Libye, John Kerry exige un gouvernement d’union sans délai

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La course contre la montre est engagée pour en finir au plus vite avec la situation chaotique en Libye qui constitue, à ne pas douter, le terreau de Daech, maître de Derna et de Syrte.

Dans cette descente aux enfers, particulièrement aggravée par le règne des milices trônant sur des institutions en déliquescence, la prise de conscience inspire un sursaut salvateur des pays voisins totalement impliqués dans le processus de dialogue inclusif et de la communauté internationale, appelant à une solution négociée de la crise.

Car les retombées de la déstabilisation à grande échelle se font durement sentir dans l’assaut des migrants lancés à la conquête de l’Eldorado européen et la montée en puissance de la menace de Daech aux frontières de l’Europe et du Maghreb. Le drame malien en est l’illustration parfaite. « Le Mali commence à se remettre sur pied, mais on commence à se rendre compte qu’il ne le sera vraiment que lorsque la crise libyenne aura trouvé une solution.

Le temps n’est pas avec nous, il faut aller vite », a déclaré, à New York, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, rappelant opportunément que c’est, en grande partie, du territoire libyen que sont venus les groupes armés qui ont déstabilisé le Nord-Mali en 2012.

« Il n’y a pas de temps à perdre », a martelé le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, lors d’une réunion ministérielle de haut niveau organisée, vendredi à New York, en marge de l’Assemblée générale, en présence de dirigeants libyens, de représentants de la Ligue arabe et de l’Union africaine ainsi que l’Algérie. Plus qu’une profession de foi maintes fois renouvelée par l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la Libye, Leon Bernardino, le devoir de responsabilité sonne l’urgence d’un consensus libyen pour la mise en place d’un gouvernement d’union nationale et l’application du plan de paix onusien.

L’avertissement solennel interpelle « chaque partie », tenue de prendre ses responsabilité en cet instant crucial », pour la désignation des noms des nouveaux dirigeants « non pas demain, non pas la semaine prochaine, mais maintenant ». Aux délégués libyens présents à New York, le secrétaire d’Etat américain a réclamé que « ce processus puisse être bouclé dans très peu de jours », en mettant en garde sur les conséquences de combat d’arrière-garde des milices et des dirigeants qui « continuent à se battre pour des intérêts autres que la Libye ».

Car, a-t-il relevé, « cela ne fera qu’aider Daech et c’est exactement ce à que quoi nous assistons ». La montée au créneau de Kerry traduit l’engagement américain pour donner un nouveau souffle au processus de négociation enlisé dans une lutte de leadership stérile. A la clôture de cette rencontre, l’émissaire onusien, Leo Bernardino, a reformulé en termes clairs les exigences des participants.

« Les participants de cette réunion, a-t-il souligné, ont pointé du doigt l’urgence de former sans délai un gouvernement d’union nationale avant le 21 octobre 2015. Les participants demandent aux Libyens de soutenir l’accord politique pour ne pas compromettre le futur de la population, ce qui doit être l’unique considération.

Les participants ont exprimé des craintes concernant la détérioration de l’ensemble de la situation en Libye et les menaces directes qui pèsent sur la stabilité du pays et son unité nationale.

Des menaces qui pèsent également sur l’ensemble de la région et sur la sécurité internationale. Ils ont noté avec inquiétude que les menaces terroristes s’intensifient détruisant l’économie, que les institutions sont divisées sans oublier la crise migratoire. Ce sont les plus grands défis auxquels la Libye doit faire face. Ils ont conclu que seul un gouvernement d’union nationale pourra unir les Libyens et repousser ces multiples menaces. »

Le constat de faillite est dressé par les Nations unis qui relèvent, dans un rapport, le drame du peuple libyen dont près de la moitié a besoin d’une assistance alimentaire. « Plus de trois millions de personnes ont été affectées par les conflits armés et l’instabilité politique que connaît la Libye, dont 2,44 millions seraient dans une situation nécessitant une protection et une assistance humanitaire », indique un rapport de l’Office des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires. Benghazi, Tripoli, Misrata, Syrte, Sebha et Derna : un enfer au quotidien pour une population vouée à l’exil interne et externe.

Larbi Chaabouni