Des pénuries risquent de s’installer en Algérie suite à l’adoption de nouvelles règles régissant le commerce extérieur dont l’obligation faite aux importateurs de payer leurs achats par le biais du crédit documentaire.
Les équipements et les médicaments sont parmi les produits qui risquent «de payer la facture» de ces mesures.
Pourtant le but avoué du gouvernement n’est pas celui de comprimer les importations mais bien celui de réduire le transfert des devises à l’étranger.
Les décisions sur le commerce extérieur entrées en vigueur à la fin de juillet dernier ont déjà eu des retombées différemment appréciées selon qu’on regarde la chose suivant la logique du gouvernement ou celle des opérateurs.
L’importation des équipements a chuté de 30% en quelques jours. Les autorités du port de Marseille, principal centre de transit des marchandises destinées à l’Algérie, ont été les premières à s’inquiéter de la chose.
Le gouvernement a néanmoins réussi à stopper le flux des équipements vers l’Algérie non seulement grâce aux dispositions de la loi de finances complémentaire de 2009 sur le crédit mais aussi grâce à celle interdisant l’entrée sur le territoire d’équipements usagés.
Il est pourtant craint que les nouvelles mesures de la loi de finances complémentaire de 2009 relatives au commerce extérieur puissent avoir un impact sur la disponibilité de plusieurs produits en Algérie.
Toutes sortes de marchandises sont importées par le pays pour une valeur de plus de 37 milliards de dollars par an.
Si l’importation des produits et équipements a chuté de plus de 30% depuis l’entrée en vigueur des nouvelles mesures, le risque est grand que les entrepreneurs soient pénalisés notamment par la mesure liée au Crédoc, soulignent-ils.
De nombreuses associations des chefs d’entreprise ont critiqué l’Etat pour avoir imposé ce système de paiement au lieu du transfert libre.
Ils sont unanimes à dire que leurs partenaires sont disposés à leur accorder des crédits allant jusqu’à 120 jours et ils ne comprennent pas pourquoi l’Etat les oblige à payer à la commande.
Ils estiment que cette mesure jette le discrédit sur les entreprises et même sur le pays car c’est un signe de manque de performance.
Ils ajoutent que c’est une prime pour les partenaires étrangers. Les risques de pénurie ont aussi été évoqués par l’Union nationale des opérateurs en pharmacie, par la voix de son président, Amar Ziad.
L’ensemble des importateurs craignent une rupture prochaine des stocks qui va impliquer l’arrêt des machines, avec des conséquences comme une pénurie sur le marché et la mise au chômage technique des travailleurs.
Dans les jours à venir, les opérateurs disent qu’ils auront du mal à reconstituer les stocks de sécurité surtout si les fournisseurs se trouvent en Amérique du Sud ou dans d’autres contrées lointaines.
La mesure du Crédoc provoque des retards puisque les acheteurs ne peuvent pas accéder rapidement aux fonds nécessaires et dans des délais raisonnables, selon les opérateurs. Les cris lancés par ces derniers sont restés sans écho.
Plusieurs d’entre eux ont tiré la sonnette d’alarme sans être entendus par les pouvoirs publics. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia, qui s’exprimait au Parlement, n’a pas voulu céder d’un iota.
Selon lui, l’Etat ne reculera pas malgré le tollé soulevé par ces mesures. Voilà ce qui réduit à néant les espoirs de plus d’un de voir la loi de finances de 2010 annuler les mesures prises en juillet dernier.
Le gouvernement ne fera pas marche arrière et Ouyahia veut maintenir le cap même s’il a voulu rassurer les opérateurs à quelques semaines de la tripartite en disant qu’il y a des mesures économiques prises par les banques et l’administration.
Avec la promesse de pouvoir expliquer tout cela. Ouyahia fait-il allusion aux facilitations accordées par les banques à l’instar de ce qui a été opéré par la BEA ?
Car même le gouvernement n’a pas intérêt à créer artificiellement des pénuries de produits de première nécessité.
Pour les chantiers des grands travaux lancés par le Président Bouteflika, il n’y a pas de risque qu’ils soient touchés.
Les équipements et les matières premières sont englobés dans un marché tenu en main par l’Etat qui ne va pas se pénaliser lui-même.
Ahmed MESBAH