Des milliers de tonnes de munitions et d’armement sophistiqué, qui subsistent encore en Libye, risquent de tomber entre les mains des insurgés au Darfour et des terroristes d’Al-Qaîda au Maghreb.
Des stocks de centaines d’armes et de munitions subsistent encore en Libye et des lance-missiles pourraient avoir été dérobés, a indiqué, hier, mercredi, le représentant spécial de l’ONU pour la Libye, Ian Martin, devant le Conseil de sécurité à New York. Des sites destinés à stocker des armes chimiques – et inconnus jusqu’alors – ont été découverts depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, a déclaré M. Martin. Selon lui, le régime Kadhafi a accumulé «le plus vaste stock de missiles anti-aériens», communément appelés Manpads.
Des responsables des Nations unies ont récemment fait part de leur crainte que certaines de ces armes et munitions ne soient déjà parvenues aux rebelles du Darfour ou aux insurgés d’Al-Qaîda au Maghreb islamique.
«Des milliers d’exemplaires ont été détruits lors des opérations de l’Otan. Mais je dois vous faire part de nos inquiétudes croissantes quant au pillage et à la probable prolifération de Manpads», a souligné le diplomate. Les armes chimiques et le matériel nucléaire sont dans leur majorité aux mains des forces du Conseil national de transition (CNT), a assuré Ian Martin. Mais il a prévenu : «Il est de plus en plus clair qu’ il existe des sites où se trouvent des armes chimiques, dont l’existence n’avait pas encore été révélée.»
De larges étendues ont été minées autour de nombreuses villes et un nombre élevé de bombes et missiles qui n’ont pas explosé se trouvent encore à Syrte et Bani Walid. «A Tripoli, des stocks importants (de munitions) subsisteraient dans des zones résidentielles, où se trouvent notamment des écoles et des hôpitaux.
Elles ont été déposées là par les forces de Kadhafi pour les protéger lors d’attaques aériennes et elles n’ont toujours pas été mises en sécurité», a rapporté Ian Martin. Sur le terrain, un journaliste de l’AFP a constaté la présence dans le désert libyen, à 120 km au sud de Syrte, d’un arsenal de dizaines de milliers de tonnes de munitions dont l’accès est complètement libre.
L’ONG Human Rights Watch, qui affirme que de nombreux pillages ont déjà eu lieu sur ce site où elle évalue la quantité de munitions stockées à des «dizaines de milliers de tonnes», a déploré «l’échec» du CNT à «sécuriser les stocks d’armes», alors que «cela fait des mois que nous avertissons le CNT et l’OTAN» du danger.
Le chef d’état-major du Qatar, pays participant à l’offensive contre les troupes de Kadhafi, a déclaré qu’après la fin de la mission de l’Otan, une autre coalition dirigée par son pays superviserait «l’entraînement des forces armées, la collecte des armes et l’intégration des rebelles au sein des institutions militaires».
Le président soudanais, Omar el-Béchir, a également affirmé avoir soutenu les troupes du CNT, assurant qu’«une partie de l’armement des forces qui sont entrées à Tripoli était soudanaise à 100%».
R. I. / AFP