Pas d’amnistie générale pour les terroristes. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia l’a déclaré, hier à Alger. S’exprimant lors d’une conférence de presse au lendemain de la tenue de la Tripartite, Ahmed Ouyahia qualifiera même de « rumeurs » les informations annonçant récemment la libération de 7000 terroristes par le président de la République proférées par deux responsables de la mouvance islamiste et rapportées par certain organes de presse.
Le 16 mai, Abdelfateh Zeraoui et Hachemi Sahnouni, deux anciens dirigeants du Front Islamique du Salut, dissous en 1992 (FIS), avaient affirmé qu’entre 7.000 et 8000 détenus islamistes qui se sont engagés à renoncer aux violences pour bénéficier de la politique de réconciliation nationale seraient prochainement libérés.
La date du 5 juillet, jour de la fête nationale, avait été largement évoquée dans la presse algérienne, que de « rumeurs », donc, dira le Premier ministre qui soulignera que les dispositifs de la Charte de la réconciliation nationale sont toujours en vigueur pour ceux qui veulent se rendre.
Il convient de rappeler que le ministre de la Justice, garde des Sceaux,Tayeb Belaïz, sur ce même sujet, a esquissé une question qui lui a été posée récemment par les journalistes à l’Assemblée populaire nationale (APN). Le seul mot qu’il a laissé glisser est : « j’ai lu l’information comme vous l’avez écrite », s’est-il contenté de dire.
DJEZZY : LA PROCÉDURE D’ACHAT IRA À SON TERME
S’agissant de l’affaire Djezzy qui revient avec acuité ces derniers jours, Ahmed Ouyahia, réaffirme : l’État algérien est décidé d’acheter l’opérateur de téléphonie mobile Orascom Telecom Algérie (OTA). « Je vous confirme que l’État algérien rachètera Djezzy (nom commercial d’OTA)’ », assura-t-il.
Ouyahia a en outre confirmé que la procédure (de rachat) ira à son terme. Rappelons que le cabinet Sherman and Sterling LLP France avait été chargé en janvier dernier d’accompagner le gouvernement algérien dans l’opération d’acquisition d’OTA, en vertu de son droit de préemption, introduit dans la loi de finances 2009.
Par ailleurs, Ahmed Ouyahia n’a pas raté l’occasion de cette conférence de presse pour remettre les pendules à l’heure concernant le climat des affaires. Il soutient que le bilan qu’il avait dressé samedi durant les travaux de la tripartite, n’est pas un constat d’échec « Il n’y a ni constat d’échec, ni aveu d’échec.
Il y a une réalité que le gouvernement assume au côté du monde des affaires», s’est-il défendu, avant de préciser : « Nous avions des retards en matière de climat des affaires, et le bilan, que j’ai cité est le fruit d’une étude de la Banque mondiale, commandée par la Banque d’Algérie ».
RÉOUVERTURE DES FRONTIÈRES AVEC LE MAROC : PAS À L’ORDRE DU JOUR
Sur cette question de l’ouverture des frontières terrestres avec le Maroc, Ahmed Ouyahia, dira que le dossier n’est même pas à l’ordre du jour, tout en ouvrant une parenthèse : « Cela arrivera un jour ou l’autre », s’est-il contenté de répondre, précisant que la réouverture de ces frontières n’était pas conditionnée par la question du Sahara Occidental. Mais : « Nous avons besoin d’un climat empreint de bonne foi et de confiance mutuelle entre voisins ».
Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui : « les dernières déclarations officielles marocaines accusant l’Algérie de financer des mercenaires africains en Libye, n’encourageaient malheureusement pas cette tendance », relèvera le Premier ministre.
Cependant, Ouyahia a fait remarquer qu’en dépit de frontières fermées, le volume des échanges commerciaux officiels entre les deux pays demeurait élevé et se classait en première position dans la balance commerciale algérienne avec les autres pays africains.
RÉFORMES POLITIQUES : APPEL À L’OPPOSITION
Le Premier ministre Ahmed Ouyahia apelle les partis d’opposition à contribuer pleinement au succès de ces réformes. « Nous n’avons nul besoin d’une démocratie des blindés », soulignera-t-il. Notons dans ce sillage, que des partis politiques, et non des moindres ont rejeté l’invitation de l’instance de consultation sur les réformes politique engagées par le président Bouteflika.
C’est le cas pour le Front des Forces Socialistes (FFS) qui par la voix de son secrétaire national estime que la désignation de Abdelkader Bensalah à la tête de cette instance est en lui-même un acte de non sérieux. Alors que de son coté le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie soutient que ces réformes sont, tout bonnement du « réchauffé ». Pour ce qui est de l’appel de certains personnalités à la nécessité de l’intervention de l’Armée populaire nationale (ANP) dans le cadre de la révison de la Constitution, Ahmed Ouyahia estime que cet appel est «un acte non démocratique ».
Pour lui, la politique n’est pas l’affaire des militaires mais plutôt des politiciens», dira-t-il, tout en saluant le rôle de l’armée dans la lutte contre le terrorisme et le rétablissement de la paix à travers le pays Il est à rappeler dans ce sillage que plusieurs voix parmi le monde politique et de la société civile à l’image du président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme ( Cncppdh) Farouk Ksentini pour ne citer que celui-ci qui a proposé jeudi dernier de déclarer l’Armée nationale populaire (ANP) « gardienne de la Constitution ».
Pour ce qui est des déclarations de général à la retraite, Khaled Nezar , Ahmed Ouyahia indiquera que « celles-ci n’engagent que leur auteur ».
KIDNAPPINGS EN KABYLIE : C’EST L’OEUVRE DE BRIGANDS
Le phénomène des Kidnappings prend de l’ampleur. 177 enlèvements enregistrés en 2010. C’est ce qui ressort des statistiques de la Dgsn. Le Premier ministre, estime que les cas enregistrés jusque-là en Kabylie ne sont pas l’oeuvre des « terroristes » mais «plutôt des brigands ».
Sur la présence des terroristes dans cette région, Ahmed Ouyahia indiquera que ces derniers ont profité du calme qui y a régné durant l’année 90 pour s’y introduire. Aujourd’hui, ajoutera- t-il, Il faut dire, sans risque de se tromper, que l’État a accompli son devoir dans le rétablissement de la sécurité dans cette localité.
Sinon, Ahmed Ouyahia a souligné, dans cette optique, que l’Algérie a pu maîtriser l’ordre public grâce à sa bonne gouvernance. Il a évoqué à cette occasion les protestations ayant marqué le front social et dues principalement, a-t-il soutenu, aux problèmes de logement et de chômage auxquels s’ajoutent « les conflits d’intérêts des lobbies de l’économie factice qui luttent pour leurs intérêts au détriment de ceux de l’économie nationale ».
Le conférencier soulignera que la coopération entre les pays du Sahel aux plans militaire et sécuritaire va bon train. Enfin, sur la situation en Libye, le Premier ministre réaffirma que la position de l’Algérie est liée à celle des Nat i o n s unis. Il soutient que l’Algérie « reconnait les États et pas les régimes ».
Pour un détail, le Premier ministre fera savoir que l’Algérie était sollicitée récemment par des opérateurs économiques pour des opérations d’achats. Notre position, fera savoir Ahmed Ouyahia, est claire sur ce sujet signifiant à ces opérateurs qu’il n’y aura pas d’achat que pour des produits alimentaires et des médicaments. Et là, Ahmed Ouyahia annoncera que si le Conseil de sécurité voulait observer l’opération de ventes au frontières, l’Algérie n’y voit aucun inconvénient ».
Amokrane Hamiche