L’histoire d’Al-Anoud illustre la maltraitance des femmes au Yémen

L’histoire d’Al-Anoud illustre la maltraitance des femmes au Yémen

Mariée à 12 ans, répudiée à 16, puis défigurée à l’acide à 19 ans, Al-Anoud Hussein Chariane, témoigne de sa tragique expérience et lève le voile sur la maltraitance des femmes au Yémen, un pays exacerbé par la guerre et la pauvreté. 

Âgée d’à peine 19 ans, Al-Anoud Hussein Chariane, une jeune femme de Sanna, la capitale du Yémen, a raconté son histoire et sa souffrance depuis qu’elle a été mariée à l’âge de 12 ans, dans un témoignage accordé à l’AFP.

La pauvre jeune femme, au visage complétement défiguré, a expliqué que sa mère l’avait mariée à 12 ans, une pratique courante au Yémen. Pendant ces quatre ans de mariage, qu’elle a décrit comme « un enfer », Al-Anoud a vécu comme « une esclave », son mari, ou plutôt son tortionnaire, l’enchaînait et l’abattait souvent.

À 16 ans, elle finit par être répudiée, avant que son mari ne lui demande de revenir au foyer. Ayant refusé sa demande de revenir à cet enfer, le mari d’Al-Anoud décide de se venger en lui versant de l’acide sur le visage. 

En effet, la jeune femme a raconté que son mari s’était rendu dans son lieu de résidence, l’a saisi par les cheveux et a commencé à lui verser l’acide sur le visage en riant. La pauvre victime a tenté de se protéger les yeux, mais son visage et plusieurs parties de son corps ont grièvement été brulés.

« Je veux que ce criminel soit jugé »

Après avoir vécu cette effroyable agression, Al-Anoud a déposé plainte à Sanaa contre son tortionnaire, en fuite, et attend une action de la justice qui ne vient pas. Déterminée à lui faire payer l’atrocité de son acte, la jeune femme a fait appel à des ONG locales et internationales pour pouvoir « réparer » sa vie. « Je veux que ce criminel soit jugé, je veux reprendre mes études et reconstruire ma vie !», a-t-elle affirmé.

Pour « réparer » ce qui reste de son visage, Al-Anoud doit subir trois opérations de chirurgie plastique. Son médecin traitant, le Docteur Moutawakal Chahari, a fait part de la complexité de cette procédure, mais aussi de son coût élevé, notant que les factures des premiers soins n’ont pas encore été réglées. Cependant, le médecin n’a pas manqué de souligner que « les effets psychologiques sont irréparables ».

Selon l’Unicef, « le Yémen compte 4 millions d’enfants mariés »

La guerre qui oppose, depuis 2014, les rebelles Houthis au pouvoir plongé le Yémen dans une crise humanitaire sans précédent, et a accentué le phénomène de la maltraitance des femmes.

En effet, une enquête menée par l’ONU en 2013 avait dévoilé que 2 % des Yéménites âgées de 24 à 32 ans ont déclaré avoir été mariées avant 18 ans, dont 9 % avant 15 ans. En 2020, l’Unicef a estimé que, le pays qui compte près de 30 millions d’habitants, compte pas moins de 4 millions d’enfants mariés, dont 1.4 million sont âgés de moins de 15 ans.

Les rapports de l’ONU ont également révélé que les violences infligées aux femmes ont explosé à cause de la guerre au Yémen et de la famine mais aussi à cause de la pandémie du Coronavirus (Covid-19), qui a engendré l’augmentation des violences domestiques.