20% des motifs de consultations en pédopsychiatrie sont liés au déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité. Cela ne démontre pas que plus d’enfants algériens souffrent de ces troubles, mais que de plus en plus de parents sont conscients de son impact désastreux sur la scolarité, puis plus tard la vie de leurs enfants.
La salle de conférence de la maison de la culture Azzedine-Medjoubi de Sidi-M’hamed a accueilli, samedi dernier, une assistance nombreuse, intéressée par la conférence sur les troubles de l’hyperactivité et du déficit de l’attention, organisée par l’association éponyme. Depuis quelques années, une prise de conscience édifiante est remarquée chez les parents, qui prennent de plus en plus au sérieux les signes potentiels de troubles de l’hyperactivité associée ou pas au déficit de l’attention (Thada) chez leurs enfants.
Le Dr Mahieddine-Meradji Samia, pédopsychiatre, a indiqué qu’environ 20% des motifs de consultations dans les services de pédopsychiatrie sont induits par une inquiétude des parents face à la promptitude de leurs petits à ne pas pouvoir se tenir en place, à montrer une certaine agressivité dans leur comportement avec les autres et à manquer de concentration jusqu’à obtenir des résultats moyens voire médiocres à l’école. Évidemment, la proportion d’enfants atteints de ces troubles n’est pas aussi alarmante. En Algérie, par extrapolation de statistiques établies dans le monde, l’on situe le nombre d’enfants hyperactifs de 5 à 7% de la population âgée de six ans et plus. Pour le Dr Meradji, ces troubles sont de naissance, mais apparaissent de manière évidente à la scolarisation, soit au moment de l’apprentissage administré. Pour elle, comme pour nombre de ses confrères, présents dans la salle, il est utile de poser précocement un diagnostic précis, qui confirmera ou pas l’existence du problème.
Il y a lieu, en effet, de différencier l’enfant hyperactif, de celui turbulent, surdoué (donc qui s’ennuie en classe), tyran (manque de l’autorité parentale)… Le tableau clinique est, en fait, établi sur des signes d’hyperactivité, d’impulsivité et de déficit de concentration (ne pas pouvoir rester concentré ; ne pas prêter d’intérêt aux détails ; ne pas écouter ce qui est dit ; ne pas arriver à suivre les consignes ; égarer souvent ses affaires importantes ; faire fréquemment des oublis ; ne pas pouvoir contrôler ses mouvements ; donner des réponses précipitées sans attendre forcément la fin de la question ; interrompre les conversations des gens ou leur couper la parole ; s’énerver si ses désirs ne sont pas rapidement satisfaits, ne pas pouvoir rester en place longtemps…), pendant six mois au minimum. Ce comportement est de surcroît observé aussi bien à la maison, qu’à l’école que pendant les loisirs. Mme Meriem Yousfi Hamada, psychologue, a réalisé, sur place, un entretien en direct avec la mère d’un enfant soupçonné atteint de troubles d’hyperactivité avec déficit d’attention. Au fil de ses réponses, la maman a confirmé effectivement l’existence de ces symptômes chez son gosse, confronté à des difficultés scolaires. Justement, l’une des conséquences immédiates du Thada, si la maladie n’est pas bien prise en charge au plan thérapeutique, c’est l’échec scolaire. À l’adolescence, c’est la délinquance qui guette l’hyperactif, qui montre des troubles comportementaux graves (insouciance devant le danger, agressivité, baisse de l’estime de soi, asociabilité, dépression nerveuse, addiction aux drogues…). À l’âge adulte, les troubles, à l’exception de l’hyperactivité, s’accentuent et mènent souvent à l’échec professionnel et à l’exclusion sociale.
Il convient donc de traiter ces troubles, dès l’enfance, par un traitement médicamenteux, soit psychostimulant (Ritalin, qui n’est pas disponible en Algérie) ou non (Strattera, enregistré dans la nomenclature des médicaments commercialisés dans le pays et remboursé par la Cnas), avec un suivi chez le psychiatre. Les parents et les enseignants doivent, en outre, adopter des méthodes d’apprentissage et éducatives adaptés à ces cas-là. Dès lors, le Thada ne devient plus une fatalité. D’ailleurs, le Dr Meradji a tenu à rassurer les parents en citant de nombreuses célébrités atteintes de ces troubles, à, l’instar d’Albert Einstein, Léonard de Vinci, Dustin Hoffman, Churchill…
S H