Liberté économique : l’Algérie dans la « zone rouge » (étude)

Liberté économique : l’Algérie dans la « zone rouge » (étude)

Pendant une grande partie de l’Histoire, les hommes ont manqué de libertés économiques, ce qui a condamné la majorité d’entre eux à souffrir la pauvreté et les privations. Aujourd’hui, cependant, nous vivons l’époque la plus prospère de l’histoire de l’humanité. La pauvreté, les maladies et l’ignorance reculent dans le monde entier. C’est pourquoi l’indice de liberté économique 2022 mesure les principes qui ont alimenté ces progrès monumentaux. Il s’agit d’un guide annuel publié par la Heritage Foundation, le groupe de réflexion numéro un de Washington.

L’indice analyse 12 libertés — des droits de propriété à la liberté financière — dans 184 pays. Découvrons donc le score et le classement de l’Algérie dans l’Index of Economic Freedom, et vérifions le degré de liberté économique qui règne dans notre pays d’après cet indice.

Qu’est-ce que la liberté économique ?

Selon le think tank Heritage, auteur du rapport, « la liberté économique est le droit fondamental de tout être humain à contrôler son travail et ses biens. Dans une société économiquement libre, les individus peuvent travailler, produire, consommer et investir comme bon leur semble ; de leur côté, les gouvernements permettent à la main-d’œuvre, aux capitaux et aux biens de circuler librement tout en s’abstenant de toute coercition ou contrainte à la liberté au-delà de ce qui est nécessaire pour protéger la liberté elle-même. »

carte du monde de l'indice de liberté économique

Carte du monde de l’indice de liberté économique 2022 | Vert : libre ; Rouge : non libre (source : heritage.org)

Comment l’indice mesure-t-il la liberté économique ?

Heritage mesure la liberté économique en fonction de 12 facteurs quantitatifs et qualitatifs, regroupés en quatre grandes catégories :

  1. L’État de droit : droits de propriété, intégrité du gouvernement, efficacité judiciaire.
  2. Poids du gouvernement : dépenses publiques, charge fiscale, santé fiscale.
  3. Efficacité de la législation : liberté des entreprises, liberté du travail, liberté monétaire.
  4. Ouverture des marchés : liberté de commerce, liberté d’investissement, liberté financière.

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Chacune de ces douze libertés est notée sur une échelle de 0 à 100. Le score global d’un pays se calcule par la moyenne des douze scores. Un poids égal est accordé à chacun des indicateurs.

L’Index of Economic Freedom sépare les pays, selon le score obtenu, en cinq blocs :

  • Économie libre : score entre 80 et 100
  • Économie majoritairement libre : score entre 70 et 80
  • Économie modérément libre : score entre 60 et 70
  • Économie majoritairement non libre : score entre 50 et 60
  • Économie réprimée : score inférieur à 50
top 10 mondial de l'indice de liberte economique 2022

Les dix pays aux économies les plus libres dans le monde selon l’Index of Economic Freedom 2022.

Il est intéressant de noter que sur les 184 pays étudiés, un seul pays d’Afrique se classe parmi les économies « majoritairement libres ». C’est l’Île Maurice. Sept autres pays africains rentrent dans la catégorie des économies « modérément libres ». Ces pays sont :

  1. Île Maurice : 70,9
  2. Cap vert Verde : 66,7
  3. Botswana : 64,8
  4. Côte d’Ivoire : 61,6
  5. Seychelles : 61,1
  6. République du Bénin : 61,0
  7. Sao Tomé & Principe : 60,3
  8. Sénégal : 60,0

Ces 16 économies africaines qui ont des « économies réprimées »

bateau transportant des conteneurs

L’économie algérienne est l’une des plus « fermée » du continent africain.

L’indice de liberté économique attribue à 16 pays d’Afrique un score inférieur à 50 points. Ceux-ci figurent alors dans la catégorie des nations à « l’économie réprimée ». C’est dans ce groupe qu’on retrouve l’Algérie.

  1. Tchad : 49,8
  2. Éthiopie : 49,6
  3. Égypte : 49,1
  4. Zambie : 48,7
  5. République du Congo : 48,5
  6. Lesotho : 48,1
  7. Libéria : 47,9
  8. République démocratique du Congo : 47,6
  9. Guinée équatoriale : 47,2
  10. Guinée-Bissau : 46,0
  11. Algérie : 45,8
  12. République centrafricaine : 45,7
  13. Érythrée : 39,7
  14. Burundi : 39,4
  15. Zimbabwe : 33,1
  16. Soudan : 32,0
Catégorie des pays à l'économie réprimée

Catégorie des pays à « l’économie réprimée » selon l’Index of Economic Freedom. L’Algérie figure dans les dernières places du classement.

Lecture dans le score de l’Algérie

Le score de liberté économique de l’Algérie est de 45,8. Notre pays occupe ainsi la 167e place du classement mondial. L’Algérie arrive à l’avant-dernier rang (13e sur 14 pays) de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. C’est aussi la 6e économie africaine « la plus fermée ». Son score global est inférieur aux moyennes régionale et mondiale.

La croissance économique de l’Algérie a ralenti entre 2017 à 2019 ; en 2020 elle fut négative, puis a rebondi en 2021. Une tendance de cinq ans d’augmentation de la liberté économique a été rompue. La baisse du score de l’Algérie dans les droits de propriété et la santé fiscale a engendré une perte globale de 0,7 point de liberté économique depuis 2017. Selon l’analyse de Heritage Foundation, la liberté monétaire demeure forte en Algérie, mais l’état de droit et l’ouverture des marchés présentent des faiblesses.

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Par ailleurs, la rigueur de la réponse du gouvernement algérien à la crise du covid-19 se classe au 106e rang des pays inclus dans cet indice. L’économie nationale s’est contractée de 6,0 % en 2020.

Poids de la fiscalité en Algérie

Le taux maximal de l’impôt sur le revenu des particuliers est de 35 %. Celui de l’impôt sur les sociétés est de 26 %. La charge fiscale globale constitue 37,2 % du revenu national total. Les dépenses publiques ont représenté 37,8 % de la production totale (PIB) au cours des trois dernières années. Les déficits budgétaires ont atteint en moyenne 5,9 % du PIB. La dette publique équivaut à 53,1 % du PIB.

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Du reste, l’Algérie a deux accords commerciaux préférentiels en vigueur. Le taux tarifaire moyen pondéré en fonction des échanges est de 13,8 %. En outre, des couches de barrières non tarifaires entravent considérablement les flux commerciaux dynamiques. Les politiques gouvernementales, telles que les restrictions sur les niveaux de propriété étrangère, continuent de limiter les investissements étrangers. Le crédit est difficile d’accès et le marché des actions est sous-développé, avec une capitalisation inférieure à 5 % du PIB.