Des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines d’autres blessées, hier, lorsqu’une manifestation pacifique contre la présence de milices dans la ville a dégénéré en affrontements à Tripoli.
«Le bilan est actuellement de 31 morts et de 285 blessés», a indiqué le ministre libyen de la Santé, Noureddine Daghmane, sans faire de distinction entre les manifestants tués par la milice de Gharghour et les personnes mortes dans l’attaque de son QG en représailles aux premiers tirs.
En début d’après-midi, des centaines de manifestants se sont approchés du QG d’une milice originaire de Misrata (est), et baptisée Gharghour du nom du quartier du sud de Tripoli où elle est basée. Des membres de cette milice ont alors tiré en l’air pour tenter de les disperser. Mais voyant que les protestataires n’obtempéraient pas, ils ont tiré sur eux, selon un journaliste de l’AFP qui a vu des blessés. Dans la soirée, en représailles, des hommes armés à bord de pick-up munis de canons anti-aériens ont pris d’assaut et incendié le quartier général de cette milice, installé dans d’anciennes villas des cadres du régime Kadhafi, selon des témoins. Entre 2h 00 et 4H00 (GMT+2), des explosions et des coups de feu sporadiques étaient entendus depuis plusieurs quartiers de la capitale, après l’arrivée de «renforts» de Misrata, selon des témoins. «Nous demandons à toutes les factions armées un cessez-le-feu pour que le gouvernement puisse (…) rétablir le calme dans la capitale», avait indiqué le gouvernement, appelant la population à éviter Gharghour. Dans un communiqué, le Premier ministre a affirmé que «la manifestation était pacifique et a essuyé des tirs quand elle est entrée à Gharghour», revenant sur des propos tenus plus tôt dans lesquels il expliquait que ces heurts avaient opposé «des manifestants armés à des hommes armés». Le président du Conseil local de Tripoli, l’équivalent de la mairie, Sadat al-Badri, soulignant que les manifestants étaient pacifiques, a affirmé que les tirs provenaient du QG de la milice. «Nous allons annoncer une grève générale et entrer dans la désobéissance civile jusqu’au départ de ces milices», a averti M. Badri. Les imams de la ville avaient appelé dans leurs prêches du vendredi les Tripolitains à manifester contre les milices, relayant des appels en ce sens du mufti, la plus haute autorité religieuse du pays, ainsi que du Conseil local. Peu avant de défiler devant le QG de la milice, les manifestants s’étaient rassemblés sur une place du centre-ville, brandissant le drapeau national et des fanions blancs pour souligner le caractère pacifique de leur manifestation, a constaté l’AFP. «Non aux milices», «Oui à la police et à l’armée», pouvait-on lire sur leurs pancartes, exprimant l’exaspération des habitants de la capitale qui ne supportent plus les exactions et l’impunité des milices.
R. I. /AFP