Libye, Assassinat d’un ministre

Libye, Assassinat d’un ministre

Brahim Charaâ, le porte-parole de la Chambre de sécurité commune à Benghazi, attribue à cet assassinat à « des activistes islamistes » qui chercheraient à gagner en influence dans la région côtière qui est « plus stable que Tripoli ou Benghazi ».

Hassan al-Droui, vice-ministre libyen de l’Industrie depuis le gouvernement de Abdelrahim al-Kib et ancien membre du Conseil national de transition, a été criblé de balles, dans la nuit de samedi à dimanche, au moment où il sortait d’un magasin à Syrte, à 460 km à l’est de Tripoli. Cet assassinat est le premier d’un membre du gouvernement de transition.



Son tort ? Il effectuait une visite dans sa ville natale de Syrte, ancien bastion de Kadhafi. Brahim Charaâ, le porte-parole de la Chambre de sécurité commune à Benghazi, attribue à cet assassinat à « des activistes islamistes » qui chercheraient à gagner en influence dans la région côtière qui est « plus stable que Tripoli ou Benghazi ». « Ils ont ouvert le feu depuis un véhicule de type Toyota alors qu’il conduisait, il a été touché à de multiples reprises », dit-il.

« On a trouvé des explosifs attachés à sa voiture. L’hypothèse, c’est que la bombe n’a pas explosé et qu’à la place, ils lui ont tiré dessus », précise-t-il, avant d’ajouter que « Adel Houeidi, le frère du président de la recherche criminelle, a été blessé à Benghazi par des tirs d’inconnus armés ». Affaibli par des dissensions politiques et toujours sans armée et police à même de contrôler certaines régions du pays dans lesquelles règnent des milices, le gouvernement du Premier ministre Ali Zeidan n’ayant pas encore réagi à cet acte terroriste.

Le Congrès général national (CGN, Parlement), qui devait se réunir, hier, pour décider sur le sort de ce gouvernement, ne s’est finalement pas réuni. La raison ? Selon le député Mohamed Kilani, « aucun consensus ne s’est dégagé après plusieurs réunions entre les blocs politiques sur une éventuelle motion de censure ».

Zeidan, qui a annoncé la formation, pour cette semaine, d’un gouvernement qui « ne sera pas désigné sur la base des appartenances partisanes et politiques mais composé de technocrates et d’experts indépendants », réussira-t-il à éviter le vote de défiance ? Selon les analystes, si le cabinet voit le jour, il doit s’atteler à trouver de toute urgence une solution à la Cyrénaïque. Un mouvement dirigé par Ibrahim Djathran, qui contrôle depuis six mois plusieurs ports, se prépare à une sécession.Au Sud, les affrontements tribaux sur les différends historiques ou le contrôle de la contrebande aux frontières continuent. Notamment à Sebha, une région pétrolifère. Bilan des derniers heurts : 19 morts et 20 blessés.

Selon Ayoub al-Zarrouk, le président du conseil local de Sebha, les combats ont éclaté après la mort, jeudi, du chef d’une milice d’Awled Sleïman, qui accuse la tribu des Toubous d’être derrière ce meurtre. Ces affrontements sont les plus importants entre les deux tribus depuis le cessez-le-feu conclu en mars 2012 pour mettre fin à des combats ayant fait près de 150 morts et 40 blessés.

Les Toubous, qui vivent à cheval sur la Libye, le nord du Tchad et le Niger, dénoncent leur marginalisation. Les autres tribus leur reprochent la présence parmi eux de combattants étrangers, notamment des Tchadiens. Une présence qualifiée d’« invasion étrangère ».

Djamel Boukrine