Liberté d’opinion et d’expression en Algérie: Les reserves de l’ONU

Liberté d’opinion et d’expression en Algérie: Les reserves de l’ONU

1.jpgL’ONU émet des réserves au sujet de la situation des libertés collectives et individuelles en Algérie, notamment la liberté d’opinion et d’expression. Les « efforts » de l’État algérien de les promouvoir s’avèrent on ne peut plus insuffisants. Beaucoup même, reste à faire. Hier, Frank la Rue, rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion du droit à la liberté d’opinion et d’expression a rendu public les « conclusions initiales » de sa visite en Algérie. Le rapport final sera remis au Conseil des droits de l’homme de l’ONU en 2012.

Dans ses conclusions, Frank la Rue constate, non sans une pointe de déception, que des entraves subsistent toujours dans l’exercice de la profession de journaliste. Il cite l’article 97 du Code de l’information.

Celui-ci stipule : «quiconque offense délibérément par l’intermédiaire des moyens d’information, les Chefs d’État en exercice, est puni d’un emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 3 000 à 30 000 DA ou de l’une des deux peines seulement». Pour lui, il y a là, une volonté des pouvoirs publics de faire peur aux journalistes.

Certes des avancés «notables» ont été constatées après la décennie noire, mais les professionnels des médias continuent de subir des pressions les empêchant d’exercer convenablement leur métier. Preuve en est, le 5 mars dernier, 10 journalistes ont été arrêtés alors qu’ils couvraient la marche de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (Cncd).

L’autre fausse note relevée par Frank la Rue : l’accès à l’information, notamment au niveau des institution de l’État, est verrouillé. Pour lui, ces institutions devaient mettre en place des mécanismes facilitant l’accès à l’information pour les journalistes. Il a appelé, aussi, l’Assemblée populaire nationale (APN) à s’y mettre afin de prendre en charge cet épineux problème.

La création d’une organisation des journalistes, figurait parmi les recommandations du rapporteur de l’ONU. La création de nouveaux journaux ne doit pas être soumise à l’agrément de l’État. Mais, celle-ci (création de nouveaux journaux) doit «se concrétiser sur une simple déclaration», ce qui «n’est pas le cas», renchérira l’envoyé de Ban Kimoon. La Publicité doit être, à ses dires, octroyée aux journaux d’une manière équitable et transparente.

Alors qu’aujourd’hui, notera le même responsable, la publicité et même l’imprimerie sont utilisées par l’État afin d’exercer les pressions sur les journaux.

S’agissant des médias lourds, le constat de Frank la Rue est accablant. Ses conclusions font état de «couverture orientée» de l’Entv de certains événements, entre autres, les dernières marches initiées à Alger. Pour lui, la télévision et la radio doivent être indépendantes. Elles ne doivent pas, indiquera-t-il, être étudiées politiquement par le pouvoir.

Le représentant de l’ONU affirmera qu’une rencontre avec le ministre de la Postes des TIC a eu lieu au cours de sa viste pour aborder l’utilisation de l’Internet. «J’ai reçu des garantie de la part du ministre quant à l’utilisation rationnelle de ce moyen de communication. Mais des voix parmi mes interlocuteur me font savoir que des perturbations flagrantes ont été constatées sur les réseaux sociaux, notamment sur facebook.

C’est ce qui est inconcevable», soulignera- t-il. Sur un autre volet, le conférencier s’est dit tout inquiet par l’article 46 du décret d’application de la Charte pour la Paix et la Réconciliation Nationale, acte politique voulu par le président Abdelaziz Bouteflika. Raison : selon lui le silence ne peut et ne doit pas être le chemin pour la paix, autrement dit on ne peut pas rétablir la paix en faisant le silence.

L’envoyé de l’ONU salue la décision du président de la République concernant la levée de l’état d’urgence. Sauf que l’interdiction des marches à Alger et autres rassemblements n’est pas sans susciter le doute de l’orateur quant à la volonté réelle de l’État algérien à lever toutes les restrictions sur les libertés individuelles et collectives.

Les exemples, ce n’est pas ce qui manque : Il mettra en exergue la marche du 12 avril dernière, dispersée dans la violence, par les forces de sécurité. Le sit-in empêché des familles des disparus.

Une autre satisfaction : La mesure annoncée par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans son discours à la nation, portant sur la révision de la Constitution. Pour Frank la Rue la mesure constitue un bon signe.

En conclusion, le rapporteur de l’ONU fera savoir que les anciennes méthodes de restrictions des libertés individuelles n’ont pas de cote à notre époque caractérisée par un boom technologique. À bon entendeur.

Amokrane Hamiche