Des dirigeants locaux de la ville de Misrata, à l’est de Tripoli, ont demandé hier soir à tous les groupes armés originaires de la ville de quitter la capitale libyenne sous 72 heures.
Les dirigeants, dignitaires et commandants ex-rebelles de la ville de Misrata, ont décidé du « retrait de tous les ex-rebelles de la ville de Misrata se trouvant à Tripoli quelque soit leur groupes ou noms (…) sous 72 heures », ont-t-il indiqué dans un communiqué lu tard dans la soirée.
Le communiqué estime que les heurts résultent d’un plan préparé d’avance « pour porter atteinte à l’image de la ville et la montrer comme si elle était l’obstacle à la construction de l’Etat ».
Durant cette même journée, le ministère de la Défense avait ordonné la démolition des villas occupées par les miliciens de Misrata à Gharghour, qui sont d’anciennes demeures de proches du régime Kadhafi investies par les rebelles en 2011. Ces derniers refusant de quitter ces sites qu’ils occupent dans la capitale, qu’ils considèrent comme un butin de « leur guerre contre le régime de Kadhafi ». Le gouvernement a publié toutefois un communiqué plus tard, affirmant qu’il annulait la décision de démolition signée par le vice-ministre de la Défense. « Les événements de ces derniers jours (…) illustrent l’étendue des actes irresponsables des milices (…) et l’incapacité du gouvernement à les contrôler », a estimé Hanan Salah, représentante de Human Rights Watch en Libye. Déplorant l’impunité des milices en raison des dysfonctionnements du système judiciaire libyen depuis l’insurrection de 2011, Mme Salah a estimé que « la priorité pour les autorités est maintenant d’avoir une emprise sur ces groupes rebelles, les désarmer (…) et leur demander des comptes pour les crimes commis ». « Sinon, il y a un risque réel d’une escalade de la violence », a-t-elle ajouté. Parallèlement, nous apprenons ce matin que le numéro deux des renseignements libyen enlevé en fin d’après midi hier en plein centre de la capitale, Tripoli, a été libéré par ses ravisseurs. »Le vice-président des renseignements a été enlevé peu après son retour à Tripoli d’un voyage à l’étranger », avait déclaré un responsable de sécurité à l’AFP.
Un ex-commandant rebelle qui était aux côtés de Mustapha Nouh lors de son enlèvement a expliqué à une chaîne de télévision que des hommes armés les avaient arrêtés à leur sortie de l’aéroport, les forçant à monter dans une voiture dont la destination lui était inconnue. Lui a pu s’échapper en ouvrant sa portière, a-t-il ajouté. En outre, des dizaines de manifestants ont envahi sans violence la salle du Congrès général national (CGN), plus haute autorité du pays, pour réclamer le départ des milices de Tripoli.
R. I. / Agences
Tentative d’assassinat contre un gouverneur militaire
Le gouverneur militaire de la ville de Benghazi, chef lieu de l’Est libyen, a échappé ce matin à une tentative d’assassinat au cours de laquelle un de ses compagnons a été tué et un autre grièvement blessé. «Le cortège du Colonel Abdallah al-Saiti, chef de la Chambre commune de sécurité et gouverneur militaire de Benghazi, a été attaqué lors de son passage dans le quartier al-Hadeq, faisant un tué et un blessé grave parmi ses compagnons», a indiqué à l’AFP un responsable de sécurité, le Colonel Abdallah al-Zaidi dépendant de la Chambre commune de sécurité. Un organisme au sein duquel sont représentés tous les corps chargés de la sécurité de la ville. «Des experts en explosifs mènent actuellement un ratissage de la zone pour déterminer la manière dont a été attaqué le convoi et la quantité d’explosifs utilisés dans cette explosion qui a été entendue dans la plupart des quartiers de la ville», a-t-il ajouté. Il a souligné que des véhicules appartenant à des particuliers ou à des concessionnaires automobiles avaient été grandement endommagés par l’explosion. Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011 après huit mois de conflit, l’Est libyen est régulièrement le théâtre d’assassinats, attribués par des experts à des islamistes extrémistes. Plus d’une centaine d’officiers de l’armée et de la police, ainsi que des juges, ont été pris pour cible jusqu’à présent. Le gouvernement intérimaire, qui peine à mettre sur pied une armée et une police, a annoncé à plusieurs reprises des plans de sécurité pour contrer la violence dans la région de Benghazi, pour l’heure sans succès.
Colère des habitants
Ces derniers évènements ont ravivé la colère à Tripoli où le Conseil local (équivalent d’une mairie) avait appelé hier à une grève générale de trois jours «en signe de deuil» et de solidarité avec les familles des victimes. Hier en fin d’après-midi, plusieurs routes étaient fermées à la circulation. Dans la vieille ville et au centre de Tripoli, ainsi que dans les banlieues de Fachloum, Tajoura (est) et de Janzour (ouest), les magasins ont laissé leurs rideaux baissés, à l’exception de quelques commerces alimentaires et cafés, selon des journalistes de l’AFP. Les banques ont fermé leurs portes, ainsi que la plupart des écoles et des universités. «Malheureusement, plusieurs écoles ont fermé aujourd’hui», a indiqué à l’AFP un porte-parole du ministère de l’Enseignement, sans pouvoir préciser la proportion des grévistes. Dans un communiqué, le Conseil local de Tripoli a appelé les habitants de la capitale «au calme et à la retenue», les invitant à donner une chance à des médiations en cours en vue de mettre fin aux violences. Les habitants, exaspérés par les exactions de ces milices, ont pour leur part appelé samedi à la désobéissance civile, érigeant des barricades sur d’importantes artères et brûlant des pneus. Les Tripolitains continuent de protester régulièrement contre la présence de factions armées.