Après une réunion discrète tenue en Algérie, dont a fait état ce matin Abdelkader Messahel, ministre délégué, chargé des Affaires maghrébines et africaines, les leaders politiques et militaires libyens sont attendus la semaine prochaine à Alger. Ces derniers ont demandé à l’Algérie de «les accompagner dans le processus de négociation», deux jours après la signature, le 1er mars à Alger, d’un accord préliminaire de paix et de réconciliation au Mali.
Après cette rencontre, a indiqué la Mission sur son site, une autre réunion se tiendra à Bruxelles et regroupera des représentants de municipalités libyennes dans le cadre du processus du dialogue interlibyen. La Mission a également convoqué une troisième réunion qui concernera les chefs de tribus et d’autres responsables de la société civile libyenne. Dans ce contexte, la Mission a appelé les chefs de groupes armés à un cessez-le-feu et à s’engager, dans le processus du dialogue, de «manière constructive». Les Etats-Unis ont salué le «leadership» de l’Algérie et son rôle pour aboutir à une solution à la crise libyenne. «Les Etats-Unis saluent le leadership de l’Algérie et ses efforts consentis pour trouver une solution à la crise libyenne à travers la création d’un gouvernement d’union nationale», a affirmé, hier, à Alger la sous-secrétaire d’Etat américaine chargée du Moyen-Orient, Anne W. Paterson. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, avait émis le vœu, dimanche dernier à l’occasion du paraphe, à Alger, de l’accord de paix et de réconciliation au Mali, que cela devrait être une «source d’inspiration» pour la recherche de «solutions durables» de paix en Libye. «Je ne peux m’empêcher de penser à notre pays frère, la Libye, en indiquant que ce que nous venons de faire ici, devrait pouvoir être une source d’inspiration pour inventer des solutions justes et durables à d’autres situations conflictuelles que nous voyons malheureusement se développer et s’aggraver sous nos yeux», a déclaré M. Lamamra à la clôture de la séance de paraphe de l’accord de paix et de réconciliation au Mali. Le chef de la diplomatie algérienne a ajouté que l’Algérie était «mobilisée» pour apporter sa contribution en «empruntant la voie de la réconciliation, de la paix et de la stabilité». En crise depuis la chute en 2011 de l’ancien régime, la Libye est dirigée par deux Parlements parallèles et deux gouvernements rivaux, l’un proche de la coalition des milices Fajr Libya, qui contrôle la capitale Tripoli, et l’autre reconnu par la communauté internationale.
R. I. / APS
Messahel : «Il y a déjà eu une réunion»
«Environ 200 personnalités libyennes se sont déjà réunies discrètement en Algérie», a révélé, ce matin, Abdelkader Messahel, ministre délégué, chargé des Affaires maghrébines et africaines, dans son intervention sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale.
«L’Algérie est directement concernée par la crise en Libye. La menace est certaine et pèse sur notre sécurité», a estimé le ministre, rappelant que la position de l’Algérie par rapport au dossier libyen est neutre. «Nous avons de bonnes relations avec le gouvernement de Tobrouk, ainsi qu’avec des représentants du gouvernement de Tripoli», a déclaré Abdelkader Messahel à ce propos. Messahel a également rappelé les efforts de l’Algérie dans ce dossier. «L’essentiel de notre action est que les Libyens aient un seul agenda afin de maintenir leur cohésion, préserver leur unité et s’engager dans un consensus de transition», a-t-il expliqué.
L’inquiétante progression de Daesh
Plus de 5 000 combattants étrangers ont rejoint la Libye pour rallier les rangs de l’Etat Islamique (EI, Daech), a révélé le ministre des Affaires étrangères libyen, Mohamed Al-Dairi, selon des propos rapportés par Newsweek. Al-Dairi, qui avait tenu ses propos au journal The Libyan Herald, a déclaré que beaucoup de «leaders terroristes» avaient rejoint la Libye pour rallier les rangs de groupes terroristes tels que Daech et Ansar Al-Charia. Hier encore, des groupes armés se sont emparés de deux champs pétroliers situés dans le centre du pays. «Des extrémistes ont pris le contrôle des champs d’Al-Bahi et Al-Mabrouk et sont en route pour prendre le champ d’Al-Dahra, après le retrait de la force qui était chargée de surveiller ces sites, faute de munitions», a déclaré à l’AFP, a déclaré le porte-parole des gardes des installations pétrolières, le colonel Ali Al-Hassi. Les sites d’al-Mabrouk et al-Bahi situés à quelque 200 km au sud de Syrte (environ 500 km à l’est de Tripoli) sont à l’arrêt depuis plusieurs semaines, en raison des violences et du fonctionnement ralenti des terminaux d’exportation.