L’homo algĂ©rianicus

L’homo algĂ©rianicus
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Kateb Yacine : Nous ne sommes mĂŞme pas capables d’appeler notre pays par son nom. L’AlgĂ©rie n’est pas son vrai nom. C’est un terme touristique. Ldjazair, c’est quoi? Tassadit Yacine : les Ă®les.

Nous commençons cet article par le cri de Kateb Yacine sur le nom de l’AlgĂ©rie pour illustrer la vacuitĂ© de l’appellation.(1) Il ressort que la traduction française d’Al DjazaĂŻr est le reflet d’une vision Ă©laborĂ©e par les gĂ©ographes et historiens musulmans. La centralitĂ© de la Mecque comme Ă©picentre de l’islam a certainement contribuĂ© Ă  la crĂ©ation d’une mappemonde oĂą les terres entre la mer MĂ©diterranĂ©e et le Sahara, devait convenir Ă  l’ilottage d’une contrĂ©e nouvellement conquise par l’Islam.

C’est cet aspect que dĂ©nonce l’Ă©crivain algĂ©rien. La fĂ©rocitĂ© de ses propos ne se rĂ©sume pas uniquement Ă  la vision inaugurale de l’islam impĂ©rial mais aussi Ă  l’acceptation par les autochtones d’ĂŞtre nommĂ©s ainsi ou au pire de se faire appeller de la sorte. Sur la question de la traduction du nom, il y a eu une sĂ©rie d’Ă©tudes d’etymologie sans qu’il ait une profonde reflexion sur l’onomastique nord-africaine et saharienne comme par exemple; l’usage des termes Ifricos, figure mythique et historique de l’Ifriqiya (Tunisie), le Maghreb al Aqsa (Maroc), axe d’orientation du levant et de l’occident, Al Djazair, territoire insulaire d’une Ă®le imaginaire, la Libye qui garde l’antiquitĂ© du nom et ses vieilles subdivisions (la Tripolitaine, la CyrĂ©naique et le Fezzan) calculĂ©es sur une anciennetĂ© retrouvĂ©e qui loin s’en faut n’est pas neutre eu Ă©gard aux Ă©vĂ©nements du dĂ©but de l’islam au Nord de l’Afrique et enfin, la MaurĂ©tanie (Maures) qui s’offre une ethnisation du nom. Toutefois durant la pĂ©riode coloniale, l’AlgĂ©rie comme nom fournit Ă  beaucoup d’intellectuels, la possibilitĂ© de se doter d’une idĂ©ologie pour justifier la domination politique.

Avant d’illustrer notre propos, nous allons examiner pour l’essentiel le problème de la langue et celui de l’histoire. En plus des diffĂ©rents travaux de sociolingustique maghrĂ©bine, deux livres qui portent sur l’histoire, ont Ă©tĂ© Ă©ditĂ©s respectivement par M. Lacheraf en 1965 et celui dirigĂ© par H. Remaoun en 2000.(2) Puis, nous essayerons Ă  partir du livre collectif codirigĂ© par S. Bergaoui et H. Remaoun, de dĂ©gager les grandes orientations de l’historiograPhie maghrĂ©bine contemporaine. (3)

1- La langue

C’est certainement le domaine qui suscite autant de querelles politico-idĂ©ologiques et de dĂ©bats intellectuels. La question de la langue berbère et du parler des MaghrĂ©bins trop longtemps marginalisĂ©s par l’Ă©lite maghrĂ©bine Ă  cause respectivement de la pseudopolitique kabyle de la France et de la sacralisation de l’arabe, occupe une place centrale dans les Ă©tudes linguistiques. Il faut rappeler que des erreurs monumentales ont Ă©tĂ© commises par beaucoup de commentateurs sur ladite politique kabyle qui Ă©tait, reconnaissons-le, beaucoup plus favorabe Ă  l’arabe. Pour preuve, la consultation des enquĂŞtes montrent bien que la pratique du berbère a nettement reculĂ© durant la pĂ©riode coloniale au profit de l’arabe.(4) Le cas des Aurès en est l’illustration parfaite de l’avantage accordĂ© Ă  l’enseignement et Ă  la pratique de l’arabe mĂŞme si quelques dĂ©cennies plus tard au Maroc, la puissance coloniale opte pour la juridiction traditionnelle des qanouns connue sous la rubrique du dahir berbère. (5) En effet, la conclusion de K. Haoui est un peu hative eu Ă©gard aux Ă©crits des anthropologistes de l’Ă©poque. ((6) A proprement parler, il est certain que la-dite valorisation du « Berbère » par la sociĂ©tĂ© d’anthropologie de Paris, est raciale et non pas linguistique parce que la langue berbère n’Ă©tait pas enseignĂ© et ce ne fut pas le cas de l’arabe.(7) Nous tenons pour preuve toute l’attention accordĂ©e par le premier cercle des anthropologistes( GĂ©nĂ©ral Faidherbe et compagnie) de la sociĂ©tĂ© savante parisienne aux Ă©crits arabes.

Mis Ă  part la haine de soi, symptĂ´me d’une identitĂ© linguistique dont nous parle les sociolinguistiques algĂ©riens (8), il est indĂ©niable que l’Ă©tat de la langue des AlgĂ©riens tel qu’il a Ă©tĂ© observĂ© par Taleb-Ibrahimi Khaoula, contient ce qu’il y a de plus conforme Ă  la rĂ©alitĂ© sociale qui est hĂ©las plus au moins inopĂ©rante dans l’exercice analytique de cette dernière.(9)

Pour rĂ©sumer, en partant d’un constat de fait du multilinguisme pour rendre compte de l’imbrication des variĂ©tĂ©s en prĂ©sence, elle prend acte des: exemples (qui) foisonnent (et) qu’ils sont autant de manifestations et d’indices de la facultĂ© qu’ont les AlgĂ©riens Ă  s’adapter et Ă  traduire la rĂ©alitĂ© de leur vie quotidienne en mettant Ă  profit les possibilitĂ©s que leur offre cette rĂ©alitĂ© dans la pluralitĂ© et dans adiversitĂ©. » (10) Nonobstant, les caractĂ©ristiques propres des parlers des AlgĂ©riens ou des MaghrĂ©bins, Ă©numĂ©rĂ©s par la sociolinguistique maghrĂ©bine, la dĂ©finition de la diglossie pose problème. (11)

En effet, le contact des langues (berbère, arabe et français, etc.) fait traverser les barrières pour donner aux locuteurs la possibilitĂ© pour exprimer dans la vie quotidienne qui est par ailleurs fortement influencĂ©e par la rĂ©alitĂ© d’un monde globalisĂ©. Faute de mieux, les linguistes la nomment soit lingua franca soit le crĂ©ole. Il faut reconnaĂ®tre que sur ce point prĂ©cis du plurilinguisme, sauf un court article de S. Chaker (La situation linguistique dans le Maghreb antique: le berbère face aux idiomes extĂ©rieurs, Libyca no 28/29, Alger, 1980/81) il n’existe pas Ă  notre connaissance des Ă©tudes comparatives entre l’actuelle modernitĂ© et l’antiquitĂ©, pĂ©riode similaire aux temps prĂ©sent des locuteurs AlgĂ©riens ou MaghrĂ©bins. Il reste Ă  remarquer que la transposition des mots d’une langue Ă  une autre est transversale et crĂ©e de facto, des positions de domination par l’impact de la politique des Etats qui favorise en AlgĂ©rie, l’arabe et minorise le berbère et les dialectes. (12) Toutefois d’un point de vue de la linguistique historique, il est nĂ©cessaire de prendre en compte l’influence du berbère sur toutes autres langues Ă©trangères ou assimilĂ©es pour comprendre les conditions historiques des emprunts linguistiques sous toutes leurs formes. De ce point de vue, nous nous dĂ©gageons des travaux de A. Elimam qui sont insuffisament documentĂ©s pour expliquer la survie du punique alors que les historiens disent qu’il s’est Ă©teint d’une mort certaine et que l’Ă©tymolgie ne suffit pas Ă  faire valoir que le maghribi a pour « origine » seulement le punique. (13) D’autant que ce dernier ne s’est pas beaucoup intĂ©rĂ©ssĂ© Ă  la berbĂ©risation du phĂ©nicien pour donner un peu plus de crĂ©dit Ă  sa thèse. (14) Et plus grave, il reste outrageusement dĂ©pendant de l’orientalisation des consciences. Quant aux travaux de Salem Chaker, elles comportent quelques « anomalies idĂ©ologiques » largement empruntĂ©es Ă  la gĂ©opolitique ancienne et font hĂ©las, du berbère de par son anciennetĂ©, un conservatoire linguistique de la MĂ©ditĂ©rranĂ©e.(15)

De toute façon, la diglossie ne se rĂ©sume pas Ă  l’emploi des isolats lexicaux mais elle est fondamentalment imprĂ©gnĂ©e par l’interpĂ©nĂ©trabilite ou ce que appellent les linguistiques contemporains, interfĂ©rence linguistique qui influe sur l’Ă©conomie de la parole des locuteurs. D’après, M. Kahlouche: » c’est la loi de Zipf qui exprime en effet l’Ă©quilibre, dans l’esprit du locuteur, entre la tendance Ă  l’Ă©conomie d’efforts et la tendance Ă  ĂŞtre aussi prĂ©cis que posible, indique bien pourquoi le bilingue opte pour l’interfĂ©rence. » (16) Les exemples qu’il donne du locuteur kabyle par l’effet d’Ă©puisement lexical de sa propre langue qui cherche les mots en français, doivent ĂŞtre Ă©tendus aux autres situations linguistiques datĂ©es historiquement pour comprendre la transformation du langage des autochtones. Cette situation linguistique met en face Ă  face, ceux qui parlent l’arabe dialectal et le français, le kabyle et l’arabe et toute une chaine descendante conjointement associĂ©e Ă  une extension gĂ©ographique qui embrassent toutes les langues de contacts avec la langue berbère. L’histoire en tĂ©moigne par la formation de la langue punique, de l’arabe dialectal maghrĂ©bin ou le hassania et d’autres langues aux contacts des langues europĂ©ennes, orientales et sub-africaines (zenaga, etc.).(17) Toujours est-il que les Ă©tudes de sociolinguistique ne suffisent pas si le problème de l’Ă©criture n’est pas pris en compte. Quelques linguistiques en parlent lorsqu’ils soulèvent la question de la standardisation du berbère et le choix des signes arabes ou latins pour l’enseignement de la langue amazighe. Ce problème suscite un vif intĂ©rĂŞt chez la plupart des prĂ©historiens et des historiens et attirent la curiositĂ© de quelques linguistes maghrĂ©bins.(18)

Ainsi, il en est que le problème de l’Ă©criture libyque est circonscrit Ă  la classification des appartenances linguistiques et de sa remontĂ©e difficile d’après l’expression de L. Galand et on oublie trop souvent la nĂ©cessitĂ© de la rĂ©novation du Tifinagh. Nous avons pour preuve le recours Ă  diffĂ©rents Ă©poques historiques aux Ă©critures exogènes (phĂ©nicien, grec, latin et arabe et français pour transcrire la rĂ©alitĂ© sociale et politique. (19) La tentative d’innovation des signes alphabĂ©tiques par Mohand Amokrane Kheliffati ne doit surtout pas ĂŞtre considĂ©rĂ©e comme un obstacle insurmontable mais juste comme une expĂ©rience non concluante sur quoi les savants doivent de nouveau se pencher afin de relever le dĂ©fi des signes alphabĂ©tiques.(20)

2- L’histoire

L’histoire occupe une place de choix dans les Ă©tudes nord-africaines et saharienne. NĂ©anmoins d’un point de vue mĂ©thodologique, la remarque de E. Frezouls n’a pas beaucoup intĂ©ressĂ© les chercheurs. (21) L’avertissement sous forme de principe mĂ©thodologique des « sociĂ©tĂ©s qui n’ont pas voulu Ă©crire leur propre histoire » nous plonge dans un dĂ©sarroi intellectuel oĂą l’aporie resurgit Ă  chaque instant oĂą des progrĂ©s ont Ă©tĂ© faits dans le sens du dĂ©chiffrage de « l’inconnu en histoire ». Sur ce point prĂ©cis, l’article de M. Tilmatine n’est d’aucune utilitĂ© heuristique et que mis Ă  part E. FrĂ©zouls, deux auteurs contemporains se distinguent par l’originalite de leurs travaux (22) Toutefois, en lieu et place des grandes synthèses historiques ( S. Gsell et Ch; AndrĂ© Julien), de la particularitĂ© de « l’histoires des Berbères » d’Ibn Khaldoun, des mystĂ©rieux Lubri Punici ou de l’ethnographie des Arabes Ă©laborĂ©e par Juba II, G. Camps qui est natif de la rĂ©gion d’Oran, reste le maĂ®tre incontestĂ© de la discipline Ă  tel point que J. M. Lassère lui attribue le titre officiel d’historien des Berbères.(23)

Cela dit, l’intervalle qui sĂ©pare la publication des deux livres de M. Lacheraf et H. Remaoun, explique en partie les enjeux idĂ©ologique et politique que connait l’AlgĂ©rie. l’Ă©criture de M. Lacheraf s’inscrivit dans la continuitĂ© de la recherche de la nation algĂ©rienne en Ă©cho peut-ĂŞtre Ă  la fameuse intĂ©rrogation de Ferhat Abbas. En effet, il Ă©crit ceci: Quoi qu’il en soit, nation-Etat ou nation communautĂ© ou simple patrie solidairement agissante, et par cela mĂŞme « nationale, quelque chose a existĂ© qui a permis Ă  l’AlgĂ©rie de s’opposer, au cours de 130 ans, Ă  une grande puissance impĂ©rrialiste.. » (24) Cette phrase en dit long sur l’incertitude des concepts employĂ©s par l’auteur pour parler de la rĂ©sistance de la population locale. Le flou qui entoure les concepts comme nation-Etat, nation-communautĂ©, complique l’idĂ©e de la naissante de  » l’AlgĂ©rie, nation et sociĂ©tĂ©. » Il va de soi que pour les anthropologues, la ou les communautĂ©s « tribales » ont procĂ©dĂ© la construction de l’Etat algĂ©rien et de l’Ă©mergence de la sociĂ©tĂ© civile. Les quelques reflexions qu’il fait sur le nationalisme algĂ©rien affleurent timidement la question de la langue. il est plus prĂ©occupĂ© par le problème de l’analphabĂ©tisme.(25) Donc, il faut reconnaĂ®tre que la problèmatique de M. Lacheraf s’incrivit dans la droite ligne du projet nationaliste algĂ©rien dominĂ© par l’idĂ©ologie arabo-musulmane. Si on prend en compte le combat des BerbĂ©ristes au sein du MNA que ne pouvait ignorer M. Lacheraf, la question berbère est renvoyĂ©e aux calendes grecques. A peu de choses près, le livre dirigĂ© par H. Remaoun porte presque le mĂŞme titre et Ă  la seule diffĂ©rence que ce dernier a rajoutĂ© la culture alors que M. Lacheraf en fait un chapitre intĂ©grĂ© sous forme de rĂ©flexion. Le seul texte du livre qu nous intĂ©resse Ă  la suite de celui de Taleb-Ibrahimi Khaloua sur la langue, est celui de M. Ghalem.(26) On peut d’ores et dĂ©jĂ  signaler que l’option synthĂ©tique choisie par l’auteur ne favorise pas l’introspection historique et que les gĂ©nĂ©ralitĂ©s induites de facto par l’immensitĂ© du sujet, nous conduisent Ă  reprendre quelques points essentiels contenus dans le texte.

Premièrement, la pĂ©riodisation est symptĂ´matique d’une vision de l’histoire qui renforce la dĂ©pendance vis-Ă -vis de l’historiographie classique (grĂ©co-latine et arabo-mausulmane).

Deuxièment, les rĂ©fĂ©rences de la PrĂ©histoire sont lacunaires pour discuter des enjeux Ă©pistĂ©mologiques de la discipline et Ă  fortiriori de l’impact qu’elle a sur l’idĂ©ologisation de la thĂ©orie du peuplement de l’Afrique du Nord et du Sahara.(27) De ce point de vue, il y a nĂ©cessitĂ© de la prise en compte des connaissances rĂ©centes de l’Ă©cole prĂ©historique d’Alger surnommĂ©e par nos soins, la Nouvelle Ecole d’Alger en Ă©cho aux travaux de Gabriel Camps et de ses Ă©lèves.

Troisièment, l’auteur se contente de rĂ©pĂ©ter la sempiternelle histoire qui dĂ©bute au dĂ©but du Ier millĂ©naire avec l’arrivĂ©e des PhĂ©niciens en Afrique en Nord du Nord et il ignore l’existence des guerres libyques du 2e millĂ©naire avant J.-C qui ont opposĂ© les Libyens aux Pharaons. Loin s’en faut pour nous de croire que cette date marque dĂ©finitivement l’entrĂ©e des Amazighs dans l’Histoire-Monde mais tout le contraire est envigeable sauf que d’intenses relations ont Ă©tĂ© nouĂ©es entre les Pharaons et les Libyens au temps des toutes premières dynasties Ă©gyptiennes.(28) Eu Ă©gard Ă  la proximitĂ© gĂ©ographique des « deux peuples » qui Ă©taient liĂ©s par des alliances matrimoniales, rien absolumpent rien ne certifie une mĂŞme origine ethnique comme le suppose B. Lugan (29). A plus fortes raisons, l’appropriation de Schechong par les activistes berbĂ©ristes pour dater le rythme « des jours et des nuits amazighs » nous semble relèver d’une excroissance de l’historiograhie de l’Egypte antique et rĂ©prĂ©sente une limitation de la durĂ©e historique des habitants de l’Afrique du Nord.(30)

Pour finir et sur la base d’une probable filiation directe entre l’Homo Sapiens et les Proto-Berbères, il est urgent de dater l’histoire des Amazighs Ă  partir de 18000 ans, une durĂ©e minimale de l’histoire de l’homme moderne, Ă©valuĂ©e Ă  200.000 ans.(31) Les prĂ©historiens s’accordent Ă  rallonger en gĂ©nĂ©ral, la durĂ©e des hommes prĂ©historiques et singulièrement celle de l’homo sapiens. Toutefois, cette remontĂ©e est pĂ©rilleuse parce que les enjeux noologiques sont d’une importance capitale pour donner, un tant soit peu, une dĂ©finition de l’ĂŞtre amazigh et Ă  fortiriori celle de l’AlgĂ©rien comme idĂ©e de la modernitĂ© politique.

F. Hamitouche

Notes:

1- T. Yacine, Aux origines des cultures populaires, entretien avec K. Yacine, Awal no 9, 1992.

2- M. Lacheraf, Algérie, nation et société, SNED, Alger, 1965, 1978.

– H. Remaoun, AlgĂ©rie, histoire, sociĂ©tĂ© et culture, Casbah Editions, Alger, 2000.

3- S. Bergaoui et H. Remaoun, Savoirs historiques, constructions et usages, CRASC Editions, Oran, 2006.

4- Cartes de A. Hanoteau (1896), E. DouttĂ© et E. F. Gautier, (1913), A. Bernard et P. Moussard, (1924), Gouvernement gĂ©nĂ©ral de l’AlgĂ©rie (1934), G. Camps (1988), M. Benabbou et P. Behnsthedt (2003).

5- E. Masqueray, Notes sur les Aouled-Daoud, Mont Aurès, A. Jourdan, Alger, 1879, p 27.

A. Bonfour, Quelques réflexions sur les débuts du Mouvement culturel amazigh marocain, Studi Maghebini, no 4, 2006.

6- CitĂ© par, Yelles-Chaouche HĂ©dia, les images et rĂ©prĂ©sentations des indigènes, les collections algĂ©riennes du musĂ©e de l’homme, MNHN, Paris, 2002.

7- Ch. R. Ageron, La France a-t-elle eu une politique kabyle, Revue historique, T.223.Fasc.Paris, 1960. L’objectivitĂ© de l’auteur est relevĂ©e par beaucoup d’auteurs mĂŞme parmi ceux qui ne sont pas engagĂ©s dans le combat idĂ©ologique.

8- M. Benrabah, L’arabe algĂ©rien vĂ©hicule de la modernitĂ©, SUDLA no 22, 1993. Cet auteur emprunte Ă  la psychologie amaĂ©ricaine le concept de self hatred….

Nous pensons que la symptomatisation de soi est une psychologisation excessive qui n’apporte pas des Ă©lĂ©ments nouveaux parce que les locuteurs et non les moindres c’est Ă  dire tous ceux qui utilisent la glottophagie dans un but politique pour minorer la langue berbère ou le parler algĂ©rien, sont eux-mĂŞmes utilisateurs de ces idiomes. Donc, nous croyons que le problème est beaucoup plus complexe et qu’il recurrent et qu’il ne relève pas que de la sociolinguistique mais c’est un fait historique voire ontologique. Dans cette perspective, nous prĂ©fĂ©rons employer la terminologie de la nĂ©gation de soi, pour illustrer la folklorisation des « langues maternelles » ou de leur interdiction. Pour le Maghreb, il y a deux chefs d’Etat qui ont interdit la pratique du berbère. Pour l’AlgĂ©rie, Houari BoumĂ©diene qui de plus croit-on savoir qu’il a comme langue maternelle, le chaoui une variante du berbère, a refoulĂ© la langue de sa mère pour embrasser la langue de l’Etat qui est l’arabe. Mouammar El Gueddafi le Libyen, en plus de l’interdiction de la langue berbère, a carrĂ©mment fossilisĂ© les Berbères ses ancĂŞtres.

9- Taleb-Ibrahimi Khaloua, les Algériens et leur(s) langue(s), Editions Hikma, Alger, 1995 et 1997.

10- Idem, L’AlgĂ©rie, langue, cultures et identitĂ©, dans H. Remaoun, AlgĂ©rie, histoire, sociĂ©tĂ© et culture, p 69.

11- Idem, Note, 1, p, 68.

12- R. Khalouche, Diglossie, norme et mélange de langues. Etudes de comportements linguistiques de bilingues, berbère (kabyle:français) SUDLA, no 22, 1993.

– F. Laroussi, processus de minorisation linguistique au Maghreb, SUDLA, no 22, 1993.

– A. Dourari, Pratiques langagières effectives, SUDLA no 22, 1993.

13- A. Elimam, Le maghribi, alias « el derija » (la langue consensuelle du Maghreb), Editons Frantz Fanon,Tizi Ouzou, 2015.

-W. Marçais, Saint Augustin et la survie du punique, RAF, Alger, 1950.

– Ch. Saumagne, La survivance du punique en Afrique du Nord aux Vè et VIè siècle, Karthago,T IV, Tunis 1953.

– M. Simon, Punique ou berbère, MĂ©langes Isidore Levy, Bruxelles, 1955.

14- Sur ce point prĂ©cis, notre article sur ApulĂ©e recèle quelques Ă©lĂ©ments du langage chez Emilianus, le grand rival d’ApulĂ©e dans l « Apologie » qui indiquent la transformation du phĂ©nicien au contact du berbère tout au moins d’un point de vue socio-Ă©conomique des PhĂ©nico-Libyens. Par ailleurs, la consultation des travaux de M. Ghaki (Recherches sur les rapports entre les PhĂ©nico-Puniques et les Libyco-Numides, thèse de doctorat, EPHE, Paris, 1980) ne nous a pas permis d’Ă©lucider la question.

15- S. Chaker, RĂ©sistance et ouverture Ă  l’Autre: le berbère, une langue vivante Ă  la croisĂ©e des Ă©changes mĂ©diterranĂ©ens, L’interpĂ©nĂ©tration des cultures dans le bassin mĂ©diterranĂ©en, Paris, 2001.

16- M. Kahlouche, Diglossie, p 81.

17- Il existe quelques Ă©tudes sur les contacts du libyque avec l’Ă©gyptien ancien (F. Colin, 1996-1998), le grec (Coltelloni-Trannoy, 2003) et avec les langues africaines (F. Nicolas,1953, Ch. Monteil- l’Azer, langue issue du soninkĂ© et du berbère- 1913, C. Taine-Cheikh -le zenaga-, 2005- et M. Meouak, 2015)

18- S. Chaker et S. Hachi, A propos de l’origine de l’âge de l’Ă©criture libyco-berbère, Etudes berbères et chamito-sĂ©mitiques, MĂ©langes offerts Ă  K.G. Prasse, Editions Peeters, Bruxelles, 2000.

– G. Camps, Recherches sur les plus anciennes inscriptions libyques de l’Afrique du Nord et du Sahara, Bulletin archĂ©ologiquedu CTHS, nouvelle sĂ©rie, fasc 10-11, Paris, 1977.

M. Hachid, Le contexte archĂ©ologique et historique de l’apparition de l’alphabet libyque. Retour sur la date de l’inscription rupestre d’Azzib n’Ikkis (Haut Atlas) et sa toublante convergence avec celles du Shata central, Actes du colloque international d’Alger, haut commissariat Ă  l’amaghitĂ©, Alger, 2007.

19- D. Lengrand, Langues en Afrique antique, identitĂ©s et cultures dans l’AlgĂ©rie antique, UniversitĂ© de Rouen, 2003. A l’encontre de ce que dit A. Elimam, D. lengrand reconnaĂ®t que l’usage de l’Ă©criture nĂ©opunique se perdit au IIè siècle, et avec lui l’accès Ă  la littĂ©rature phĂ©nico-punique. Il Ă©taye sa thèse de la façon suivante: « Lorsque, ensuite, des habitants de tripolitaine voulurent Ă©crire Ă  nouveau le punique, ils durent adoptent les alphabets grec et latin. » p, 122. Nous remarquons que la pĂ©riode et le lieu dont parle D. Lengrand correspondent aux situations dĂ©crites par ApulĂ©e dans l’Apologie. Toutefois, comme il ne s’agit que de l’Ă©criture, cela confirme en quelque sorte le processus de la disparition du punique et son remplacement par la latin qui s’Ă©teindra un peu plus lorsque Abdelmoumn dĂ©cida d’interdire son usage au XIè siècle. Cela revient Ă  Ă©voquer l’Ă©chec de la translitĂ©ration des textes islamiques en berbère au temps d’Ibn Tumart alors que la liturgie musulmane se faisait en berbère tout au moins dans les campagnes. A ce sujet les historiens sont muets pour faire nous savoir si ce n’est pas Abdelmoumem, premier chef d’Etat almohade, qui a Ă©tĂ© Ă  l’origine de cet Ă©chec et non pas les Hilaliens Ă  qui on fait jouĂ© un rĂ´le dĂ©terminant dans l’arabisation du Maghreb alors qu’ils n’Ă©taient que de simples suppĂ´ts des Fatimides d’Egypte ennemis des Zirides, dynastie rĂ©gnante au Maghreb.

– R. Vries, Langues et Ă©critures en MĂ©ditĂ©rranĂ©e, Karthala, Paris, 2006.

– DĂ©buts de l’Ă©criture au Maghreb, Actes du colloque de Casablanca, 2002.

20- A. Ouerdane, La question berbère dans le mouvement national algérien, Editions Dar El Ejtihad, Alger, 1993, Annexe 2, Alphabet berbère.

21- E. Frezouls, les Baquates et la province romaine de Tingitane, BAM T2, 1957

22- M. Tilmatine, Du Berbère Ă  l’Amazighe, du texte militant au creux de l’histoire, net

– M. Benabou, La rĂ©sistance africaine Ă  la romanisation, Editions MaspĂ©ro, Paris, 1996.

Y. Moderan, Les Maures et l’Afrique romaine, Ecole française de Rome, Editions Boccard, Paris, 2003.

23- J. M. Lassère, La tribu et le monarque, A Gabriel Camps, l’Historien des Berbères, AntiquitĂ©s Africaines, vol 37, no 1, Paris, 2001.

24- M. Lacheraf, p 9.

25- Idem, réflexions sociologiques sur le nationalisme et la culture en Algérie, pp 322-346.

26- M. Ghalem, Histoire de l’AlgĂ©rie des origines Ă  1830, dans H. Remaoun, AlgĂ©rie histoire, sociĂ©tĂ© et culture.

27- Notre Autre histoire et la transformation linguistique, le quotidien d’Oran, 2015.

28- Nouvelle revue d’anthropologie, Paris, 1993.

29- B. Lugan, Quant l’Egypte Ă©tait amazigh, net.

30- Voir, notre calendrier berbère, texte inédit.

31- La préhistoire nord-africaine et saharienne est immanquablement tributaire des moyens mis à la disposition des chercheurs. Elle est caractérisée par une discontinuité des civilisations préhistoriques qui est en soi, un problème épistémologique majeur pour la recherche scientifique.