Libye et risques d’Al Qaïda,Consultations entre Alger et Londres

Libye et risques d’Al Qaïda,Consultations entre Alger et Londres
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La cinquième session du Comité bilatéral algéro-britannique aura lieu aujourd’hui à Alger. Selon le ministère des Affaires étrangères algérien, lors de cette rencontre il sera procédé à «une évaluation des relations entre les deux pays et à un échange des points de vue sur les questions politiques régionales et internationales d’intérêt commun». Il n’est pas écarté que la question de la Libye, notamment avec l’action de force menée par les pays de l’Otan, soit discutée entre les deux parties, en plus du risque sécuritaire que peuvent engendrer les événements de la Libye en ce qui concerne l’activité d’Al Qaïda.

Le rapprochement entre Londres et Alger se manifeste de plus en plus dans le dossier de la lutte contre le terrorisme, notamment dans la région du Sahel. La Grande-Bretagne, allié traditionnel des Etats-Unis, a soutenu la position de l’Algérie concernant le rejet du paiement de rançons. Les deux Etats n’ont pas la même vision sur ce qui se passe en Libye, notamment sur les opérations militaires menées par l’Otan. Cependant, les craintes de la montée de l’activité d’Al Qaïda du Maghreb Islamique sont apparemment partagées.

Dans ce cadre, le 22 mars dernier, l’Algérie a appelé à la «cessation immédiate» des hostilités en Libye, position exprimée par le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, en présence de son homologue russe Sergueï Lavrov, qui a été reçu par le président Bouteflika. Il avait estimé que la «crise profonde» que traverse ce pays «s’est aggravée avec l’entrée en action des forces des pays qui ont établi la zone d’exclusion aérienne». Il a jugé «disproportionnée cette intervention par rapport à l’objectif assigné par le Conseil de sécurité de l’ONU dans sa résolution 1973». Pour sa part, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait indiqué avoir eu avec le président Bouteflika des «consultations stratégiques sur tous les aspects des événements qui se déroulent dans la région». Il a ajouté que la position de son pays «coïncide tout à fait» avec celle de l’Algérie, notamment sur «le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes».

Dans un communiqué rendu public le 19 mars, le ministère des Affaires étrangères souligne que l’Algérie «prend acte» de la résolution et «partage pleinement l’objectif de la cessation immédiate des violences».

Par ailleurs, les événements en Libye ont provoqué une inquiétude par rapport à la montée de l’activité d’ Al Qaïda. A ce propos l’Algérie a exprimé les craintes «de voir Aqmi profiter du chaos en Libye pour se procurer des armes», sachant que la sécurité a été renforcée aux frontières à cause de ce risque. Des pays de la coalition, comme les États-Unis, ont aussi exprimé leurs craintes sur le sujet.

La session du Comité bilatéral algéro-britannique sera co-présidée par Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, et Alistair Burt, ministre d’Etat britannique chargé de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.

Ce comité est considéré comme principal cadre de consultations politiques entre l’Algérie et le Royaume-Uni, le comité bilatéral avait été institué par un accord signé en 2006.

Lors de la visite de M. Burt à Alger, le 11 novembre dernier, M. Messahel avait fait état d’une convergence de vues «totale» entre l’Algérie et le Royaume-Uni sur la question de la lutte contre le terrorisme dans la région. Dans ce cadre, les deux parties ont exposé leur approche sur la voie qu’ils doivent suivre en tant que pays de la région pour lutter contre le phénomène du terrorisme au Sahel, et «quelle est la place de nos partenaires européens et autres dans ce qui peut être apporté comme moyens d’accompagnement aux pays de la région dans la lutte antiterroriste» dira M.Messahel.

M. Burt avait admis que le terrorisme constituait une «menace pour tout le monde». Les entretiens de novembre dernier avaient permis en outre de passer en revue les différents aspects de la coopération entre les deux pays, notamment dans les domaines de l’énergie, des industries hors hydrocarbures, de la culture, de l’éducation et de l’assistance technique.

M. Messahel avait alors indiqué que les deux parties s’étaient mises d’accord pour travailler au renforcement de son cadre juridique. Il faut souligner que le dossier de l’extradition de Khalifa reste toujours en suspens.

Nacera Chenafi