Le porte-parole du gouvernement libyen, Moussa Ibrahim, a indiqué, tôt ce dimanche, qu’il disposait d’informations selon lesquelles l’Otan planifiait des raids sur Ras Jedir, un point frontalier entre la Libye et la Tunisie.
«Nous disposons d’informations affirmant que l’Otan planifie des bombardements intensifs sur le point de contrôle frontalier de Ras Jedir pour donner l’occasion aux bandes armées (rebelles), dont certaines sont positionnées du côté tunisien, d’entrer en territoire libyen», a déclaré à l’AFP M. Ibrahim.
Il a qualifié les intentions de l’Otan de «très dangereuses», avertissant que ce point frontalier était un point de passage pour des «milliers de Libyens, dont des femmes et des enfants». «En le bombardant, l’Otan commettra un nouveau massacre», a déclaré M. Ibrahim, mettant en garde contre un «acte illégal».
«Nous saluons le gouvernement tunisien et nous l’encourageons à fournir plus d’efforts pour que la Tunisie ne se transforme pas en point de départ de l’agression sur la Libye». «Nous saluons le peuple tunisien qui a empêché le déchargement d’un cargo d’armes destinées aux rebelles libyens, dans le port de Zarzis, dans le Sud tunisien», a-t-il ajouté. Il a appelé la communauté internationale à intervenir pour arrêter l’«agression» contre la Libye et «l’ONU à dénoncer et à condamner le trafic d’armes vers la Libye depuis la Tunisie, ce qui représente des violations des résolutions 1970 et 1973 des Nations unies». M. Ibrahim a lancé également un «appel aux organisations internationales et aux médias» pour «intervenir et mettre à nu les complots qui se trament contre la Libye», a-t-il dit.
Il a dénoncé, par ailleurs, des raids «intensifs de l’Otan sur tout le territoire libyen hier et aujourd’hui», notamment dans la région d’Abou Kammech, situé à 10 km du point frontalier de Ras Jedir. Le point frontalier de Ras Jedir est depuis plusieurs mois la seule issue vers l’extérieur pour le régime libyen, qui fait l’objet de sanctions internationales. Le ministre tunisien de l’Intérieur, Habib Essid, avait démenti jeudi le passage, via la Tunisie, d’armes en provenance du Qatar pour les insurgés libyens, n’écartant cependant pas le risque de trafic d’armes. «La situation sécuritaire est encore fragile» et les «patrouilles policières sont insuffisantes», avait expliqué le ministre de l’Intérieur.
Le Qatar, qui participe à l’opération militaire internationale contre le régime libyen, finance un des camps de réfugiés en Tunisie, qui est équipé d’un hôpital à Tataouine (Sud tunisien) et dont l’accès est contrôlé par l’armée tunisienne. Tripoli accuse implicitement la Tunisie de fermer les yeux sur un trafic d’armes financé par le Qatar, armes destinées aux rebelles du Jebel Nafoussa, au sud-ouest de Tripoli. Les armes transiteraient vers la Libye depuis le point frontalier de Dhehiba, contrôlé par les rebelles et situé à 200 km au sud de Ras Jédir.
R. I. / Agences