La population affirme vouloir déloger les milices armées de la ville.
Au moins 28 personnes ont été tuées et près de 60 autres blessées, hier, samedi, à Benghazi, dans des affrontements entre une brigade d’ex-rebelles et des manifestants «anti-milices».
Des dizaines de manifestants, dont certains armés, ont tenté hier, samedi, de déloger la brigade «Bouclier de Libye» de sa caserne, provoquant un affrontement entre les deux groupes. Les protestataires affirment vouloir déloger les «milices» armées de leur ville, appelant les forces régulières à prendre le relais. Cette brigade formée d’anciens rebelles ayant combattu le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, relève formellement du ministère de la Défense. Les autorités libyennes, qui peinent à former une armée et une police professionnelles, ont régulièrement recours à ces ex-rebelles pour sécuriser les frontières ou s’interposer dans des conflits tribaux. Le porte-parole de «Bouclier de Libye», Adel Tarhouni, a fait état de son côté d’un mort et de sept blessés au sein de sa brigade. M. Tarhouni a défendu «la légitimité» de sa brigade, affirmant qu’elle dépendait officiellement du ministère de la Défense. Selon lui, il y a eu d’abord une manifestation pacifique de plusieurs heures devant le QG de sa brigade, une ancienne caserne de l’armée de Kadhafi. «La manifestation a été infiltrée par des hommes armés qui ont tiré sur nos locaux et ont jeté des Jelatina» (bombe artisanales), a-t-il expliqué à la chaîne de télévision, Libya El Ahrar.
Ali al-Chikhi, porte-parole du chef d’état-major, a affirmé que ces milices étaient «une force de réserve de l’armée libyenne» et que l’attaquer équivalait «à une agression contre une force légitime». Le colonel El Chikhi a qualifié cette attaque de «très dangereuse», appelant toutes les parties à la retenue.
Dans la nuit de samedi à dimanche, le Premier ministre Ali Zeidan a annoncé que «Bouclier de Libye» avait quitté sa caserne et que l’armée régulière avait pris possession des lieux et contrôlait les armes lourdes qui s’y trouvaient. Dans une déclaration à la télévision nationale, M. Zeidan a annoncé l’ouverture d’une enquête pour déterminer les responsabilités. Pour rappel, en octobre dernier, des habitants de Benghazi s’étaient déjà rebellés contre les milices, délogeant certaines d’entre elles de leurs bases. Le nouveau pouvoir en Libye a échoué à désarmer et à dissoudre les groupes d’ex-rebelles qui font la loi dans le pays et tente de légitimer certains d’entre eux malgré l’opposition d’une grande partie de la population. Benghazi, la deuxième ville de Libye d’où était partie en 2011 la contestation qui a conduit à la chute du régime de Kadhafi, a été le théâtre ces derniers mois de plusieurs attaques contre des intérêts occidentaux et d’assassinats de responsables de la sécurité.
R. I. / Agences