A l’issue du sommet international qui a eu lieu hier à Paris et qui a réuni l’ONU, les principaux pays de l’UE, des pays arabes et la Ligue arabe ainsi que les Etats-Unis, la coalition internationale, menée par la France a bombardé la Libye.
Après des semaines d’hésitations, un mandat de l’ONU et un appui arabe, cette coalition, avec en tête les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, est passée, hier, à l’acte.
L’intervention militaire était souhaitée par l’opposition libyenne, surtout depuis la prise de contrôle ces derniers jours par les forces gouvernementales de plusieurs bastions rebelles à coups d’attaques aériennes et aux roquettes.
Washington et Londres ont lancé plus de 110 missiles de croisière Tomahawk à partir de navires et sous-marins depuis hier à 19h00 GMT contre plus de 20 objectifs, dont des systèmes de défense antiaérienne et des nœuds de communication stratégiques, tous sur la côte méditerranéenne de la Libye.
L’intervention, coordonnée d’un QG américain en Allemagne, a débuté par une frappe aérienne française contre un véhicule des forces pro-Kadhafi à 16h 45 GMT, le premier tir après le feu vert jeudi de l’ONU au recours à la force. Des chasseurs bombardiers britanniques Tornado ont également participé aux raids tirant des missiles de croisière Stormshadow.
Selon un bilan provisoire de source officielle libyenne, 48 personnes ont trouvé la mort et 150 autres ont été blessées dans ces attaques, dont 26 à Tripoli.
Ce matin vers 00h 30 GMT, un bombardement aérien a visé Tripoli et la défense anti-aérienne déployée dans la capitale, notamment dans la résidence-caserne du dirigeant libyen à Bab Al-Aziziya, est entrée en action.
Un avion a survolé le secteur, mais aucune indication n’a pu être obtenue dans l’immédiat sur les cibles visées. Les tirs, entendus pendant environ 40mn, ont été intenses pendant un quart d’heure puis plus sporadiques avant le retour au calme sur la capitale jusqu’au lever du jour.
Auparavant, les autorités libyennes avaient fait état «d’objectifs civils et militaires» touchés et de «graves dégâts matériels» à Misrata, à l’est de Tripoli, ainsi qu’à Zouara (ouest), Syrte (est), la ville natale de Kadhafi, et Benghazi, bastion rebelle dans l’Est.
L’opération internationale a été en revanche saluée par des tirs de joie et des coups de klaxon à Al-Marj, à une centaine de kilomètres au nord-est de Benghazi, épicentre de l’insurrection à un millier de kilomètres à l’est de Tripoli.
Premiers raids aériens britanniques
Des chasseurs bombardiers Tornado ont lancé les premiers raids aériens britanniques sur la Libye, ont annoncé, ce dimanche, des responsables de la défense à Londres.
«Je peux maintenant confirmer que la RAF (Royal air force) a également tiré des missiles Stormshadow à partir d’un certain nombre de Tornado GR4», a déclaré le porte-parole de l’armée. Les Stormshadow sont des missiles de croisière.
Les avions ont décollé de l’est de l’Angleterre et parcouru 4 800 km avant de larguer leurs missiles puis de rentrer à leur base. Les raids ont été la mission de bombardement la plus lointaine menée par la RAF depuis la guerre des Malouines contre l’Argentine en 1982.
Les chasseurs bombardiers étaient accompagnés d’un avion ravitailleur et d’appareils de surveillance radar.
Les bombardements ont cessé ce matin
Les bombardements menés par la coalition internationale contre les objectifs militaires du colonel Mouammar Kadhafi ont cessé ce dimanche matin dans Tripoli et Benghazi, bastion des rebelles dans l’est, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Au lever du jour ce dimanche, les bombardements avaient cessé dans Tripoli et ses alentours. Dans Benghazi, le bastion des rebelles dans l’est de la Libye, les bombardements avaient également cessé et la deuxième ville du pays était calme. Des habitants, qui avaient fui la ville hier samedi en raison des tirs violents des forces de Kadhafi, commençaient à revenir.
Alain Jupé : «L’objectif, c’est la chute de Kadhafi»
Les Etats-Unis vont participer «pleinement» aux opérations militaires en Libye «dans les heures ou les jours qui viennent», a déclaré, hier, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, en soulignant que l’objectif était d’obtenir la chute du leader libyen, Mouammar Kadhafi. Le but de l’intervention internationale en Libye est «d’aider le peuple libyen à se libérer de Mouammar Kadhafi», même si cela n’est pas explicitement prévu par la résolution 1973 du Conseil de sécurité, a déclaré le ministre français à la chaîne de télévision France 2.
«Nous allons aider le peuple libyen à se libérer.» «Ce n’est pas inscrit dans la résolution du Conseil de sécurité qu’il doit s’en aller, mais il est bien évident, ne racontons pas d’histoires, que le but de tout cela est de permettre au peuple libyen de choisir son régime», a dit le ministre. «Je n’ai pas le sentiment qu’aujourd’hui son choix se porterait sur le colonel Kadhafi», a-t-il précisé.
Bilan provisoire des bombardements : 48 morts
Une source officielle libyenne a indiqué que les bombardements aériens et par missiles menés par la coalition contre le régime de Mouammar Kadhafi ont fait au moins 48 morts. «48 personnes ont trouvé la mort, dont 26 à Tripoli», a indiqué cette source sous le couvert de l’anonymat, faisant état d’un «bilan provisoire». Les forces armées libyennes ont confirmé ce premier bilan dans un communiqué publié par l’agence libyenne Jana, ajoutant que 150 personnes ont été blessées. «Cette agression a provoqué la mort de 48 martyrs, dont la plupart sont des enfants, des femmes ou des personnes âgées», selon le communiqué.
Kadhafi prédit une longue guerre et une victoire pour la Libye
Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a affirmé ce dimanche que son pays ne laisserait jamais «les pays croisés» prendre possession et exploiter son pétrole, dans un message sonore diffusé sur la télévision officielle.
Il a, en outre, prédit une «longue guerre», affirmant que «tout le peuple libyen porte des armes» et qu’il va «vaincre». Dans un court enregistrement sonore diffusé par la télévision officielle quelques heures après le début des opérations, le numéro un libyen a menacé de transformer la mer Méditerranée en «champ de bataille» et affirmé que les «dépôts d’armes» étaient ouverts pour défendre la Libye. Il a affirmé qu’il s’attaquerait à «tout objectif civil ou militaire» en Méditerranée.
«Les intérêts des pays ayant participé à l’agression seront en danger», a-t-il prévenu. L’opération internationale a été en revanche saluée par des tirs de joie et des coups de klaxon à Al-Marj, à une centaine de km au nord-est de Benghazi, épicentre de l’insurrection, à un millier de kilomètres à l’est de Tripoli.
Sarkozy à la reconquête de sa stature internationale
Seul devant les caméras du monde entier pour annoncer une opération militaire en Libye d’inspiration française, Nicolas Sarkozy est aussi parti à la reconquête de son image internationale, à un an d’une élection présidentielle plutôt mal engagée.
Au plus bas dans les sondages, le Président français comptait sur cette année 2011 pour asseoir sa dimension internationale, servi par une double présidence du G8 et du G20.
L’offensive diplomatico-militaire du dirigeant français en Libye fait consensus dans la classe politique française, qui avait violemment critiqué en début d’année les cafouillages de la politique arabe de Paris, au moment des révoltes en Egypte et Tunisie.
Seule la dirigeante de l’extrême droite, Marine Le Pen, s’est démarquée de l’opération militaire internationale, à forte coloration française.
«Est-ce que les Français ont envie que nos soldats entrent en guerre contre la Libye, alors que nous sommes embourbés en Afghanistan ?», a-t-elle demandé. Sur la scène intérieure, Nicolas Sarkozy est très affaibli. La montée du chômage, les résultats mitigés face à l’insécurité et les débats incessants sur l’immigration et l’islam font de lui un Président qui bat des records d’impopularité. La crise libyenne et l’option militaire risquée qu’il a choisie, offrent à Nicolas Sarkozy une possibilité de rebondir.