Le Hezbollah chiite s’attend à être mis en cause dans l’assassinat du dirigeant libanais Rafic Hariri.
«Nous ne permettrons pas, je le répète, nous ne permettrons pas que notre réputation ou notre dignité soit salie, qu’on fasse l’objet d’un complot et qu’on nous fasse endosser injustement le sang de l’ancien Premier ministre martyr Rafic Hariri», a déclaré Hassan Nasrallah dans un discours télévisé retransmis par la chaîne de télévision Al-Manar.
«Nous agirons pour défendre notre dignité, notre existence et notre réputation», a-t-il martelé, au moment où le Liban est secoué par une crise gouvernementale qui a pour origine l’enquête sur l’assassinat, en 2005, de l’ancien Premier ministre libanais.
Le parti fera savoir dans les prochains jours comment il se défendra, a indiqué Hassan Nasrallah. La formation chiite accuse le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) de faire partie d’un «complot israélo-américain», visant à la détruire. Depuis des mois, il fait pression sur le Premier ministre Saad Hariri, fils de Rafic, pour qu’il désavoue le tribunal, ce que ce dernier a refusé de faire. Plusieurs médias étrangers ont indiqué que le TSL mettrait en cause des membres du Hezbollah. Les mises en accusation, confidentielles, seront remises par le procureur Daniel Bellemare au juge de la mise en état, Daniel Fransen, chargé de les examiner en vue de leur confirmation, un processus qui peut prendre de «six à dix semaines». Une fois confirmés, des mandats d’arrêt ou des citations à comparaître peuvent être délivrés. Le juge peut aussi les infirmer, demander des éléments supplémentaires au procureur ou rejeter un ou plusieurs chefs d’accusation, selon le règlement du tribunal. Le Hezbollah veut que le nouveau Premier ministre cesse toute coopération avec le TSL, en retirant les juges libanais, en arrêtant le financement du pays à cette instance et en se retirant du protocole signé avec l’instance. La remise de l’acte d’accusation est prévue, au moment où des consultations débutent ce lundi entre le Président de la République et les groupes parlementaires pour nommer un nouveau Premier ministre, après l’effondrement cette semaine du gouvernement de Saad Hariri, fils de Rafic, provoquée par la démission des ministres du Hezbollah et de ses alliés. Le chef du Hezbollah a fait savoir que l’opposition menée par son parti n’allait pas proposer le nom de M. Hariri auprès du chef d’Etat.
La crise politique dans ce petit pays méditerranéen fait craindre une résurgence des violences et inquiète la communauté internationale. Les yeux sont rivés sur le groupe parlementaire du leader druze Walid Joumblatt, qui pourrait faire pencher la balance en faveur ou non de Saad Hariri, dont il était l’un des plus proches alliés avant de s’en démarquer. La majorité parlementaire menée par Saad Hariri refuse tout autre candidat au poste de Premier ministre, réservé par tradition à un musulman sunnite.