Si la Guerre de Libération nationale a connu plusieurs étapes importantes, il demeure certain que l’ouverture du Second front sur le territoire de l’ennemi fait partie de celles-ci.
Si la Guerre de Libération nationale a connu plusieurs étapes importantes, il demeure certain que l’ouverture du Second front sur le territoire de l’ennemi fait partie de celles-ci.
Pour marquer la célébration du 57e anniversaire du 25 août 1958, date d’ouverture du 2e front de transfert de la lutte armée sur le territoire français, l’Organisation nationale des moudjahidine ONM, Wilaya 7 historique, a organisé, hier, au complexe culturel Larbi-Ben-M’hidi, en collaboration avec la dynamique association Machaâl Echahid, une conférence-débat animée par l’historien Daho Djerbal.
L’auteur du livre L’organisation spéciale de la Fédération de France du FLN a, l’espace d’une rencontre, remonté le cours de l’histoire pour rappeler tout l’engagement de l’émigration algérienne pour l’indépendance du Maghreb, en général, et la libération de l’Algérie du joug colonial, en particulier.
La rencontre a été également mise à profit pour rendre un hommage appuyé à ces militantes révolutionnaires de la Wilaya 7 historique. «Zina Harraïg, Aïcha Bouzar, née Aliouette, Nadia Seghir Mokhtar et beaucoup d’autres femmes héroïques qui devraient avoir leur place dans les manuels scolaires», soutient le conférencier.
Avant de parler des faits historiques, Daho Djerbal a insisté sur le fait que «l’ouverture du Second front sur le territoire français est un geste politique au plus haut niveau qui a permis d’ouvrir une perspective vers la libération de l’Algérie et son indépendance.
C’est sur cela qu’il faut absolument insister parce que certains minimisent ce qu’a été la lutte de libération du peuple algérien, en considérant que ça n’a été que le produit d’une décision des autorités françaises, et du général De Gaulle, en particulier». Il mettra en exergue, ensuite, le fait que «la première décision d’ouvrir un Second front en France remonte, en fait, à 1956».
En effet, poursuit-il, «ce sont des militants de la Fédération de France faisant partie des groupes de choc qui ont constitué, en 1956, les premières unités d’une Organisation chargée de mener des actions armées contre des objectifs français en territoires français. Cela dit, la préparation d’alors n’était pas tout à fait au point.
Donc, il y a eu une décision en 1958, mais qui, cette fois, a été précédée par la préparation, l’organisation et la formation des unités de l’organisation spéciale». Il affirme que la décision historique du CCE de porter la Guerre de Libération sur le territoire français «avait pour objectif principal d’instaurer un climat d’insécurité en France même, pour contraindre les autorités coloniales à y maintenir le maximum de troupes et de policiers afin d’alléger le dispositif de guerre qui pesait lourdement sur l’Armée de libération nationale en Algérie».
La guerre sur le territoire ennemi, un coup dur pour la France coloniale
Les actions de l’Organisation spéciale de la Fédération de France, le 25 août 1958, visaient, selon le conférencier, «à desserrer l’étau sur les moudjahidine qui souffraient des conséquences du plan Challe, entre autres, lequel avait porté des coups à près de 60% des effectifs de l’ALN».
Aussi, l’orateur a relevé que «les actions exécutées en France avaient pris l’armée coloniale au dépourvu, car ils étaient imprévisibles. Ils étaient également à caractère strictement militaire et stratégique ne ciblant que des objectifs de guerre».
À retenir, seuls les objectifs économiques et militaires étaient, en effet, visés. Pour mémoire, il y a lieu de citer, dans ce contexte, quelques chiffres : 56 sabotages, 42 attaques contre 181 objectifs, 82 morts et 188 blessés.
Les objectifs attendus étaient atteints et la France avait alors immobilisé des dizaines de milliers d’hommes du contingent pour garder les nombreux points stratégiques qui parsemaient son propre territoire.
Les incendies des quatre dépôts de Mourepiane, Toulouse, Narbonne et Petit Quevilly ont vu brûler 21 millions de litres de carburants, soit une journée de consommation pour toute la France (8.500 m3 à Narbonne et Toulouse, 5.000 m3 à Rouen, 8.000 m3 à Mourepiane) ; sans compter les dommages causés pour plusieurs mois aux installations.
Le départ du contingent appelé en renfort en Algérie n’aura pas lieu, vu son maintien autour des points stratégiques en France. Aussi, l’avantage psychologique au crédit de la lutte de Libération, auprès du peuple algérien et de son bras armé, l’ALN, est indéniable.
Daho Djerbal a également mis en relief le fait qu’il s’agit bien «du seul et unique exemple d’un mouvement de libération qui porte la guerre sur le territoire même de l’ennemi colonial».
Suite à ce nombre important d’attentats enregistrés et à ces énormes dégâts matériels pour l’ennemi, une terrible répression s’est abattue sur la communauté algérienne en France.
Cela n’a pas découragé les émigrés algériens qui ont continué à apporter leur soutien plein et entier à la Révolution algérienne.
Faut-il le rappeler, ici, le budget du GPRA était alimenté, de 1958 à 1962, à hauteur de 80% par la Fédération de France du FLN, et ce grâce aux cotisations émanant des travailleurs et commerçants, émigrés. La Fédération finançait aussi directement les Wilayas historiques, comme en témoignent des moudjahidine.
Soraya Guemmouri