PAR LES PAYS DE L’OTAN
Une délégation de la rébellion libyenne va être reçue, le 13 juillet, pour la première fois par les représentants de 28 pays de l’Otan à Bruxelles et parler avec eux de la transition vers la démocratie en Libye, a annoncé, mercredi, son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen.
« Le conseil de l’Otan (qui regroupe les ambassadeurs des pays de l’Alliance atlantique) aura une réunion informelle avec Mahmoud Jibril, le numéro deux de la rébellion, et d’autres représentants du CNT », le Conseil national de transition basé à Benghazi, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Bruxelles.
« Le but de cette réunion est d’échanger des points de vue et je pense que Jibril va présenter la feuille de route pour la transition vers la démocratie en Libye », a indiqué Rasmussen. « Le CNT a élaboré une telle feuille de route et c’est important pour le Conseil de l’Otan de discuter ce sujet avec Jibril », a-t-il souligné, répétant que « le but primordial » des entretiens était « d’échanger des points de vue ».
Le secrétaire général de l’Otan a souligné qu’il aurait lui-même « en plus (…) une rencontre bilatérale avec Jibril » ce jour-là. L’information sur une rencontre en tête-à-tête entre Rasmussen et la rébellion libyenne avait filtré, mardi, de source diplomatique mais pas celle d’une réception par l’ensemble des pays de l’Otan, qui marque un pas supplémentaire dans la reconnaissance internationale du CNT. L’Otan, pour sa part, n’a pas encore de représentation à Benghazi.
À cette occasion, un membre du CNT doit aussi rencontrer la semaine prochaine le président de l’Union européenne, Herman Van Rompuy. Et il aura « probablement » aussi un entretien avec le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, ainsi qu’avec un haut responsable du service d’action extérieure européen dont la chef, Catherine Ashton, sera alors absente. Si la diplomate en chef de l’UE a déjà reçu à Bruxelles un envoyé du CNT, côté Otan ce sera une première.
Rasmussen n’a pas voulu évaluer les chances de l’offensive lancée, hier matin, par les rebelles de l’Ouest en direction de Tripoli. Mais, a-t-il ajouté, « il est clair que le leader libyen, Mouammar Kadhafi, perd du terrain ». « Chaque jour sa machine de guerre est dégradée, ses généraux et ses ministres le lâchent et il a perdu le soutien de la communauté internationale ». « Bref, a-t-il estimé, la partie est terminée » pour le numéro Un libyen.
Le secrétaire général de l’Otan a souligné que depuis que l’alliance occidentale avait pris le contrôle des opérations, le 31 mars, elle avait « endommagé ou détruit 2 700 objectifs militaires légitimes, plus de 600 chars et pièces d’artillerie et près de 800 casemates et dépôts de munitions ».
Et, selon lui, « le résultat est facile à voir ». Quant à la livraison d’armes par la France aux rebelles libyens dans la même région ouest du pays, Rasmussen a répété qu’elle ne relevait pas de l’Alliance atlantique, « ne s’étant pas inscrite dans le cadre de l’Otan et n’ayant pas fait partie des opérations de l’Otan ».
Se refusant à tout autre commentaire, il a cependant noté que « cette livraison d’armes par la France avait eu pour but de protéger les civils, en les rendant aptes à se défendre contre les attaques » des troupes de Kadhafi.