“L’Algérie française a encore de beaux jours devant elle en France. Quand il s’agit de l’Algérie, il n’y a ni la droite ni la gauche, il y a la France”, a affirmé M. Zeghidi.
“Les massacres du 8 Mai 1945 ont toujours constitué un contentieux trop lourd entre l’Algérie et la France. Aujourd’hui, on assiste à une montée d’une nouvelle génération en France qui a hérité du complexe du colonisateur. Cette génération ne serait pas prête à reconnaître un crime contre l’humanité, encore moins indemniser des millions de victimes tombées lors de cette expédition punitive orchestrée par l’armée coloniale.
Bien au contraire, la France commet, à chaque fois, un délit de négation de ce massacre, pourtant reconnu par les nations du monde entier.” C’est ce qu’a déclaré hier l’historien Lahcène Zeghidi lors du forum organisé par la Sûreté nationale à l’école supérieure de Châteauneuf, à Alger. Pour le conférencier, “la France a même recouru aux méthodes de l’Holocauste et enterré des personnes vivantes dans du plâtre pour effacer toutes les traces de ces événements”.
Exhibant des documents qu’il s’est procurés, M. Zeghidi a révélé que la boucherie du 8 Mai 1945 faisait, chaque jour, une moyenne de 3 000 morts. “Chacun avait avancé ses propres chiffres. Il y avait même ceux qui avaient avancé 100 000 morts. Le rapport définitif de la France évoquait 8 000 morts et 200 blessés, alors que le PPA (Parti du peuple algérien) parlait de 40 000 décès, Ferhat Abbas de 45 000 morts et les Américains de 50 000 morts.
Pour l’Algérie indépendante, les massacres du 8 Mai 1945 ont posé la première pierre pour la liberté du peuple”, a encore développé M. Zeghidi. Celui-ci a lancé une pique en direction de Marine Le Pen qui, lors de sa campagne électorale pour la présidentielle, avait loué les bienfaits du colonialisme.
“Quand on voit une candidate qui n’a pas vécu ces massacres se présenter au deuxième tour de cette élection et qui tient un discours haineux, alors qu’elle n’ignorait pas que son père était un tortionnaire, cela renseigne que cette génération comporte dans ses gènes l’héritage de la 5e République”, a clamé M. Zeghidi qui n’a pas, par ailleurs, ménagé Emmanuel Macron qui, selon lui, voulait gagner la sympathie de nos compatriotes pour être élu président.
Et d’ajouter : “L’Algérie française a encore de beaux jours devant elle en France. Quand il s’agit de l’Algérie et du lourd contentieux historique que vivent ces deux pays, il n’y a ni la droite ni la gauche, il y a la France. Ce concept sévira encore longtemps. La France n’a jamais accepté l’indépendance de l’Algérie. La politique de la terre brûlée menée par l’armée française, notamment après la Seconde guerre mondiale, était marquée par les déportations massives, les exécutions sommaires, les massacres collectifs et la généralisation de la torture.”
Pour cet historien, cette date a constitué “un virage décisif, car, jusqu’ici, la France n’avait en face d’elle que la Résistance. Il n’y avait pas de maturité politique, encore moins de revendications explicites pour libérer le pays du colonialisme”. Il rappellera que quand Paris avait capitulé et quand ses généraux avaient fui la France, c’étaient les Maghrébins, dont 80% étaient des Algériens, qui avaient fait face, pendant sept semaines, aux Allemands. Pour lui, “ce contexte international a changé la donne pour donner naissance à un climat électrique et à une prise de conscience effective des Algériens à vouloir changer le cours de l’histoire”.