«L’islam sera la principale source de la législation dans la nouvelle Libye», a déclaré, hier, lundi, le président du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil, dans son premier discours en public à Tripoli.
Le numéro un du CNT a tenu ces propos devant des milliers de Libyens réunis sur la place des Martyrs à Tripoli, au surlendemain de son arrivée dans la capitale, qu’il visite pour la première fois depuis le début du soulèvement contre le régime de Mouaâmmar Kadhafi, le 17 février dernier. «Nous n’accepterons aucune idéologie extrémiste de droite ou de gauche.
Nous sommes un peuple musulman, à l’islam modéré et nous allons rester sur cette voie», a-t-il ajouté. «Vous serez avec nous contre toute personne qui chercherait à voler notre révolution», a-t-il ajouté à l’adresse de l’assistance.
M. Adeljalil a qualifié la «libération de Tripoli de miracle qui s’est produit avec un minimum de pertes humaines». Pour les observateurs de l’évolution de la situation en Libye, ce premier discours du premier responsable du CNT renseigne déjà sur la couleur du futur gouvernement transitoire qui présidera aux destinées du pays. Les Libyens se disent confiants dans l’avenir en soutenant que leur pays ne connaîtra pas la descente aux enfers de l’Irak, étant moins exposé à Al-Qaîda et moins diversifié aux niveaux ethnique et confessionnel.
«La Libye ne sera pas un nouvel Irak. Notre situation est plus simple en comparaison avec ce pays avec sa diversité ethnique et politique», assure Abdel Salam al-Mismari, le coordinateur de la «Coalition du 17 février», un mouvement politique en gestation.
Les formations politiques irakiennes sont perçues par beaucoup de Libyens comme liées aux puissances régionales qui interfèrent dans les affaires intérieures de l’Irak et contribuent grandement à son instabilité. Il y a huit ans le régime de Saddam Hussein, prenait fin sous les coups de boutoir d’une coalition internationale conduite par les Etats-Unis. L’Irak ne connaît pas la stabilité depuis, et il est devenu l’un des bastions d’Al-Qaîda. Un tel scénario ne peut pas se produire en Libye, affirment chercheurs et spécialistes. «Il n’existe pas en Libye, avec sa société modérée et solidaire, de risque d’une émergence de groupes extrémistes», selon le chef d’état-major adjoint du CNT, le général Slimane Mahmoud. «Nous avons mené une guerre de libération, alors que l’Irak a subi une invasion extérieure», a déclaré le chef du Conseil militaire de Tripoli, Abdelhakim Belhadj, ce commandant soupçonné de liens anciens avec Al-Qaîda et qui passe son temps à nier avec force toute affinité idéologique avec ce réseau extrémiste.
«La société libyenne est homogène à 90%», souligne une chercheuse spécialisée dans les affaires du Moyen-Orient à l’Université du Michigan, aux Etats-Unis. La population libyenne est d’origine arabe dans son écrasante majorité avec des minorités berbères dans l’Ouest et africaine dans le Sud.
R. I. / Agences