Les Américains restent attentifs à ce qui se passe dans le monde arabe, agité par des révoltes à effet domino. Commentant les résolutions du dernier Conseil des ministres, notamment la levée de l’état d’urgence, le département d’Etat américain a estimé que «la décision du gouvernement algérien de lever l’état d’urgence est positive mais elle doit se traduire par une extension des libertés et un véritable changement».
Sofiane Aït-Iflis – Alger (Le Soir) – Ce commentaire a été publié par le porte-parole du département d’Etat américain, Philip Crowley. C’est pour la seconde fois que le département d’Etat américain s’exprime sur les événements qui se déroulent en Algérie. Le 13 février dernier, au lendemain de la marche réprimée de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), Philip Crowley avait réagi par appeler les forces de sécurité algériennes à faire preuve de retenue face aux manifestants.
Si le ton était diplomatique, il n’a pour autant pas laissé indifférent. «Nous réaffirmons notre soutien aux droits universels du peuple algérien, y compris les droits de réunion et d’expression (…)», avait affirmé le diplomate américain. La diplomatie algérienne n’a pas réagi officiellement à cette appréciation américaine de l’interdiction opposée à une manifestation publique et à la répression policière qui s’était abattue sur les manifestants. La réaction est venue plutôt des partis de l’Alliance présidentielle. Ces derniers ont considéré la réaction du département américain comme une ingérence dans les affaires intérieures du pays. La dénonciation n’a pas raté de suivre.
Il est devenu coutumier en Algérie que la réaction à des déclarations ou positions étrangères relativement à la situation politique interne émane de circuits «semi-officiels», tantôt elle est exprimée par des partis intégrés dans les institutions de l’Etat, tel le gouvernement, et tantôt à travers un commentaire d’Algérie presse service (APS).
Mais il reste que le pouvoir algérien est soucieux de son image au niveau international. C’est ainsi que lors de la dernière marche de la CNCD à Alger, les forces anti-émeutes, déployées en grand nombre, se sont gardées de reproduire ouvertement les brutalités comme ce fut le cas lors de la marche du 12 février. Cela étant, le département d’Etat américain, qui semble garder un œil sur le bouillonnement dans cette partie du globe que sont l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, estime que les réponses apportées par le gouvernement algérien aux aspirations populaires restent en deçà des attentes. Selon Philip Crowley, il reste au gouvernement à étendre concrètement les résolutions du dernier Conseil des ministres vers plus de liberté.
Ceci même s’il a estimé que la levée de l’état d’urgence ainsi que le reste des mesures prises en vue de ramener un apaisement sur le front social sont à cataloguer comme des décisions positives.
S. A. I.