L’Algérie a perdu trois places et se retrouve 125e au classement mondial 2013 de la liberté d’expression, établi annuellement par Reporters Sans Frontières (RSF).
Ce recul est dû au «fait de la multiplication des agressions et des procès à l’encontre des professionnels de l’information, et l’augmentation des pressions économiques sur les médias indépendants», explique RSF dans son rapport.
«Plus d’un an après le vote par le Parlement algérien d’une nouvelle loi sur l’information, censée abolir le monopole de l’audiovisuel public, l’Autorité de régulation, préalable indispensable, n’a pas encore été instituée. Aucune chaîne de droit privé algérien n’a pu voir le jour. La nouvelle législation reste donc théorique, un simple effet d’annonce », explique l’ONG.
L’Algérie est classée parmi les pays «où les autorités ont réussi à faire suffisamment de compromis et de promesses pour calmer de potentielles revendications de changement politique et/ou socio- économiques». Figurent aussi dans cette catégorie de pays : le Maroc, Oman, la Jordanie et l’Arabie Saoudite. Le Maroc, qui gagne deux places au classement mondial (136e), «est stable », explique RSF.
«Si des réformes du système des médias ont été annoncées après la mise en place du gouvernement d’Abdelilah Benkirane en novembre 2011, les promesses, notamment la dépénalisation des délits de presse, tardent à se concrétiser. L’arbitraire et l’absence de transparence sont souvent de mise dans les prises de décision, notamment dans l’octroi et le retrait des accréditations», précise encore le document.
Dans les pays du «Printemps arabe», RSF constate que «les promesses de pluralisme et d’indépendance des médias ne dépassent pas toujours suffisamment le stade des seules paroles ». Néanmoins, la Libye gagne quand même 23 places (131e). «Toutefois, les améliorations attendent d’être confirmées, avec l’inscription du principe de la liberté de l’information dans la Constitution.
Elles appellent aussi la mise en place de lois garantissant ce principe et apportant de véritables protections pour les journalistes, ainsi que des garde- fous en faveur du pluralisme et de l’indépendance des médias », ajoute RSF. Après avoir progressé de 30 places en 2011, la Tunisie «perd quatre places» (138e).
Selon RSF, ce recul s’explique par la multiplication des «agressions de journalistes » au cours du premier trimestre de 2012. L’ONG accuse le gouvernement islamiste de Tunisie d’avoir «entretenu le vide juridique en retardant la mise en oeuvre des décrets-lois régissant les médias».
«Pratique qui a rendu possibles des nominations arbitraires à la tête des organes publics», sans compter «le discours le plus souvent méprisant, voire haineux, des hommes politiques envers les médias et professionnels de l’information», ajoute le rapport annuel de RSF. L’Egypte gagne huit places (158e). «Mais cette amélioration est relative», selon RSF.
Le document rappelle qu’en 2011, l’Egypte «avait perdu 39 places (passant de la 127e à la 166e position) ». Alors qu’en 2012, «journalistes et net-citoyens ont continué à être les cibles d’agressions, d’arrestations et de procès ». «Un journaliste a trouvé la mort en décembre», affirme RSF sans donner de détails.
L’ONG précise que «peu de temps après leur arrivée au pouvoir», les Frères musulmans ont procédé à «la nomination des directeurs et rédacteurs en chef des journaux gouvernementaux, ce qui n’a pas été sans conséquences importantes sur la ligne éditoriale de ces médias».
Pour l’ONG, «le projet de Constitution adopté fin 2012 contient des dispositions trop vagues et clairement liberticides » et «les possibilités de fermeture ou de confiscation de médias demeurent possibles sur ordre d’un juge».
Pour le cas du Yémen qui gagne deux places (169e), RSF estime que «le cadre législatif n’a pas changé» un an «après la prise de fonction du nouveau président Abd Rabo Mansour Hadi», et que «les journalistes subissent toujours agressions et procès, voire des condamnations à des peines de prison ferme».
Au Moyen-Orient, la Palestine arrive 146e et progresse de 7 places suite à «l’amélioration des relations entre l’Autorité palestinienne et le Hamas» qui a eu «des conséquences positives pour la liberté de l’information et le climat de travail des journalistes ».
Toujours selon le même rapport, Israël a chuté de 20 places (112e), en raison des «exactions commises par l’armée israélienne dans les territoires palestiniens » qui «a délibérément pris pour cibles les journalistes et les bâtiments abritant des médias proches ou affiliés au Hamas lors de l’opération militaire “Pilier de Défense” en novembre 2012».
En plus des «détentions arbitraires de professionnels de l’information palestiniens (qui) restent monnaie courante». La Syrie (176e, 0), la Somalie (175e, -11), l’Iran (174e, +1), la Chine (173e, +1), le Vietnam (172e, 0), Cuba (171e) et le Soudan (170e, 0) sont les pays «les moins respectueux de la liberté de la presse», selon RSF.
Le pays qui a enregistré la «plus forte chute du classement » est le Mali (99e, -74), «suite aux événements qui ont frappé le pays dans le courant de l’année 2012». «Le putsch militaire du 22 mars à Bamako et la prise du nord du pays par les indépendantistes touaregs et des groupes islamistes armés ont exposé les médias du nord du pays à la censure et aux exactions », ajoute le rapport 2013 de Reporters Sans Frontières.
M. M.