Attendue le 29 janvier dernier, la décision d’extradition de Rafik Khalifa en Algérie est de nouveau reportée, après que le ministre britannique de l’Intérieur, Alan Johnson, eut une nouvelle fois demandé de prolonger ce délai jusqu’au 31 mars, selon l’avocat de la défense cité par l’AFP.
C’est ainsi le troisièmereport, puisque M. Johnson devait initialement rendre sa validation ou non de l’extradition avant le 24 octobre 2009. Aucun motif quant aux raisons de ce nouveau report n’a été avancé.
Dans une récente déclaration à la presse, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, avait souhaité que la Grande-Bretagne se prononce le 29 janvier sur l’extradition de l’ex-golden boy. M. Belaïz avait exprimé le voeu que le «deuxième report (le 29 janvier, ndlr) soit le dernier». Le tribunal britannique de Westminster avait autorisé en juin dernier l’extradition vers l’Algérie de l’ancien golden boy.
Le juge Timothy Workman, en charge du dossier, avait estimé que l’extradition de Khalifa «ne contrevenait pas à la Convention internationale des droits de l’homme».
Le ministère britannique de la Justice avait indiqué que la décision d’extradition «a été prise suite à une série de procédures qui ont abouti à l’annonce de l’acceptation de la demande algérienne en la forme et à l’examen ensuite de l’objet de la demande, la vérification des pièces à conviction, en s’assurant que les conditions qui garantissent un jugement équitable du concerné devant les tribunaux algériens sont réunies, et ce au cours de nombreuses séances d’audition de témoins, d’experts et des plaidoiries des avocats».
Khalifa a été jugé par le tribunal criminel de Blida et condamné en mars 2007 par contumace à la réclusion à perpétuité pour faillite frauduleuse, association de malfaiteurs, vol qualifié, détournement de fonds, faux et usage de faux.
Acculé, endetté, Rafik Khalifa s’est réfugié à Londres pour fuir la justice algérienne.
C’était au moment où a éclaté le plus grand scandale financier qu’a connu l’Algérie, lié à Khalifa Bank et à d’autres entreprises de son groupe industriel (compagnie de transport aérien, médias, etc.).
A signaler que l’affaire Khalifa Airways est actuellement au niveau du tribunal de Chéraga, où elle suit son cours. D’autres dossiers du groupe sont aussi, à ce jour, en instance au niveau de la Cour suprême d’Alger. Rafik Khalifa a été arrêté le 27 mars 2007 en GrandeBretagne après avoir fait l’objet d’un mandat d’arrêt européen délivré par un tribunal de grande instance parisien.
La justice française avait aussi ouvert, à la fin de 2003, une information judiciaire contre lui pour «abus de confiance, banqueroute par détournement d’actifs, banqueroute par dissimulation de comptabilité, blanchiment en bande organisée».
La France a également réclamé en vain son extradition auprès des autorités judiciaires du Royaume-Uni, l’examen d’une telle requête ayant été gelé suite à une demande similaire algérienne réputée d’une plus grande primauté.
Le 20 novembre dernier, le parquet de Nanterre avait requis un non-lieu partiel dans l’instruction sur la déconfiture des sociétés du groupe Khalifa en France et soulevé l’incompétence territoriale du tribunal local pour juger cette affaire.
Amine L.